Au Congo-Brazzaville, pays béni de Dieu selon l’expression qu’affectionnait Monseigneur Ernest Kombo, les choses ne se passent jamais comme ailleurs.Lorsqu’on est dirigé depuis trente-trois ans par un braqueur électoral multirécidiviste de la trempe de Sassou Nguesso, on ne se laisse pas impressionner par les voleurs à l’étalage du marché du dimanche matin.
En réponse à la question du journaliste Adrien de Calan, Alain Mabanckou affirmait que : « L’opposition congolaise est l’opposition la plus bête au monde, je m’excuse de le dire, parce que elle ne sait pas ce qu’elle veut …. ». Nous sommes, malheureusement de plus en plus nombreux à partager cette opinion.
De quoi s’agit-il ?
Le mercredi 9 mars 2016, à onze (11) jours de l’élection présidentielle, suite à l’absence de consensus avec le ministre l’intérieur Mr Raymond Zéphirin Mboulou sur une CNEI véritablement indépendante, la plateforme Idc-Frocad avait décidé de mettre en place, un organe appelé Commission Technique Electorale (CTE), qui devait travailler en parallèle de la commission nationale électorale indépendante (CNEI)dirigée par Henri BOUKA,pour essayer de contrer les velléités de triche
du clan au pouvoir. D’après un communiqué du comité de coordination de la plateforme Idc-Frocad, daté du 9 mars, « la CTE avait pour mission de collecter, de traiter et de publier les résultats de l’élection présidentielle du 20 mars 2016, en ne s’appuyant que sur les fiches de résultats des bureaux de vote dûment établies, signées et affichées juste après le
dépouillement ». Pour rappel, la CTE avait été financée à hauteur de 5 millions de francs CFA par candidat de la plateforme Idc-Frocad, soit 25 millions pour les cinq candidats de l’opposition.
Le 2 avril 2016 c’est-à-dire deux jours avant la publication par le Ministre de l’intérieur des résultats dits officiels, la CTE publia les résultats partiels en se basant sur 80 % des procès-verbaux enregistrés. Ces résultats, faut-il le rappeler, donnait le candidat Guy Brice Parfait Kolelas en tête avec 30 % de voix, suivi du candidat Jean Marie Michel Mokoko avec 28 % de voix. Aujourd’hui, pour des raisons inavouées et par petits calculs politiciens, certains hommes politiques regroupés au sein du FROCAD,en manque de crédibilité demandent à corps et à cri à la CTE de publier les résultats définitifs comme si cela suffisait pour faire partir Sassou Nguesso. Nous ne sommes pas dupes. Nous savons et tous les responsables de la plateforme Idc-Frocad savent que si tous les résultats n’ont pas été publiés, c’est parce que la CTE ne disposait pas de la totalité des procès-verbaux (Talangaï, mais aussi plusieurs localités de l’intérieur du Congo).
Si la CTE publie les résultats définitifs bricolés au coin d’une table par certains fidèles continuateurs de l’œuvre du diable, nous déduirons que Monsieur Henri Bouka aurait donc fait des émules au sein de l’opposition Congolaise. Si ceux qui critiquent Sassou Nguesso font la même chose que lui, alors certains adeptes de l’appât du gain facile n’ont peut-être pas tort de préférer l’original à la copie.
Pourquoi la CTE veut publier les résultats « trafiqués » maintenant ?
Charles Bowao, le coordinateur de la plateforme Idc-Frocad affirmait à l’époque que : « Le gouvernement a mis en place une CNEI non paritaire et non indépendante, qui est un instrument de la minorité présidentielle actuellement au pouvoir » ; nous sommes en droit d’affirmer que la CTE est aujourd’hui l’instrument d’une minorité agissante, tapis dans le noir et qui tire les ficelles pour servir les intérêts de certains hommes politiques. Certaines questions méritent d’être posées aujourd’hui. En voulant coûte que coûte publier les résultats :
– La CTE veut elle déclarée Sassou Nguesso vainqueur de la présidentielle de mars 2016 ou confirmer ce que nous savons déjà?
– Souhaiterait-t-elle inverser les résultats afin de changer les équilibres politiques au sein de l’opposition ?
– Quelles nouvelles dynamiques créeraient la publication de ces résultats ?
Nos questions demeurent aujourd’hui sans réponses.
Toutefois, si la CTE prend l’engagement de publier des résultats biaisés, alors l’honnêteté et la transparence exigent qu’elle puisse publier aussi tous les procès-verbaux issus des bureaux de vote signés par les assesseurs de tous les candidats à la présidentielle. L’opposition ne peut exiger au pouvoir ce qu‘elle ne peutoffrir en premier.
Faire le médecin après la mort n’honore ni l’opposition congolaise encore moins ceux qui, à quelques jours de la convention Idc-Frocad souhaiteraient mettre sur orbite celui qu’ils considèrent comme le principal leader de l’opposition et donc potentiel Premier Ministre de la transition au cas où Sassou Nguesso accepterait le principe du dialogue inclusif.
Proclamer les résultats aujourd’hui, c’est signer la fin de la plateforme Idc-Frocad. Nous comprenons mieux pourquoi les militants des partis Upads de Tsaty Mabiala, Codeha de Guy Brice Parfait Kolelas et Must de Claudine Munari ne cessent de réclamer la mise en place d’une nouvelle plateforme politique de l’opposition. Une chose est sûre, nous ne laisserons pas les aliens politiques pisser sur la mémoire de nos frères et sœurs qui sont morts pour défendre la démocratie au Congo. Nous sommes pour l’unité au sein de la plateforme Idc-Frocad, mais pas sous la forme et dans la logique que les fossoyeurs de l’unité de l’opposition souhaiteraient l’enfermer aujourd’hui.
Si nous nous opposons aux pratiques anormales et nauséabondes du PCT, ce n’est pas pour accepter les pratiques peu convenables de l’Idc-Frocad.
Par: Luc MAMPASSSI