Jean Ngouabi Akondjot
Par KAUD
Longtemps attendu, le procès de Jean Ngouabi Akondjot, Jacques Banangandzala, Anatole Limbongo Ngoka, ainsi que Yvon Sendé-Moungondo, s’est enfin ouvert le lundi 5 juin 2018, à Brazzaville. Accusés précédemment d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, les quatre co-accusés dans l’affaire Jean-Marie Michel Mokoko n’avaient pas été appelés à la barre lors du procès du général qui a été condamné à 20 ans d’emprisonnement par la Cour d’appel siégeant en session criminelle.
Dessaisis de ce principal chef d’accusation, ils sont maintenant jugés en première instance par la première chambre correctionnelle. L’audience est présidée par Valérien Embenga, vice-président du Tribunal de Grande Instance de Brazzaville.
La chambre d’accusation a abandonné par manque de preuves certaines accusations contre des prévenus dans l’affaire Jean-Marie Michel Mokoko. Il s’agit d’Anatole Limbongo Ngoka, son directeur de campagne lors de l’élection présidentielle de 2016; Jacques Banangandzala, directeur national-adjoint de campagne du candidat André Okombi Salissa, responsable dans ce cadre des départements de Brazzaville et du Pool; Jean Ngouabi Akondjot, directeur de campagne de Mokoko à Makoua; Marcel Pika et Yvon Sendé-Moungondo. Le principal accusé, on le sait, a été jugé et condamné à vingt ans de prison ferme. En aucun moment, les co-détenus sont passés devant la barre, alors qu’ils devaient tous être jugés ensemble. Au premier jour de l’audience, les accusés ont nié les faits qui leur sont reprochés. Ils parlent plutôt d’un complot. Ils étaient placés en détention à la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), puis transférés et placés depuis deux ans à la maison d’arrêt centrale de Brazzaville. Pendant son interrogatoire, Jean Ngouabi a reconnu qu’il est l’oncle du général Mokoko. C’est à ce titre, d’ailleurs, qu’il s’était engagé, selon lui, dans sa campagne électorale. «Le général n’avait pas d’argent. J’ai dû utiliser mon argent pour faire sa campagne à Makoua. A bout d’argent, j’ai appelé Jacques Banangandzala, mon ami, pour lui demander de me prêter 100.000 F.Cfa, pour acheter ne fût-ce que le carburant et rentrer à Brazzaville. Voilà, comment ce dernier a été arrêté, tout comme moi, d’ailleurs. On nous accuse d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et d’incitation au trouble à l’ordre public. Il n’en est rien», a-t-il protesté. L’accusé a décrit les conditions de son transfert à Brazzaville. «On m’a fait venir à Owando, puis à Oyo. Sur la route pour aller prendre l’avion à Ollombo, j’ai été copieusement tabassé. Je suis arrivé presque mort à Brazzaville. Aussitôt, j’ai été conduit à la DGST où on m’a gardé pendant 28 jours, dans une chambre obscure qu’on appelle Guatanamo. J’ai un problème de vue aujourd’hui», a-t-il révélé.
Quant à l’entrepreneur Yvon Sendé-Moungondo, il est accusé d’avoir recruté à Sibiti 300 jeunes qui devaient obéir au mot d’ordre de désobéissance civile. Fait qu’il aurait reconnu lors de son interrogatoire à la DGST. A ce sujet, l’accusé a montré à la Cour sa main amputée de deux doigts. «Vous voyez ça. J’ai perdu mes deux doigts pendant la torture. Je ne pouvais que signer le procès-verbal. Vous êtes ici, mais vous ne savez pas ce qui se passe là-bas. Maintenant que je suis devant vous, je vous dis la vérité. C’est faux. Il n’est rien tout ça».