«La différence entre l’homme politique et l’homme d’Etat est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération» – James Freeman Clarke.
En développant la théorie de la relativité, Albert Einstein a débarrassé l’Humanité des préjugés qu’elle avait du temps et de l’espace et qui plongeaient la communauté scientifique dans les ténèbres de la valeur constante de la célérité (vitesse) de la lumière. La relativité est en toute chose. Cette réalité bien assimilée, aurait permis aux flagorneurs du « Chemin d’Avenir » qui nous chantent à tue-tête la pseudo paix ; de comprendre qu’il ne s’agit point de comparer le taux de croissance du PIB ou de multiplier les municipalisations accélérées (sic). Il est plutôt question de mettre en exergue les occasions ratées par le Congo, faute d’alternance. Tout est donc relatif.
A l’approche de l’échéance électorale pour le moins périlleuse de 2016, Sassou fourbit ses armes ; au sens propre comme au figuré. De ses officines lugubres, il a sorti le chaudron du diable. Avec sa longue cuillère, il y fait macérer les pires ingrédients aux tentations crapuleuses : les pétrocfa, l’impudence, la corruption, l’achat des consciences. Le tourbillon n’épargne aucun parti politique : le cupide et le corrompu disputent la vedette à l’ambitieux et au parvenu. Les têtes ont commencé à tomber. Tels Jules César et les Romains de cette époque ; en prélude à la célébration des plaisirs étranges du grand empereur, Sassou et son clan se pâment d’aise de voir les gladiateurs être dévorés par les lions ou bien s’entretuer.
La goinfrerie du pouvoir de Sassou tourne au ridicule. C’est le moins qu’on puisse dire. Il n’est pas besoin de rappeler que Nelson Mandela ne s’est pas encombré de prétextes aussi sournois et fallacieux que des chantiers à terminer. De même, Madiba n’a jamais mis en avant une devise manichéenne du genre « C’est lui (Sassou) ou le chaos ». Sorti de vingt sept ans de prison, il n’a fait qu’un seul mandat. N’empêche, il est devenu une icône mondiale.
Dès qu’il aura réussi à mettre la constitution de Janvier 2002 sur le lit de Procuste, il passera à l’étape supérieure de son cacochyme projet. Ses sbires planchent depuis un moment sur un changement de régime qui aura selon eux, deux avantages. A l’issue d’un référendum aux dés pipés, l’actuel régime Présidentiel se muera en régime semi-présidentiel. Non seulement le semi-présidentiel contenterait tout le monde ; en plus, il fera sauter la clause limitative du nombre de mandats et de limitation d’âge. Un règne eternel garanti pour Saint- Dénis !
Un plan de gratification de tous les malfrats politiques qui ont fait torpiller la marche inéluctable de notre pays vers la démocratie, sera mis en branle. Un membre de l’UPADS sera nommé vice- Président et la primature reviendra au MCDDI de Brice Kolelas ou au (Dynamique républicaine pour la démocratie) DRD de Hellot Mampouya.
La mise en orbite de son secret d’Alcôve est tributaire de sa capacité à mettre au service exclusif de ses intérêts égoïstes, tout le marigot politique congolais, encore dubitatif dans son ensemble. Des géantes campagnes de distraction baptisées « Colloques sur l’unité nationale » vont être organisées à travers tout le pays pour détourner l’attention des congolais des vrais enjeux électoraux. A terme, la manœuvre politicienne consistera à non seulement conquérir tout le Nord, qui est loin d’être homogène ; en plus, il devra mettre le Pool dans sa poche, ce qui n’est pas une sinécure. Le gros morceau reste à n’en point douter, le Grand Niari et sa machine électorale : l’UPADS.
