Des nominations qui passent mal

Les choses devraient pourtant été traitées avec toute la prudence nécessaire pour éviter de réveiller les susceptibilités et surtout les grondements de tambours au sein de l’armée congolaise. Au départ, il devrait y avoir 11 colonels promus au grade de futurs généraux.

Sassou Nguesso ou la réactualisation de la balkanisation de l’armée congolaise

Il en est ressorti que huit du dernier communiqué officiel venant de Mpila. Loin de nous l’idée de juger les qualités militaires de ceux qui ont été promus qui sont d’ailleurs des soldats d’expériences et aux compétences irréprochables. Seulement là où le bât blesse c’est que ces promus ne sont pas les plus méritants pour beaucoup de militaires et surtout pour la rue congolaise. Dans cette file pléthorique des colonels qui remplissent les rangs de l’armée congolaise, beaucoup d’entre eux méritent depuis plus de dix ans d’être nommés au grade de général. Sans vouloir contester le droit du chef suprême des armées de nommer le soldat qui lui semble méritant au grade supérieur (comme dans toute démocratie), il est sans contexte que celles-ci sont tachées d’une ambigüité politique, ethnique, et surtout très partisane. On est donc loin des discours vantés de la mise en marche de la reforme de l’armée tant souhaitée par des milliers des congolais et les militaires.

De l’État major de l’armée en passant par les casernes, les sections et unités militaires, l’heure est à l’étonnement, à la surprise mais surtout à l’incompréhension. Une liste d’officiers (pour des raisons de confidentialité et de protection de la vie de ces soldats nous ne publierons pas leurs noms) méritants et surtout au grade de colonel depuis plus de 25 ans sont exit de ces nominations. Leur carrière et service au sein de l’armée ne souffrant pourtant d’aucuns éléments pouvant justifier cette mise à l’écart. Ces officiers occupent des postes de valeurs et remplissent leur devoir militaire avec un dévouement exemplaire. Ils sont des modèles, des références pour leurs pairs. Pourtant ils voient leurs éléments de troupe (formés par leur soin) passer de lieutenant, capitaine, commandant, colonel et aujourd’hui général (et cela en moins de dix ans) sans aucune explication plausible ne puise justifier leur statut d’éternel recaler. Cette situation de fait qui nous a été délivré par certains militaires nous interpelle au point où l’on se demande sous quels critères fondent t- on ces nominations ?

Avons–nous une armée qui fonde sa vocation pour la protection de la nation-État et la sauvegarde de la république ? Au regard de ce qui nous est démontré jusqu’à ce jour, il nous paraît très difficile de soutenir une telle thèse. En effet, la configuration de l’armée congolaise actuelle met en exergue des dysfonctionnements au sommet du commandement qui laisse perplexe le congolais. Comment peut-on expliquer aux congolais que sur 100 officiers occupant des fonctions de commandement dans l’armée 94% soient tous issus de deux régions sur dix du Congo ? Seraient-ils les seuls capables d’occuper ces fonctions ou encore les seuls avoir accompli des actes de courage dans l’exercice de leur mission et qui nécessiteraient une telle reconnaissance ? Il nous serait très injuste de répondre positivement à cette question tant d’autres officiers connus par les militaires et les congolais peuvent témoigner du contraire.

Serions-nous alors entrain de façonner une armée vouée à la cooptation et à la soumission d’exécution des missions partisanes, claniques, régionales et contraire à leur vocation originelle de garante de la nation ? La nation serait-elle liée à la sauvegarde des intérêts d’un seul homme fusse t-il chef d’État ? Ou plus exactement notre armée doit-elle servir un homme ? C’est cette seconde hypothèse qui semble se dessiner au vu de cette sélection de nomination exclusivement très orientée vers une armée qui s’enfonce dans les contradictions tribales et régionales qui ne l’honore guère.

l’armée congolaise de plus en plus politisée

On est bien loin là des discours de paix retrouvée, de réconciliation, d’une armée républicaine mais dans la concrétisation des manœuvres anti-démocratiques de museler un possible réveil du peuple par le biais d’un commandement militaire à la solde d’un homme ou d’un groupuscule d’individus. Cette collusion des intérêts d’un individu et d’un clan de prédateurs économiques et politiques avec l’armée nuit gravement à notre république.

