Depuis la montée en surface du débat sur le changement ou non de Constitution, certains cadres de la majorité au pouvoir en font les frais, d’autres, par contre, sont à nouveau mis en selle. En rapport donc avec ce débat, la scène politique nationale n’a pas fini de livrer ses surprises.

Après les départs, dès les premiers instants du débat en cours, d’André Okombi Salissa et de Charles Zacharie Bowao, c’est au tour de Benoît Moundele-Ngollo, ancien préfet de la ville capitale, d’essuyer le courroux redoutable de Denis Sassou-N’guesso. En effet, l’ex-préfet de Brazzaville se serait fendu de plusieurs lettres par lesquelles il recommandait au chef de l’Etat de veiller au respect de la Constitution du 20 janvier 2002. Un peu comme Bowao, Moundele-Ngollo s’est servi de sa plume d’écrivain pour rappeler au président le respect des dispositions intangibles de la loi fondamentale.

Basile Ikouébé aurait déjà présenté sa démission

Il paraît, selon certaines indiscrétions, que Denis Sassou-N’guesso n’aime pas lire pareilles missives. Pour la petite histoire, Jean Martin Mbemba lui en avait adressé une dans le cadre de l’affaire Ntsourou, avant de se faire dire : « il ne faut pas que Mbemba blague avec moi heeeiiiinnnn ! ». Dans le cadre des lettres de Bowao et Moundele-Ngollo, il semble que la réponse du chef aurait été : « ils ne sont pas fatigués d’écrire ? ».

Tout au moins, Basile Ikouébé n’a pas écrit pour exiger le respect de la Constitution. Il a plutôt écrit pour présenter sa démission depuis qu’il se heurte aux filles du chef de l’Etat. Verbalement, le ministre des Affaires Etrangères aurait aussi signifié à Sassou qu’il voudrait se reposer. Et qu’en plus, il lui aurait conseillé de respecter la Constitution. Au-delà, certains diplomates pensent que c’est surtout l’affaire des faux passeports diplomatiques abondamment relayée par notre confrère Le Glaive, qui va emporter l’actuel ministre des Affaires Etrangères du Congo. Son ambassadeur en France, Henri Lopes, s’est en revanche dédouané à travers une lettre adressée aux dépêches de Brazzaville.

Même si en coulisses, il confierait à ses proches que le « changement de Constitution est sans objet ». Dans certains milieux l’on pense que Lopes aurait subi des pressions pour ne pas se mettre en porte à faux avec Sassou.

Un adverse politique de plus pour le locataire du Palais du peuple

Le général Jean Marie Michel Mokoko a quant à lui surpris par le ton direct utilisé dans l’interview qu’il a accordée à notre confrère Zenga Mambu. « Non au changement de Constitution », c’est la substance de cette interview. Sassou, spécule-t-on, aurait piqué un soleil en apprenant qu’un général, qui plus est, son ancien conseiller en matière de sécurité, abonde dans le même sens que les Okombi.

Un adverse politique de plus pour le locataire du Palais du peuple. En guise de riposte, argumente-t-on dans les milieux du pouvoir, Sassou a dû faire halte à Makoua, sur son chemin de retour de Ouesso. Au village de son directeur de cabinet, il se dit que le président de la République aurait fait parvenir un message de ressaisissement au général Mokoko, par le biais des sages « adjimbistes » Makoua. Mokoko prendra-t-il peur pour ne pas subir le courroux des sorciers makoua en évitant d’aborder la question qui fâche ou tiendra-t-il bon comme un militaire de son rang pour aller jusqu’au bout de sa pensée ? S’interrogent les observateurs de la scène politique nationale.

Pierre Oba retrouve du service

Le débat sur le changement de Constitution ne fait pas que des malheureux. Pierre Oba peut s’estimer heureux. Longtemps placé dans le deuxième cercle du pouvoir, le ministre des Mines et de la Géologie est à nouveau au centre du dispositif sécuritaire et politique. Selon certaines indiscrétions, c’est lui qui aurait concocté le plan de l’ultime assaut du domicile du colonel Marcel Ntsourou.

A la faveur du dialogue de Sibiti, il a su rebondir. C’est à lui que Sassou aurait confié la mission de jouer au maître de mise en scène de ce que les opposants appellent : « monologue de Sibiti ». Selon nos sources, sur la quinzaine de ministres présents à Sibiti, Pierre Oba paraissait comme le chef de la délégation gouvernementale.

C’est lui, spécule-t-on, qui soufflait et inculquait la stratégie à adopter pendant le dialogue à Obami Itou. « Tout se passait comme dans un théâtre d’ombres », confie une source. Lorsque que Kinouimbi Kiamboungou menace de déserter la salle, c’est Oba qui use encore de sa stratégie diplomatique pour le ramener dans les rangs.

En ces temps de crise politique, Peter, pour de méchantes langues, en référence à ses fréquentations nocturnes, à l’époque de l’apartheid, du sanguinaire Peter Botha, retrouve du service. C’est lui qui finance l’essentiel des associations bidons qui naissent comme des champignons, ces derniers temps-ci à Brazzaville. Si Sassou l’a sorti de l’ombre, c’est que l’heure est vraiment grave dans le camp présidentiel.

jocelin LIKIBI