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« Des fortunes énormes, des richesses immenses amassées dans peu de mains, annoncent un gouvernement injuste, qui s’embarrasse fort peu de l’aisance et de la subsistance du plus grand nombre de ses sujets ». Paul Henri Dietrich, baron d’Holbach, La Morale universelle, ou Les Devoirs de l’homme fondés sur sa nature, Gallica.

Au Congo, l’immobilisme social et économique ne cessent de gagner du terrain. Pendant que les Congolais ont du mal à joindre les deux bouts du mois, à se soigner, un groupe de « généreux bienfaiteurs » (partis politiques et associations) mène un train de vie luxueux.

Ce groupe d’affairistes utilise la misère du peuple pour acheter les consciences des citadins qui dès l’aube se présentent devant les grilles de leurs somptueuses villas en leur distribuant des pagnes, tee-shirts et quelques billets de F. CFA pour manger et se soigner. Cet élan humaniste n’est qu’une mascarade de solidarité. Car les vraies responsables de cette misère sont les mêmes qui sont habillés en blanc le jour.

Comme nous ne cessons de le montrer aux yeux des Congolais, le mécontentement contre le pouvoir autocrate vieillissant de 26 ans de règne de Denis Sassou Nguesso n’est plus voilé. Il s’exprime ouvertement dans tous les quartiers. Derrière cette colère de la jeunesse congolaise, pourtant scolarisée et prête à servir la nation dans les différentes fonctions, reste parquée dans des structures dépourvues de toute initiative d’avenir. Un autre grief exprimé par cette rue désœuvrée est le rejet de l’affairisme pratiqué par Denis Sassou Nguesso, sa famille et tous les auxiliaires de ce pouvoir.

L’étalage de la richesse choque, alors que tant de Congolais sont au chômage et vivent dans la pauvreté

En dépit des 26 ans d’exercice de pouvoir caractérisé par un bilan médiocre, chaotique et sanguinaire, Denis Sassou Nguesso, imbu de sa personne, dans une persistance abrupte continue à s’estimer qu’il demeure le dernier rempart contre le chaos et la division du Congo. Ce dernier et son clan semblent jouir d’un pouvoir autocratique immuable. A chaque intervention publique ou privée, Sassou Nguesso se montre sceptique sur la capacité des Congolais, des « opposants » de gérer le Congo. Après moi, le déluge ! A chaque mécontentement ou revendication du peuple, il brandit le torchon rouge de la guerre civile et de la paix retrouvée. «… Mon seul souhait est que ce peuple qui a beaucoup souffert continue de vivre dans la paix et la sécurité, avec les perspectives palpables de développement qui sont plus que jamais à notre portée. En d’autres termes, ce n’est pas ma succession qui m’intéresse, c’est l’avenir du Congo». Cette déclaration parue dans le journal Jeune Afrique (1) met bien en exergue la nature d’un homme qui serait prêt à tout pour conserver ce pouvoir. C’est la théorie n°1 de la Sassouïsation des esprits des Congolais.

Pour Denis Sassou Nguesso, sa famille et les autres sbires du clan, pas ou mal élus, les trésors de guerre amassés servent d’abord à acheter des allégeances. Les tentacules de cette main mise du clan Sassou recouvre les sphères politique, économique et sécuritaire. Ce régime de fer rime bien avec une sécurité dictatoriale et la propension au business juteux. Ce mélange des genres est le gage de la corruption qui accentue le poids de l’inertie. C’est ainsi que la famille de Sassou Nguesso s’est appropriée le gros du business du pays. Enfants, neveux, cousins, femmes et fiancées du président font aujourd’hui des affaires grâce au patronyme « magique », un sésame pour le vol impuni, la corruption légalisée, la spoliation des terrains de l’état, l’acquisition des biens et immeubles de l’Etat à travers des appels d’offres bidons, l’organisation des dépravations des mœurs d’une jeunesse droguée et corrompue, etc… Être un «Sassou Nguesso ou Nguesso» aujourd’hui t’ouvre toutes les portes pour user de tous les droits sans être inquiété quelque soit l’incompétence ou l’immoralité.

Le Congo est rongé présentement par l’affairisme du clan Sassou

Depuis le retour de Denis Sassou Nguesso en 1997, tous les membres de sa famille, de nombreux dirigeants occupant des postes inamovibles sont devenus des véritables pieuvres de la corruption. Comme le souligne ce diplomate « Nous savons que Denis Sassou Nguesso, sa famille et les autres membres du clan prennent 20 à 30% de commissions sur la plupart des contrats ». La collusion entre intérêts publics et privés choque tous les Congolais, toutes tendances confondues. Le clan Sassou ne cesse de contribuer à développer dans l’ensemble du pays une toile d’araignée d’allégeance et de corruption dont les partisans sont conviés à la soupe à Oyoland.