Notre armée apparaît comme une entité politisée qui se met au service des politiciens. Et lorsque l’armée est politisée, les vraies valeurs de l’armée ne sont pas respectées. Ces nominations sont donc politiques et affectées d’une connotation tribale et régionale, et n’ont rien avoir avec une armée régalienne aux missions dévouées aux seules aspirations profondes de la protection de la nation congolaise. On peut aussi l’affirmer sans crainte d’être démentie que ces nominations des généraux sont des stratégies au service du président-général lui permettant ainsi d’exercer une pression réelle sur les populations en les maintenant dans la pauvreté grâce à une conjonction subtile de recrutement à la coloration préalablement bien définie et qui lui est totalement acquise afin de s’assurer de la pérennisation du pouvoir politique.

Sassou Nguesso en stratège politique et militaire, applique la théorie dite par l’artiste Pépé Kallé dans l’une de ces chansons : « Oyo alia na motoki na ngai te a sauter Bible » (que celui qui n’a pas mangé par la sueur de mon front le déclare la main sur la Bible). Pour que notre armée soit réellement nationale, unitaire et impartiale, il est nécessaire que les militaires dépassent le niveau du verbe en constituant une unité homogène hors contexte ethnique, en brisant le verrou de l’ « ethnicisation«  et de la pratique de la politique de la « mangeoire » qui contribuent à les vassaliser, les soumettre, vis-à-vis du président en exercice.Dans ce cas, l’armée devient un instrument au service d’un pouvoir clanique et régional.

On est donc très loin d’une armée qui fait des choix de justice, de liberté, de la démocratie en œuvrant dans une neutralité indiscutable en cas de compétition politique. Pourtant cela devrait être un principe inaliénable pour notre armée qui doit nécessairement favoriser le respect du peuple congolais. Notre armée doit soutenir la démocratie et encourager la rupture des pratiques anciennes qui consistent à faire allégeance au président.

L’histoire récente qui se déroule dans le monde et particulièrement dans  les états où les peuples sont opprimés nous édifie sur le fait que toute armée doit savoir sceller son sort à celui du peuple. Car la roue de l’histoire tourne et lorsque la volonté populaire des congolais se mettra en marche, elle renversera sur son passage les liens mafieux qui  semblent être inscrits définitivement dans le marbre. Ce marbre n’est que du sable que le peuple piétinera et avec lui ces généraux de proue qui ont choisi de servir un individu et non la cause des congolais.

Jean-Claude BERI, www.dac-presse.com

LISTE PAR RÉGION DES 44 GÉNÉRAUX AU CONGO

Nomination insolite des Officiers Généraux sous un angle politico-stratégique

M. SASSOU NGUESSO vient de créer des précédents très graves. Depuis plus d’une décennie, tous les spécialistes et analystes des questions sécuritaires et stratégiques sont unanimes et ne cessent d’affirmer que le Congo Brazzaville est en voie de battre le record des Généraux en Afrique mais aussi il possède une armée taillée sur le tribalisme.

La Bible déclare : « crie à plein gosier, ne te retiens pas. Elèves ta voix comme une trompette, et annonces à mon peuple ses iniquités, à la maison de Jacob ses péchés ! ». Esaïe  58 : 1.

Denis SASSOU NGUESSO qui avait remis le pays à un certain dieu encourage la presse de critiquer les personnes qui le méritent, même les ministres et par ricochet lui-même qui est le Chef du gouvernement.

En s’appuyant sur les textes précités, il serait aberrant sinon ignoble de se taire face à la tangente qu’est entrain de prendre notre armée. Parlons-en !

Pourquoi devrions-nous toujours nous taire alors que ces questions de fond méritent d’être étalées et débattues aujourd’hui sans haine, sans peur et sans intimidation pour éviter le pire demain ou certaines gens peuvent se retrancher derrière leur identité ethnique au point de déstabiliser les institutions de la république comme nous l’avons vu hier avec M. SASSOU NGUESSO qui s’était retranché à Oyo en compagnie de quelques rares ressortissants des autres départements.

Le tribalisme devient un sport national au sein des FAC, de la gendarmerie, de la police…

La toute dernière nomination de huit (08) Officiers Généraux, le vendredi 17 juin 2011 n’a pas échappé à la règle générale et alimente toutes les causeries et les commentaires dans la plupart des milieux.

En effet, personne ne pouvait croire que M. SASSOU NGUESSO puisse vouloir toujours d’une chose et son contraire. Il a récidivé. Comme d’habitude, la majorité des Officiers Généraux nommés ou des responsables à des fonctions clé sont -presque- issus d’une même ethnie ou d’une même zone géographique alors que le Congo Brazzaville, en réalité, compte plusieurs ethnies.

