« Le plan de SASSOU est clair : Tribalisé le contentieux électoral pour en faire un conflit NORD-SUD. Pour cela, l’homme du NORD doit prendre ses responsabilités. C’est maintenant qu’il doit agir et démontrer que le CONGO, ce n’est pas Sassou ni tout le NORD. » JCB
Le titre peut paraitre instigateur ou porteur d’un message extrémiste ou à tendance séparatiste. Pourtant, c’est le but recherché par les auteurs des troubles du 4 avril 2016. Ces derniers pourtant bien identifiés et clairement pris devant les faits pavanent librement dans les rues de Brazzaville en se targuant d’avoir « bouffé du BAKONGO ». Comment peut-on rester insensible devant une telle programmation de la barbarie, des assassinats sélectifs d’un peuple par un clan ? Serions-nous clairement des parias, des indésirables, des têtes de Turcs qui doivent payer le prix le plus fort pour une cause juste, qui plus est nationale ? L’élection du 20 mars 2016 dernier n’était-elle pas nationale ? Tout le peuple congolais ne s’est-elle pas exprimé librement en rejetant la politique honteuse et inhumaine de SASSOU, mais c’est encore sur le peuple du SUD que l’on s’acharne pour injecter dans l’opinion nationale le venin de la division et de la haine.
À défaut de dénoncer ces méthodes, ces stratégies malsaines de conservation du pouvoir par un clan, il sied de rappeler le sens de la responsabilité du peuple du SUD. Le peuple congolais tout entier subit la misère, les brimades, les rejets… mais ceux du SUD ont en plus les assassinats, les tortures en plus du lot quotidien. Cela ne mérite-t-il qu’on s’arrête un instant pour s’interroger sur les rapports que nous devrions avoir avec ceux qui massacrent lâchement le peuple du SUD ?
C’est la grande question qui taraude dans l’esprit de beaucoup de Congolais ressortissants du SUD. Nous avions des accords de partenariat et d’assistance mutuelle, mais curieusement qui tombent subitement en disgrâce dès lors qu’on commence à massacrer les populations du SUD. Sassou arme les Ex ninja qu’il a recruté dans sa milice privée depuis des mois, il a réexpédié ces derniers complétement désorientés et déboussolés pour assassiner les leurs. Et tout le monde tombe dans le panneau en accusant le pasteur Ntoumi d’avoir réarmé ses Ninja. Tout ce scénario pour accuser de nouveau l’homme du SUD de « fauteur de troubles ».
MOKOKO a été plébiscité par 65 % des voix du SUD, ceux qui l’ont voté l’ont-ils fait en regardant la couleur de sa région ou par conviction ? Pourquoi toujours projeter cette tendance ethniciste à la population du SUD, en particulier le POOL ? Ne serait-il pas temps que l’homme du NORD puisse comprendre que ce qui se joue actuellement est l’avenir du Congo et de surcroit les engage aussi autant que l’homme du SUD. Cette attitude attentiste et passive qui devient récurrente ouvre une brève qui risquera de faire basculer la république dans une tendance fâcheuse et surtout très inquiétante pour la cohésion nationale. Tous les leaders de l’opposition étaient au courant de ce qui est en train de se passer dans les quartiers SUD. Pour simplement avoir eu l’information sur le vol prémédité des armes dans les casernes militaires. Et ces dernières étaient bel et bien distribuées aux milices proches du pouvoir depuis le 29 Mars. Personne n’a daigné alerter les populations, ni encore moins les sécuriser pour une meilleure gestion de l’attaque « programmée ». L’on s’interroge aujourd’hui pourquoi faire confiance à des gens qui ne sont proches des populations que lorsqu’ils ont besoin de leurs voix ?
Que diriez-vous si demain, la situation se retournait et que Sassou pourchassait OKOMBI, MOKOKO, MIERASSA dans les fins fonds de vos régions respectives et que l’homme du SUD vaquait à ses occupations en sabrant le champagne dans son coin comme si tout tournait rond dans le pays ?
Au moment où nous mettons en ligne cet article, le Pool est en train d’être pilonné et bombardé par les blindés appuyés par les hélicoptères de Sassou Nguesso devant l’attentisme des autres régions du pays. L’union sacrée dont on nous a tant vanté n’était-elle pas possible que si c’est un autre que Guy Brice Parfait KOLELAS qui serait arrivé en tête ou c’est la confirmation que le Nord fait bloc lorsqu’il s’agit de massacrer le POOL ? Où est donc passé le principe de soutenir le meilleur d’entre-nous?
Ainsi, l’homme du SUD doit tirer les leçons d’une politique qui l’expose et qui l’utilise comme un kleenex. Où nous menons un combat pour la survie et la libération du Congo entier ou acceptons de mourir pour la sauvegarde de nos terres. Il est inadmissible que de toutes ces guerres que le POOL soit la région la plus martyrisé. Il est insoutenable actuellement que les autres régions ne se soulèvent pas face à cette barbarie qui se joue à ciel ouvert dans le POOL. Comment allons rebâtir l’unité en cautionnant ces actes et surtout en laissant une partie de la population se faire massacrer comme des bêtes sauvages alors qu’elle ne faisait que défendre un bien commun ?
Je m’interroge sur la responsabilité des cadres du POOL. Nous subirons les affres et toutes les humiliations possibles dans ce pays tant que nous ne comprendrons jamais que nous devrions cesser d’être de la chair à canon pour tout le monde. On nous sert à longueur de journée des louanges de paix et d’unité, mais lorsqu’il s’agit de passer à l’acte, le repli régionaliste reprend le dessus. Je peux me tromper de lecture politique, mais force est de constater que ces vingt dernières années les sacrifices humains du POOL sont intolérables. Où nous nous battons tous pour faire partir SASSOU, ou Optant pour une autre voie salutaire même si c’est au prix de la vie de sœurs, frères, autres parents actuellement contraints de fuir les violences militaires du clan Sassou. Si l’unité nationale n’est pas possible au Congo, alors, nous devons solliciter la communauté internationale de mettre en pratique une solution comme il en a été fait au Kosovo.
Le plan de SASSOU est clair : Tribalisé le contentieux électoral pour en faire un conflit NORD-SUD. Pour cela, l’homme du NORD doit prendre ses responsabilités. C’est maintenant qu’il faut agir et démontrer que le CONGO ce n’est pas Sassou ni tout le NORD.
Jean-Claude BERI