Défendons notre liberté

Il y a des choses acquises auxquelles un peuple est très attaché et ne peut se permettre que cela lui soit de nouveau interdit ou enlevé.

Comme il y a des combats qui scellent une unité nationale incassable. Ces notions sont les plus ancrées fondamentalement dans les cœurs de tous les peuples du monde qui ont eu à défendre la justice, la paix et le développement. Le Congo-Brazzaville n’a pas dérogé à cette règle. Car, le pays, a acquis sa liberté avec la fin de la conférence nationale souveraine en mettant au placard plus de 21 ans de dictature socialo-communiste. Cette liberté fut gagnée au prix d’un effort syndical et populaire qui appela tous les congolais à marcher et à s’asseoir ensemble pour débattre de l’avenir du pays. Une constitution votée par plus de 86% des congolais scella leur volonté d’aller vers plus de changement social, plus de démocratie, plus de liberté, plus de paix et de sécurité.

Le retour en arrière imposé aujourd’hui par le Clan SASSOU, à travers son coup d’état militaire de 1997, sème le désarroi, l’insécurité, l’injustice et le chômage dans tout le pays. La montée effroyable du clanisme comme modèle de gouvernance et d’accessibilité aux postes de fonctionnaires dans les entreprises publiques aliène le Congo à des  « pseudos dirigeants mal élus, désavoués et totalement corrompus et incompétents. »

Notre liberté d’agir, de penser, de construire notre avenir, de critiquer est aujourd’hui vendu sous l’autel de l’hypocrisie politique de ceux-là même qui détruisent le Congo-Brazzaville. Pour gouverner, ils font régner la peur. Pour continuer à diriger sans contestation, ils achètent les consciences. Pour pacifier, ils brutalisent en promettant une guerre terrible. Pour développer, ils divisent les régions. Pour l’emploi, ils n’embauchent que des partisans qui les suivent aveuglement dans leur gabegie folle. Pour diviser les familles, ils encouragent la montée de la prostitution infantile. Notre liberté est devenue juste une question de prix, d’aliénation, de soumission et d’excès dans la dépravation. Que restera t-il du Congo dans vingt ans si nous laissons perdurer cette descente progressive vers des abimes obscurs de la perdition ?

Ne nous voilons pas la face les premiers coupables de cette tragédie sociétale ne sont autres que nous-mêmes les populations qui refusons de récuser l’inadmissible. On ne peut acheter que ce que l’on vend. Notre liberté et notre avenir sont-ils à vendre ? Sommes-nous prêts à sacrifier nos enfants parce que la peur des armes et de la violence barbare nous tétanisent au point de ne plus avoir la force de juste dire NON ? La recherche permanente de liberté c’est ce qui nous fait vivre et nous donne la force de progresser en innovant dans un esprit critique, en éduquant nos enfants selon nos moyens et règles culturelles, en gagnant sa vie à la sueur de son front. Le refus de cela nous renvoi à accepter toutes les formes d’humiliation possible dès lors que le contrôle ne nous appartient plus. On décide de faire de nous ce qu’ils veulent que nous soyons : des béni oui oui. Avons-nous oublié que ce sont les citoyens qui ont le pouvoir ?

C’est de notre droit de réclamer la légitimité de recouvrer notre entière liberté. Sommes-nous fiers de constater aujourd’hui que ceux-là même qui ont introduits dans notre pays des armes de destructions massives qui ont causé autant de morts se pavanent tranquillement dans la ville parce qu’ils offrent 3 000 000 F Cfa d’allocations? Même là, l’incurie, la mauvaise foi, l’irresponsabilité a atteint des sommets inimaginables. Comment peut-on accepter qu’on puisse différencier les victimes? On est plus victime lorsqu’on a ses entrées et ses ramifications douteuses dans la sphère clanique. Là, le montant serait estimé à partir de 5 000 000 F Cfa.

Tout bonnement, on nous laisse penser que toutes les victimes ne se valent pas. Il y aurait des victimes de premières catégories et des victimes de secondes catégories. Les premières, tout naturellement, toucheront plus de 3 000 000 F Cfa et d’autres doivent manifester pour recouvrir, à peine, leurs droits aux dédommagements. Casser, briser, détruire les biens publics apparait dans ces conditions la seule arme possible pour infléchir une volonté qui tend à vous humilier, vous salir, vous traîner dans la boue. Ce qui s’est passé dans les arrondissements 5 Ouenzé et 6 Talangaï est la résultante d’une profonde frustration contenue et d’une injustice ignoble vécue comme une privation excessive et intolérable.

Au moment où le Sénégal montre la voie qu’une alternance vaut bien qu’une politique suicidaire de conservation de pouvoir, le Congo daigne détourner la tête pour ne pas voir la réalité en face. Ces dirigeants s’enfoncent chaque jour dans la fausseté, la médiocrité. On parle aujourd’hui du Sénégal comme un pays qui « fait honneur à son peuple et au continent africain tout entier ». Pendant ce temps, les dirigeants actuels du Congo brillent par la poursuite du déshonneur démocratique du pays.

