Alexis GABOU, ancien ministre de l’intérieur
Par : OUABARI MARIOTTI
Le ministre Alexis Gabou nous a quittés ce 12 décembre 2018 à Saint Ouen l’Aumône, dans la banlieue parisienne, où il résidait depuis plusieurs années. C’était un grand homme. Il a marqué son temps. Docteur d’Etat en droit, il a, dans sa carrière de juriste, occupé de hautes fonctions dans la magistrature congolaise, au centre d’enseignement supérieur de Brazzaville, puis à l’université Marien Ngouabi, comme professeur et à la commission africaine des droits de l’homme.
Désigné président de la commission constitutionnelle et des libertés, à la conférence nationale souveraine de 1991, il s’ouvre pour lui les portes de la politique. Ainsi devient-il, sous la transition, ministre de l’intérieur et de la décentralisation, dans le gouvernement du premier ministre André Milongo. Et, en mai 1993, député de Bacongo. Alexis Gabou, ministre de l’intérieur, c’était une période de cohabitation délicate et sensible avec le président de la république Denis Sassou Nguesso auquel l’acte fondamental, né de la conférence nationale, avait fait perdre des prérogatives constitutionnelles qu’il détenait jusque-là, sans partage.
Il a fallu à Alexis Gabou de la détermination, du doigté, de la maîtrise des différents corps de police sous sa tutelle, formés à l’esprit du Parti Congolais du Travail et une intelligence au service de l’intérêt commun pour atteindre ses objectifs. Il s’en est sorti. Est demeurée historique, la dure altercation qui a opposé le ministre Alexis Gabou au conseiller de la République, membre du Parti Congolais du Travail, Alphonse Foungui, également passé à l’Orient Eternel, lors des travaux en plénière, d’une des séances du Conseil national de Transition, parlement de l’époque, sur la question majeure de la sécurité des congolais. Tous les deux, orateurs hors pair, ont électrisé la salle et fasciné les participants. Je les revois, à la fin de l’interpellation du ministre Alexis Gabou, s’embrassant chaudement, au nom de la cohésion nationale, sous les applaudissements du public.
Le ministre Alexis Gabou s’en est allé. La patrie est en devoir de lui en être reconnaissante. Et la République, de lui rendre un dernier vibrant hommage. Le décès du ministre Alexis Gabou nous amoindrit, nous les vivants, parce que nous faisons partie de l’humanité. C’est en cela que nous n’avons pas à demander pour qui sonne le glas. Il sonne pour nous tous. Repose en paix, Mr le ministre. Ta mémoire demeurera gravée en nous.
Condoléances les plus attristées à ta famille. Que les juristes congolais, toutes catégories professionnelles confondues, trouvent ici, l’expression de ma solidarité.
Paris le 16 décembre 2018 –
Ouabari Mariotti,
Ancien garde des sceaux, ministre de la justice.