Cette façon d’agir est de nature à « tribaliser l’armée ». Ces nominations à forte connotation régionale, sont donc totalement contraires à la bonne gouvernance ainsi qu’à la consolidation de l’unité nationale et la paix qui se construisent difficilement.

Avec  une superficie de 342.000 km2 et une population de près de 4 millions d’habitants, le Congo Brazzaville qui a de grands défis socio-économiques à relever mérite-t-il, d’avoir aujourd’hui, autant d’Officiers  Généraux ?

Au moment où la santé, l’éducation, l’emploi ou l’habitat sont presque en panne, le Congo Brazzaville, soi-disant Pays Pauvre Très Endetté a vraiment besoin des dépenses inutiles pour l’entretien à vie des Officiers Généraux ?

Quelle facture très salée pour le trésor public ? Et pour quels résultats ?

Quelle idée les autres agents civils de l’État auront-ils de tous ces Généraux très coûteux pour les caisses de l’État ?

Alors qu’ils attendent impatiemment le changement que devait apporter l’annulation de la suspension des effets financiers promis par le ‘’Boss’’ et dont le concret se fait attendre jusqu’aujourd’hui.

Est-ce de cette façon que l’armée sera unie en favorisant la tribu mbochi en galon et en poste ?

Qu’est ce qui se passe réellement au royaume « Tchambitcho de Mpila » pour marginaliser certains départements du Congo ?

Posons-nous la question de savoir comment les futurs présidents du Congo feront-ils pour gérer et surtout contrôler tous les Officiers Généraux qui sont nommés aujourd’hui par M. SASSOU NGUESSO dont le dernier mandat tire petit à petit vers sa fin, puisque les Congolais dans leur majorité, selon nos sondages, refusent la révision constitutionnelle et de revoir M. SASSOU NGUESSO à la tête du Congo ?

Il faut le dire haut et fort, que, M. SASSOU NGUESSO vient de créer un précédent dans l’histoire du Congo Brazzaville. Son remplaçant comme le prévoyait le feu André MILONGO, au cas où il passait président, devrait procéder à un grand rééquilibrage.

Il est facile de comprendre et imaginer les vraies raisons et les agendas politico militaires cachés qui justifient la longue liste des officiers généraux qui s’accaparent des postes stratégiques et des opérations militaires.

Inutile qu’on nous dise que c’est le comité de défense qui propose ces nominations qui sont basées sur un seul département. Tout le monde sait que la constitution donne des prérogatives à M. SASSOU NGUESSO de nommer à des hautes fonctions qui il veut.

A la faveur des 50 ans de la création des Forces armées congolaises (FAC) et de la gendarmerie, l’occasion est venue de jeter un regard assez sévère sur notre armée qui a perdu nombre de ses repères et qualités : le mérite, l’honneur, le secret militaire, l’unité de la troupe, l’ambiance patriotique et militaire, la loyauté et le respect de l’ordre militaire, etc.

Dans le but d’éclairer la lanterne des millions des Congolaises et de Congolais sur le virus du tribalisme qui a gagné notre force publique depuis le sommet, la rédaction de « Talassa », publie, ici, la liste de tous les Officiers Généraux du Congo Brazzaville, département par département.

Enfin, nous osons croire que personne ne nous contredira sur les candidats bénéficiaires des bourses militaires et que pour la plupart ils sont issus d’une même zone géographique.

Ceux qui se sentiront blessés ou directement indexés par la teneur de cet article vérité, ne devraient que se raviser et voir la vérité en face au lieu d’inventer des subterfuges.

Il faut changer, car l’avenir est une équation à plusieurs inconnus.

L’intégrité territoriale du Congo Brazzaville n’a jamais été menacée depuis les indépendances ; cependant, le Congo Brazzaville compte 43 Généraux pour une population estimée à 4 millions d’habitants. Des Généraux qui ont pour unique adversaires désignés les populations civiles et pour objectif principal l’enrichissement personnel et accessoirement la protection de celui qui les nomme et les a fait rois.