Les cartes Golden ou American Express de tous les membres du clan n’ont pas de plafond. D’où les extravagances architecturales, produits et voitures de luxe, voyage en jet privé…

A titre d’illustration, on peut citer quelques exemples. Il est à noter que Denis Sassou Nguesso est le promoteur et l’incarnation de ce système. A travers ce présent article nous poursuivons notre mise à nue de cette politique dilapidatrice de ce clan qui crucifie et ruine les chances d’un développement équitable au Congo. Après les amazones sulfureuses, voici l’autre catégorie parmi les plus nuisibles de ce clan.

Christel Sassou Nguesso: c’est le « golden boy » de la famille bien qu’il soit en compétition avec les autres membres du clan. Trader en chef ou pieusement dit «Aval pétrolier» de la part de pétrole brut revenant à la SNPC (Société nationale des pétroles du Congo), Denis Christel Sassou « Kiki », le très dépensier fils n’hésite pas à dépenser 35000 euros (plus de 20 millions de francs CFA) en 48 heures dans l’achat de sacs Louis Vuitton, contrôle également la société de pêche Socopec. Il est propriétaire d’un appartement dans le 16e arrondissemnt à Paris d’une valeur de 2 257 400 euros HT (1 480 757 331.80 F CFA), rue de la Tour. Ces frasques sont présentement connues par l’ensemble des Congolais : appartements et villas de luxes, belles voitures, voyage en jet privé.Il détient un trésor de guerre très impressionnant grâce à la gestion opaque du pétrole.

Christel Sassou Nguesso est devenu l’incarnation cynique d’un système familial désormais appelé à Brazzaville le SEE (Sassou Economic Empowermement). A cela, Denis Sassou Nguesso répond : «Jamais, depuis sa création et jusqu’à aujourd’hui, le directeur général de la SNPC n’a été un membre de ma famille. Réduire toute l’activité de cette société à la simple structure intermédiaire, en l’occurrence la direction aval, que dirige mon fils, relève donc de la mauvaise foi. Mon fils n’est pas le patron de la SNPC, il y occupe une fonction technique. Sauf à refuser aux enfants du président le droit de travailler comme tout Congolais, ce qui serait à la fois abusif et injuste, je ne vois absolument pas où est le problème». Les partisans de Denis Sassou Nguesso répondent aux critiques en évoquant des «complots politiques de l’opposition» ou simplement «de la pure jalousie». En 50 ans d’existence, combien d’enfants de présidents ont atteint un tel niveau d’insolence et d’opulence mettant gravement en danger l’économie du Congo ? Nous laissons les congolais répondre à cette question.

Guy Wilfrid César Nguesso (Willy): C’est le neveu « docile » qui, en créant un parti politique satellite (CLUB 2002-PUR), ne cache pas ses ambitions de devenir Maire de Pointe-Noire, en attendant que l’oncle libère le poste de la présidence de la république. Ce parti a déjà coopté bon nombres de cadres du pays. Les Congolais sont terrorisés par le monopole extravagant de la SOCOTRAM au port maritime de Pointe-Noire. Il est l’un des acteurs économiques incontournables du port de Pointe-Noire. Peu de Congolais connaissent le statut juridique et les principaux actionnaires de La SOCOTRAM, qui non seulement est gérée par Willy Nguesso dans une opacité totale, exerce un monopole sans équivoque au port de port de Pointe-Noire (redevances maritimes des importations et exportation des marchandises). En dehors du monopole que la SOCOTRAM exerce au port, elle a pour partenaires privilégiés toutes les compagnies de pétrole dont elle fournit des cargos pour le transport du brut. Chose curieuse, cette société reçoit des subventions du Trésor public mais ne reverse rien à l’Etat congolais. Cette société anonyme (privée) avait reçu en 2004 une subvention de 5 milliards F CFA de l’Etat. Après la SNPC, la SOCOTRAM est le deuxième trésor de guerre du clan Sassou. Vous ne trouverez nulle part les livres comptables de cette société familiale. En effet, comme l’a si bien souligné Madame Mambou Aimée Gnali, «le clan Nguesso s’est octroyé le beurre et l’argent du beurre en accaparant le pétrole et les autres richesses du pays».