Nous disons donc que notre liberté si chèrement acquise ne s’achète pas et ne se vend pas. Nous devons la protéger contre toutes les privations, les manipulations, les déviations, les violations et les perturbations sociales, économiques et politiques. Il est plus qu’urgent pour faire face à ce système contaminé par le virus de la violence de réclamer une justice qui nous préserve notre liberté. L’injustice qu’on nous vend aujourd’hui est un cancer qui tue notre dignité. La résistance à cette injustice nous donne la force pour guérir et restituer notre liberté.

La liberté que nous réclamons ici est un statut civil, social, politique, un statut dans la société. Parce qu’on naît libre, ce n’est pas une chose que l’on devient. On est loin d’être des esclaves d’un clan qui nous considère comme des objets sans valeur qu’on peut faire exploser à tout va. Il est inconcevable que nous ayons à la tête du pays un gouvernement qui a mal usé de la liberté, qui l’a tournée vers le mal ayant asservi ses concitoyens. Nous rejetons ces moments de recul car les dirigeants actuels plongent le Congo en caricaturant notre démocratie en un espace où tout se vend et s’achète.

L’avenir de notre liberté dépendra autant de la lutte que mènera le peuple congolais. Car celle-ci n’est jamais immobile, ce n’est pas un monument en l’honneur de gloires passées et de déclarations retentissantes. Soit elle avance, soit elle recule, et ses partisans ne pourront jamais cesser de défendre leurs actions ou leurs idées. Le moment est venu pour relever le défi. Pas seulement sur les problèmes économiques sociaux et environnementaux qui ravagent notre pays, mais aussi sur l’intolérance clanique qui utilise la haine et la désignation de boucs émissaires pour dissimuler des fautes de plus en plus lourdes. Ces barrières de haine qu’ils installent entre les congolais doivent voler en éclat pour revigorer notre soif de liberté et de démocratie.

Jules BIKANDOU

Membre du DAC

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COMMUNIQUE


A l’occasion de leur dernière rencontre ce Lundi 26 Mars 2012, à 17 heures à Lyon dans le Rhône-Alpes, les associations DAC et DEMAIN LE NOUVEAU CONGO-BRAZZAVILLE (DNCB) viennent de formaliser leur collaboration déjà ancienne (réunions d’échanges sur les enjeux futurs du Congo-Brazzaville) par la mise en place d’une plateforme de travail dénommée DIASPORA CONGOLAISE DU RHONE-ALPES (DICORA). Cette plateforme permettra de mener des actions collectives, de mutualiser les moyens dans le but de former une force capable de propulser une alternance au pouvoir illégitime actuel de Brazzaville, à travers des élections libres et transparentes.

La DICORA se lance dans le combat pour la reconnaissance des élites et organisations congolaises basées à l’étranger afin d’incarner une nouvelle dynamique, de contribuer à l’appel de la citoyenneté, de s’imprégner de l’histoire congolaise, de faire connaître les potentialités et les richesses du Congo et enfin de revaloriser l’atavique culture du Kimuntu-Bomoto pour qu’enfin se construise un Congo qui soit à l’image de notre identité profonde de Bantous dont l’âme profonde est pacifique et altruiste.

La volonté manifeste des Congolais de vouloir que le changement ne soit plus un rêve lointain est une émanation de justice sociale et de plus de démocratie. Ce sont des indications claires pour donner un message fort au pouvoir en place. Vouloir le départ de M. Denis Sassou Nguesso et de son gouvernement  ne suffit  pas : il faut lui opposer une alternance digne de confiance avec des hommes et femmes au dessus de tout soupçon.

C’est dans ce contexte que la DICORA pose l’ultime question : Quelles conditions doit-on réunir pour proposer à notre peuple une autre voie que celle de la violence ?

Constatant la progression vertigineuse de la crise réelle que connaît le Congo, imputant au gouvernement actuel la responsabilité du blocage du processus démocratique en raison de l’absence d’un consensus national et équitable qui fixe les échéances politiques,

La DICORA exhorte les Congolais à œuvrer pour:

* La Mise en place d’un conseil national de transition pacifique,

* L’ouverture du dialogue avec l’opposition véritable et les associations politiques (Diaspora et Nationales),

* La réhabilitation de la Constitution issue de la conférence nationale souveraine,

* La suspension du gouvernement actuel,

* La dépolitisation effective de l’armée et le rééquilibrage des nominations des officiers,

* La démocratisation des postes économiques et de l’Etat dans le but de valoriser les talents,

* Le démantèlement des « armées et polices  parallèles »,

* La réhabilitation d’une armée et police nationale au service du peuple.

Appelant toutes les organisations et associations de Rhône-Alpes dont l’objectif est le développement autrement du Congo pour l’émergence demain d’un nouveau Congo-Brazzaville dans lequel la démocratie et la justice sociale ne seront plus des vœux pieux, la DICORA exhorte les Congolais, les associations de la diaspora et tout organisme œuvrant pour la liberté, les droits de l’homme et la démocratie à diffuser librement ce message pour le porter à la connaissance du peuple congolais.

Fait à Lyon le 26 Mars 2012

Pour la DICORA

Jean-Claude BERI

Jean-Pierre IBOUANGA