Un rapide passage en revue de cette stratégie nous édifie sur l’articulation d’un schème, où le subjectif se mêle à un fétichisme irrationnel. Déconcertant. Dans la partie septentrionale; après avoir réduit à néant les velléités déstabilisatrices des « Katangais », le dernier carré de résistance se trouve concentré entre les grandes figures tékés. Contre toute attente, les certitudes de Sassou ont été ébranlées par les révélations de ses féticheurs qui on vu les tékés succéder allègrement à son long et infécond règne. Reprenant à son compte les inepties de Jacques OKOKO « Même les tékés veulent diriger ce pays ?», il s’applique désormais à conjurer ce funeste destin.
Il avait cru à tort, bien sûr, que les complicités de Florent TSIBA et d’un André OBAMI ITOU auraient suffi pour anéantir la menace téké, la réalité est plus subtile que ça. Méthodiquement, il attache du plomb dans l’aile de quelques tékés susceptibles de contre carrer ses projets monarchiques de 2016. Sans coup férir, l’ex- insaisissable OKOMBI SALISSA est subitement frappé de disgrâce. Sa machine de guerre, le CADD-MJ est tout bonnement dissout et remplacé par la FMC. L’époque où il se distingua dans le rôle de redoutable chef Cobra au service de Sassou est révolue. Autre temps, autres mœurs et même autres alliés.
Autre caillou dans ses chaussures : Mathias DZON. Sassou a usé de toutes les turpitudes pour le priver de tout mandat public. Sans élus, il a de la peine à traduire dans l’opinion, son véritable poids politique. L’épisode mémorable de Gamboma où il fut déclaré battu alors que les électeurs de sa circonscription lui avaient accordé leurs suffrages, en dit long sur l’animosité que le satrape d’Oyo éprouve à son l’égard ; occultant au passage son apport dans le financement de la guerre du 5 juin 1997.
Le tonitruant colonel TSOUROU a quant à lui appris à ses dépens que le rôle de spadassin était le plus ingrat et qu’il ne pouvait aucunement servir de bouclier contre un assoiffé du pouvoir, prêt à tout. De fait, un dictateur n’a qu’une passion : lui-même, et une religion : le pouvoir.
Ce foyer de tension téké, une fois définitivement anéanti-au moins en apparence- il fallait s’assurer que l’OPA réalisée jadis sur le MCDDI de Bernard Kolelas pouvait bien être mise au service de ses ambitions de 2016. Mais surtout, ôter de façon définitive, toute envie aux deux entités politiques issues du MCDDI, de chercher à proposer une alternative à la politique calamiteuse du PCT. Rien de contradictoire, d’autant plus que le nouveau parti DRD de Hellot Mampouya s’inscrit également dans la majorité présidentielle et ne compte pas se couper de la main nourricière de Mpila.
L’UPADS aura du mal à se purifier du profond avilissement qui s’est abattu sur elle en organisant un congrès financé par celui-là qu’ils sont censés combattre. Ceux qui sont dans le collimateur de Sassou pour accomplir sa sale besogne, connaissent son cahier de charge. Ils doivent animer -le moment venu – la commission d’élaboration de l’avant-projet de loi portant nouvelle Constitution. Une Constitution qui instituera les postes de vice-président de la République et de premier Ministre. Les 400 millions de FCfa de Sassou ont fini par tracer la ligne de partage entre ceux qui comptent composer avec le pouvoir pour assurer la pérennisation de leur « boukoutage » et ceux là qui estiment qu’on ne peut combattre ce régime qu’en refusant de transiger avec les règles élémentaires de l’éthique politique.
Notre planète abrite encore des dictatures, ainsi je ne peux qu’aimer et vouloir la démocratie avant tout. Cette envie anesthésie le temps que je perdrais à comprendre et à critiquer tous ceux qui feront fi de cette grande avancée humaine. Il nous incombe donc de conjurer ce tragique destin qui semble enfermer notre pays dans une histoire trop difficile dans laquelle nous ne serons plus maîtres. Avec Sassou, le Congo n’avancera jamais, il ne recule même pas. Car on avance ou on recule en surface, de façon horizontale. Le mouvement du Congo, sous le règne de Sassou Nguesso, est vertical, mais dans le mauvais sens : le pays s’enfonce. Inexorablement.
Djess dia Moungouansi « La plume du Congo- libre ».