Edgard Serge Ruffin Nguesso: officiellement, il occupe les fonctions de Directeur Général du Domaine Présidentiel (D.D.P.). Il loue à l’année une luxueuse suite à 11 000 euros la nuit hors frais annexes, soit 4 015 000 euros annuels (2.633.667.355 F CFA). Il est le président d’une fondation de charité à Brazzaville.

L’absence d’une politique de redistribution des richesses conduit à des révoltes contre l’affairisme des dirigeants

Socialement et politiquement, Denis Sassou Nguesso est soutenu par une majorité bancale de partis politiques (RMP) et associations. Nombre de ces associations et partis n’ont qu’une existence nominale, sans véritable représentativité, en dehors de l’arrière-plan politique, souvent sulfureux, de certains de leurs dirigeants. C’est une coalition hétéroclite qui peuple notre espace politique. Une véritable galaxie démoniaque. Denis Sassou Nguesso, est conscient que cette nébuleuse de partis et associations politiques (avec des militants fantômes) ne lui apporte rien. C’est ainsi qu’il préfère s’appuyer et faire recours aux membres de sa famille et à son clan. Mais ce recours aux membres de la famille et à un clan produit des effets négatifs, dévastateurs et désastreux au Congo. Les dirigeants du pays ne sont plus jugés par rapport à leur compétence, leur intégrité plutôt au contraire au regard de leur filiation et lien de parenté à Sassou Nguesso. N’ayant de compte à rendre à personne, d’où leurs gestions extravagantes des finances publiques. L’impunité est une façon de récompenser les membres du clan. Un système répugnant. Les Congolais sont pressés à fond comme des citrons. La désillusion du clan Sassou est totale. L’étendue des dégâts est : la pauvreté (70% des congolais vivent sous le seuil de la pauvreté avec moins de 1 dollar par jour), le Chômage exponentiel (Selon les statistiques de la Banque Mondiale, le taux de chômage au Congo-Brazzaville oscille au dessus de 53% et 76% si l’on ne comptant pas le secteur informel ), la misère, l’absence d’infrastructure routière et sanitaire, l’insalubrité des villes et villages du Congo.(2)

Denis Sassou Nguesso a beau mettre de nouveaux habits et considérablement assoupli son discours mais pas sa méthode de gouvernement. Comme tout chef de guerre devenu président, il est aujourd’hui le plus fort, il le sait et il le fait sentir à qui veut l’entendre. Seulement, même le plus fort parmi les plus forts ne peut résister à la volonté de tout un peuple. Se croyant confortablement installé avec tous les pleins pouvoirs que lui confère une Constitution taillée sur mesure, il ne craint rien. Ceci n’est qu’une fausse assurance d’un dictateur en fin de règne. Il croit de nouveau plier le peuple avec ses vieux réflexes de guerrier sanguinaire, Il se voile juste le visage devant les multiples changements du monde actuel. Le népotisme présent de son pouvoir décrédibilise son discours réformateur car le poids de l’inertie est énorme.

C’est ainsi, les conséquences de l’affairisme du Clan Sassou ne se résument pas seulement au mépris et aux fortunes amassées, la corruption qu’il a érigé en système politique ruine gravement le tissu économique, étatique et social qui se traduit par l’absence de redistribution des richesses nationales. C’est cette réalité qui condamne ce pouvoir. A Brazzaville, nul n’ignore que le clan Sassou s‘est enrichi et continue à se gaver pendant que le peuple croupit dans la pauvreté et la misère.

Chris Abela, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

(1) – Jeune Afrique n° 2616 du 27 février au 05 mars 2011.

(2) – Le représentant de la Banque mondiale au Congo, M. Oscar Melhado, a indiqué au cours d’une présentation du rapport sur les perspectives économiques 2012 en Afrique subsaharienne, en décembre dernier, que « la hausse du chômage au Congo, est causée par plusieurs facteurs au nombre desquels une activité limitée du secteur privé, ,une économie peu diversifiée (dépendant essentiellement du pétrole), une disparité entre les compétences exigées par les employeurs et celles présentées par les demandeurs d’emploi et un environnement réglementaire et institutionnelle défavorable ».
Source : http://www.statistiques-mondiales.com/congo_brazzaville.htm

NDRL : – Lire également le très intéressant article sur le même sujet :

Le règne sulfureux des 4 amazones sur l’économie congolaise : http://www.dac-presse.com/actualites/a-la-une/politique/243-le-regne-sulfureux-des-4-amazones-sur-leconomie-congolaise.html