Voici la liste des Officiers Généraux du Congo Brazzaville par région

Région de la Cuvette : 25 Officiers Généraux

1. Jacques Joachim YHOMBI-OPANGO, Ancien Président de la République, bien entretenu par le pouvoir

2. Denis SASSOU NGUESSO, Commandant Suprême des forces armées

3. Jean Dominique OKEMBA, SG – Conseil National de Sécurité (CNS)

4. Norbert DABIRA, Businessman et Inspecteur général des armées

5. Blaise ADOUA, Directeur général de la Sécurité présidentielle

6. Jean Marie Michel MOKOKO, Conseiller spécial Paix et sécurité près la Présidence de République

7. Hilaire MOKO, Attaché militaire près de l’Ambassade du Congo en France

8. Yvon Jacques NDOLOU, Ministre des Sports, plus ou moins éloigné des affaires militaires

9. Charles Richard MONDJO, Chef d’Etat-Major Général

10. Guy Blanchard OKOY, Commandant du Groupement parachutistes

11. Philippe LONGONDA, Businessman et attaché au ministère des Affaires Etrangères

12. MORLENDÉ, En stand-by et risque de remplacer le défunt MOTANDO à la Présidence de la République

13. Fulgor ONGOBO, Directeur des ressources humaines des Forces Armées Congolaises

14. Jean François NDENGUET, Directeur Général de la Police Nationale etc …

15. Gilbert BOKEMBA, Commandant de la zone militaire n°9 (Brazzaville)

16. Emmanuel AVOUKOU, Commandant de la Garde républicaine

17. Victor MOIGNY, Commandant en second de la Gendarmerie

18. ÉBATA, Directeur général de l’hôpital militaire Pierre Mobengo

19. Pierre OBA, Ministre des mines, en voie de revenir dans le séraille de haut commandement militaire (originaire de Tsiokia très proche d’Oyo)

20. BOUAGNABEA MOUNDANZA, Chef d’Etat-Major de la Marine

21. Georges MAYOULOU, En stand-by, qualifié de « Lissoubiste »

22. NIOMBÉLA-MAMBOULA, Retraité et …

23. Emmanuel ELENGA Retraité

24. OSSÉLÉ, Directeur des Opérations à l’État-Major

25. NGOMBÉ, Chef de la Maison militaire près de la Présidence de la République

Région du Pool : 4 Officiers Généraux

1. Anselme MACKOUMBOU-KOUKA, Retraité et très loin des dossiers militaires

2. Aaron KAKOU, Chargé de la diplomatie des FAC

3. Prosper NKONTA, Actuel Chef d’État-Major Adjoint des FAC, mais n’a aucun pouvoir…

4. René BOUKAKA, Commandant de la zone militaire de défense Pointe-Noire

Région des Plateaux : 4 Officiers Généraux

1. Florent NTSIBA, Ministre d’État et très loin des affaires militaires

2. Emmanuel NGOUÉLONDÉLÉ-MONGO, Retraité et remuant mais très loin des affaires militaires

3. Emmanuel ETA-ONKA, En stand-by et très éloigné des dossiers politiques et militaires

4. Raymond Damase NGOLLO, Retraité et loin des affaires militaires, même si…

Région de la Likouala : 4 Officiers Généraux

1. Gilbert MOKOKI, Commandant de la Gendarmerie nationale, très influent.

2. Léonard ESSONGO, Businessman et Chef d’Etat-Major de l’armée de terre

3. NDONGO MOKANA, Directeur de cabinet du ministre de la Défense et contrôleur général des FAC et de la Gendarmerie

4. AYAYEN, En stand-by depuis la fin de la guerre du 5 juin 1997

Région du Kouilou : 3 Officiers Généraux

1. Louis Sylvain GOMA, Secrétaire Général de la CEEAC, loin des affaires politiques internes

2. GARCIA, En mission diplomatique au Gabon, loin des dossiers militaires

3. TCHICAYA, Chef de corps de l’Armée de l’air

Région de la Bouenza : 1 Officier Général

1. Guy Bleck Clément MAMBOU, Nouveau, nommé sans doute en remplacement du défunt Général NZAMBI MAKOUMBA-NZAMBI

Région du Niari : 1 Officier Général

1. Grégoire MABIKA, En stand-by depuis la fin de la guerre du 05 juin 1997

Région de la Sangha : 1 Officier Général

1. Paul MBOT, En stand-by, très influent même si…

Région de la Lékoumou : 1 Officier Général

1. MOUKANA, Haut-Commissaire chargé des Vétérans, donc très éloigné des affaires politiques et militaires.

Région de Brazzaville : zéro Officier depuis l’indépendance du Congo

Région de la Cuvette Ouest : zéro Officier (jusqu’au soir du 15 Août 2011 à Ewo)

Par Ghys Fortune DOMBE BEMBA

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