gildas-moutsrara-1-300x300-1973505Gilda MOUTSARA 

Bonjour chers compatriotes du Congo et de la Diaspora,
Voici plusieurs mois que je me réserve de commenter l’actualité politique de mon pays. Par respect pour mon combat pour la Démocratie. Par respect pour le peuple congolais pour qui je me suis engagée en politique, même beaucoup d’entre vous pensent le contraire. C’est de votre droit. Si je me suis tue, c’est aussi par soumission au temps qui me donne raison aujourd’hui, car la misère sociale que j’ai dénoncée avec courage lors de mes prises de parole en qualité de Porte-parole de l’opposition congolaise est devenue une réalité pour tous les congolais, qu’ils aient été pour ou contre le changement de la Constitution du 20 janvier 2002. Tout le monde est désormais logé à la même enseigne et tout le monde est d’accord pour dire que rien ne va. J’en suis fort aise.

Que les choses soient claires: pour moi l’alternance démocratique rime avec alternance générationnelle. Par contre, je ne suis pas pour que la nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques vienne assumer les erreurs commises par ceux et celles qui, aujourd’hui, ont l’obligation de les réparer.

Le chaos socio-économique dans lequel nous sommes plongés aujourd’hui est la conséquence d’une mauvaise gestion qui ne dit pas son nom. Aucun congolais n’est à l’abri de ce désastre qu’il vive au Congo ou à l’étranger. Le mal est fait et nous en sommes tous coupables. Pour avoir fait et pour avoir laissé faire. Mais par-dessus tout, le Congo survivra et pour qu’il survive, il va bien falloir réparer les dégâts. Pas avec nos invectives, nos haines, nos rancunes et notre soif inextinguible de vengeance grâce auxquelles nous faisons le lit de ceux et celles qui ne méritent pas de s’y coucher.

Avec le PCT au pouvoir et l’UPADS comme principale formation politique de l’opposition, nous sommes désormais en présence des deux partis politiques qui ont eu l’exercice du pouvoir et qui, de ce fait, doivent assumer pleinement la responsabilité de réparer les dégâts d’une gestion chaotique du pouvoir dont ils sont tous les deux contribuables.
Non, un Gouvernement ne nomme pas un chef de l’Opposition. Vous avez raison. Mais il faut faire l’effort de faire une autre lecture de la situation:

  1. En acceptant de participer à l’élection présidentielle du 20 mars 2016 qui, rappelons-le a été convoquée par la nouvelle Constitution du 25 octobre 2015, l’Opposition congolaise dans son ensemble et le peuple congolais a pris acte de l’abrogation de la Constitution du 20 janvier 2002, non par renoncement, mais pour poursuivre son combat dans le cadre du nouvel ordre constitutionnel;
  2.  En acceptant de participer à cette élection présidentielle avec pour principal adversaire Denis Sassou Nguesso, alors qu’il était encore en plein exercice de son deuxième et dernier mandat présidentiel selon les termes de la constitution du 20 janvier 2002, nous lui avons tous donné la possibilité de briguer un troisième mandat consécutif et nous devons avoir le courage d’assumer cette erreur stratégique;
  3.  Enfin, la Démocratie est un long processus. N’ayons pas la prétention d’être la génération qui achèvera ce combat qui n’est encore qu’à ses balbutiements. Dans ce long processus vers une démocratie véritable, chaque génération aura sa mission à accomplir. La nôtre est certainement celle de mettre nos aînés face à leurs responsabilités. Tout le reste dépendra de notre vigilance et de notre détermination à revendiquer le respect et la jouissance de nos droits fondamentaux. C’est ainsi que nous deviendrons un Peuple-Citoyen que nous ne sommes pas encore; c’est ainsi que nous aurons fait une véritable révolution des mentalités et seront devenus prêts à prendre la relève car, le temps passe, et le moment viendra où le Congo nous appellera au devoir de le servir avec responsabilité et abnégation.

Par conséquent, je ne me dédie pas. J’assume avec courage vos critiques car c’est aussi cela la politique. Je suis certaine que l’avenir me donnera raison.

Gilda MOUTSARA