Faut-il dissoudre l'union africaine ?

Par : HERVE MAHICKA

Il vaut mieux dissoudre l’Union Africaine.

Contrairement à ce que prétend l’article ci-dessous, le projet d’union monétaire africaine date de… 1980, oui, il y’a presque 40 ans, à la conférence de Lagos. Bien avant que l’union monétaire européenne ne soit mise en route. La réalisation était prévue pour 1990 mais entretemps, l’OUA de l’époque devait avoir créé une Communauté économique africaine (CEA) qui sensée conduire à la levée des barrières douanières, la libre circulation, la création d’une monnaie technique de référence comme jadis l’écu pour l’Europe. Arrivée en 1990, la CEA à été repoussée à l’horizon … 2025, soit 35 ans plus tard, alors que par définition un projet politique se projette sur 30 ans au maximum. Ce n’est pas sérieux! Nous ne sommes pas sérieux. Surtout que ces calendes ne sont suivies d’aucune programmation concrète, on peut comprendre que l’enjeu des décideurs de l’UA était de repousser au plus loin possible les bilans, quand ceux qui dirigeaient à l’époque ne seront plus vivants ou au pouvoir, pour ne pas avoir à travailler dessus et donc à rendre un quelconque compte de leurs promesses.

Depuis, les échéances infinies sont devenues la règle de fonctionnement de la maison. En 2015, suite à l’échec patent de la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement, les OMD, lancés en 2000 par l’ONU pour tous les pays, l’Afrique a été le seul continent à n’avoir atteint aucun des objectifs malgré une quasi suppression de la dette qui accompagnait le programme. Même les sous-objectifs impératifs comme la scolarisation des enfants à l’école primaire, n’ont été atteints que par trois pays. L’ONU a refondu le programme en Objectifs du développement durable, ODD, toujours étalés sur 15 ans, donc à atteindre en 2030. Presque simultanément, l’UA tout en s’y engageant, pond un plan qui s’appelle Agenda 2063, sensé nous donner des objectifs à atteindre en 2063, une véritable fuite en avant pour se déclarer déjà incompétent d’office à atteindre les ODD alors qu’ils ont été négociés avec eux, prenant en compte leur niveau actuel de développement et des financements nécessaires, pour nous renvoyer à une date purement symbolique (centenaire de l’OUA) à une échelle de distance de temps qu’aucun prévisionniste au monde ne peut assumer. C’est de la science fiction!

Ainsi, nous parler aujourd’hui d’une banque centrale en 2045, soit 65 ans après Lagos, sans doute leur réponse au débat sur le FCFA, procède de la même fuite en avant. Pourquoi pas en 2025? Il n’y a rien qui techniquement l’empêche. C’est un manque de volonté politique, tout simplement et un véritable étouffement de nos économies trop parcellisées, d’un marché inefficace et le moins intégré au monde, d’un écrasement de la croissance commune. Sans cette communauté économique africaine, et tout ce qu’elle implique (circulation des biens et des personnes, harmonisation des termes de l’échange et du droit commercial, coopération diverses etc) il n’y a aucun espoir de développement. L’Afrique échange trop peu à l’intérieur d’elle-même, se laissant à la merci des marchés internationaux dont elle ne maitrise ni le programme ni la volatilité. Hier c’était la fin des 30 glorieuses (reconstruction et industrialisation de l’Europe d’après guerre) qui a entrainé une crise de 30 ans en Afrique ne pouvant plus écouler ses matières premières, crise levée par le développement et la soif de consommation de l’Asie au début des années 2000, attraction aujourd’hui en phase de saturation, et nous voilà replonger dans l’incertitude et la récession comme si nous ne le savions pas. Solution 2045 nous annonce t-on, alors qu’on ne sait même pas de quoi sera alors constitué l’économie mondiale, et surtout ce que ferons d’ici là! En français familier, c’est ce qu’on appelle du foutage de gueule.

Je propose la sortie de l’Union Africaine pour tout pays désirant vraiment se développer, et la création d’un axe de développement entre pays volontaires au progrès, qu’ils soient voisins ou non, africains ou pas, en adoptant des règles communes pour créer une marché intégré, une économie, une monnaie, avoir des exigences juridiques et des contraintes politiques communes comme se contrôler l’organsation des élections élections ensemble, avoir une cour de cassation commune, une armée unique ou encore mutualiser les ambassades… C’est dommage de le souligner mais c’est la vérité; le CFA reste le seul exemple d’une intégration africaine et qui fonctionne sans faille depuis 60 ans, avec un concours extérieur. Comme l’aura été Air Afrique d’ailleurs, constitué de 10 pays africains et Air France, dont toutes les tentatives de reconstitution d’un équivalent échouent brillamment depuis sa faillite. Nous semblons incapables de mener un projet d’intégration seuls, d’initiative propre et c’est fort triste 60 ans après les indépendances. Et le plus inquiétant, c’est que face à cette incompétence africaine, il n’y a pas beaucoup de pays sérieux prêts à se risquer d’accompagner ce continent qui montre si peu de sérieux dans ses propres entreprises. Le dilemme du CFA est au fond celui-là. On ne veut plus de la France? D’accord! mais il n’y a personne d’autre qui veut de vous, et seul, c’est le long sommeil dans le berceau de l’humanité. Moi je dis, il faut sortir du berceau et aller marcher avec ceux qui avancent. Les Bahamas, le Brésil ou la Norvège, peu importe.

hervc3a9-mahicha-300x300-8742600HERVE MAHICKA

https://afrique.latribune.fr/finances/2019-03-08/union-africaine-une-monnaie-unique-une-banque-centrale-et-un-fonds-monetaire-a-l-horizon-2045-810052.html