- KOLELAS contre KOLELAS
Par Benjamin BILOMBOT BITADYS
C’est le talent diabolique qu’on lui reconnaît (c’est aussi son talon d’Achille) : diviser pour mieux règner. Le natif d’Edou-Penda en use et en abuse. Denis Sassou Nguesso est passé maître dans l’art de créer la zizanie aussi bien au sein des familles biologiques que des formations politiques.
Dans la fratrie des Kolelas écartelée, tirant sur les ficelles, l’ombre du fils de Mama Mouébara n’est pas loin. Le torchon brûle dans la maison Kolelas. Plus qu’une friction, c’est une bataille rangée qui oppose les deux enfants Kolelas.
Echec et mat
Euloge Landry Kolelas ne s’est pas toujours remis de son échec électoral. Non content d’avoir mordu la poussière dans les urnes en 2016 à l’occasion des élections législatives, Euloge Landry Kolelas qui a fait du parti de Bernard Bakana Kolelas à la fois un champs de ruines et un fonds de commerce, souhaite le faire payer à son frère de lait et utérin Guy Brice Parfait Kolelas sur lequel il fait porter la responsabilité de ses déboires politiques. Euloge Landry Kolelas qui est passé avec armes et bagages dans le camp de Denis Sassou Nguesso n’a pas fini de ruminer sa colère. Les militants du MCDDI, canal historique, sont restés fidèles à Guy Brice Parfait Kolelas et ont rejoint l’UDH Youki .
Le MCDDI d’Euloge Landry Kolelas est devenu une coquille vide. Euloge Landry Kolelas est doté d’une capacité : celle de transformer l’or en plomb. Les leaders du MCDDI sont sans voix. Ils ont perdu gorge. Sassou Nguesso et le PCT leur ont-ils cloués le bec avec des espèces sonnantes et trébuchantes ? Le parti du Nkoumbi de Total est sorti du round électoral de 2016 laminé et pétrifié mais peut-être les poches pleines, compensation matrimoniale pour un mariage de la carpe et du lapin. Battu à plate couture aux législatives, Euloge Landry Kolelas a été gratifié du titre de commissaire du gouvernement chargé de la réinsertion des milices. Maigre compensation
« Lisanga ya ba ndoki »
Avec la complicité de Denis Sassou Nguesso et Isidore Mvouba, Euloge Landry Kolelas a obtenu du bureau de l’Assemblée nationale la suspension de Guy Brice Parfait Kolelas, le patron de l’UDH Youki. Et, ceci jusqu’à nouvel ordre c’est-à-dire l’organisation des législatives dans les localités de la région du Pool touchées par la guerre qui a opposé les militaires de Sassou Nguesso aux hommes de Fréderic Bintsamou alias Pasteur Ntoumi. La sortie d’Euloge Landry Kolelas a depuis été commentée jusqu’à plus soif. Euloge Landry Kolelas a beau se débattre comme un diable dans un bénitier, rien n’y fait. La réputation de traître lui colle à la peau comme la tunique de Nessus. La Cour constitutionnelle avait décidé de prolonger le mandat des députés jusqu’à l’organisation des élections partielles, conformément à l’article 109 de la Constitution du 25 octobre 2015. Cet article stipule que : « Les mandats de député et de sénateur peuvent être prolongés par la Cour constitutionnelle saisie par le Président de la République, en cas de circonstances exceptionnellement graves empêchant le déroulement normal des élections ».
Aimé Emmanuel Yoka, Isidore Mvouba, Bernard Tchibambéléla et Théodorine Kolelas concernés par la crise du Pool passent entre les mailles du filet de la mesure et conservent leurs écharpes parlementaires et les avantages y afférents. Deux poids, deux mesures. De quel poids pèserait Théodorine Kolelas du MCDDI d’Euloge Landry Kolelas face à un candidat Youki de Guy Brice Parfait Kolelas à Goma Tsé tsé ?
Manipulation
« La guerre du Pool est finie, les habitants déplacés sont rentrés et ont regagné leurs villages et vaquent depuis à leurs activités champêtres » ne cesse de marteler Les dépêches de Brazzaville et Télé Congo. Pourquoi, alors, le gouvernement du Congo-Brazzaville n’organise-t- il pas les élections législatives dans les circonscriptions concernées par la crise du Pool ?
Contrairement à la propagande pécétiste et à laquelle le commissaire Euloge Landry Kolelas a prêté le flanc, en installant des plateformes du « dialogue intercommunautaire », la guerre du Pool n’a pas opposé les miliciens du Pasteur Ntoumi aux habitants de la région du Pool. Guy Brice Parfait Kolelas est monté d’un cran. Le patron du Youki Guy Brice Parfait Kolelas a battu en brèche cette version des faits contredisant ainsi son frère Euloge Landry. C’est du révisionnisme. Il faut tordre le cou à cette contre-vérité selon laquelle la guerre du Pool serait le fait des affrontements intercommunautaires. Il faut couper la tête de ce canard de la désinformation qui court. A ce sujet, le silence de Fréderic Bintsamou alias Pasteur Ntoumi, l’un des acteurs de la guerre du Pool, est assourdissant. Le Pasteur Ntoumi est rigoureusement muet et immobile, tel une figure du musée Grévin. Quant à l’opposition politique du Congo-Brazzaville, elle est morcelée, cacophonique, désabusée et ne croit guère qu’il soit possible de renverser une dictature aussi coriace que celle de Denis Sassou Nguesso qui s’appuie sur un minutieux système de clientèle tenue par la corruption et qui joue encore avec habileté du réflexe tribalo-ethno-régionaliste.
Les habitants du Pool se seraient-ils battus entre eux à coup de Kalachnikovs et d’engins blindés ? Auraient-ils pilotés les hélicoptères de combat pour bombarder les populations du Pool ? Qu’est-ce qui a justifié alors la mise en place par le gouvernement de Sassou de la commission ad hoc mixte et paritaire (Camp) de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités du 23 décembre 2017, au sein de laquelle siègent à la fois Gustave Ntondo, Philippe Ané d’un côté et Séraphin Ondélé directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur Raymond Zéphirin Mboulou de l’autre ? Alors que dans la région martyr du Pool les blessures sont encore béantes et les ruines toujours fumantes, voilà Denis Sassou Nguesso, qui avait d’abord nié la crise dans le Pool, qui bassine aujourd’hui les oreilles des populations du Pool et du Congo-Brazzaville avec le dialogue intercommunautaire inspiré par les professionnels de la désinformation.
La vengeance est un plat qui se mange froid. Denis Sassou Nguesso qui a déjà utilisé le poignard dans l’assassinat du commandant Marien Ngouabi le 18 mars 1997 par l’intermédiaire du capitaine Pierre Anga, en lui sectionnant la carotide, tiendra-t-il la main de Kolelas pour faire tomber la tête de Kolelas ? Et, in fine, entonner la chanson : « Landry Kolelas a bomi Parfait Kolelas ». Traduction : « mokongo a bomi mokongo. »C’est-à-dire « C’est entre eux ».
Benjamin BILOMBOT BITADYS