Par : Jean-Claude BERI
« Le vieillard se chauffe avec le bois ramassé dans sa jeunesse. » proverbe africain
« Les jeunes subissent de sévères sanctions au nom du respect des valeurs mercantiles absurdes dictées et imposées par le pouvoir. «On embauche que ceux qui obéissent, la loi du Tosa ô lia régnant comme devise absolue ». Les jeunes congolais qui rêvaient de vivre dans un pays où la liberté serait respectée, la dignité comme valeur morale et la réduction des inégalités comme locomotive du raffermissement de la solidarité se retrouvent contraint à prostituer leurs consciences et leurs talents pour des viles promesses économiques. » JCB
57 ans après les indépendances le Congo-Brazzaville n’a jamais connu une si baisse de prise en compte des problématiques de sa jeunesse. Le sentiment sous-jacent de déconnexion des politiques perçu par les citoyens congolais est plus ressenti par les jeunes congolais
Nos jeunes souvent critiqués à tort pour leur passivité et leur attitude proche de la soumission absolue, ils sont pourtant parmi les plus instruites de la zone CEMAC. Son potentiel n’est plus à démontrer tant sa capacité à survivre dans les conditions les plus inimaginables surprennent plus d’un expert en la matière. Ce n’est pourtant pas son point fort, c’est une jeunesse diplômée, ouverte sur le monde et connectée à internet, mais ne trouve pas satisfaction à ses premières aspirations, malgré sa compétence : L’Emploi. Elle se laisse abuser, manipuler par des promesses fallacieuses ces marchands d’illusions qui se sont érigés à la tête du pays. Doit-on encourager notre jeunesse à une révolte? D’aucuns diront que c’est la seule solution pour bousculer une frange des élus claniques et toute la famille présidentielle qui s’enrichissent illicitement au détriment de cette jeunesse à l’avenir incertain et surtout abandonné. De même, il existe d’autres pistes à explorer qui peuvent rassembler tous les congolais autour des réalisations unitaires pour tous et surtout pour le vrai changement.
Il n’est plus à démontrer que la violence ne résolve pas forcément le problème. Elle est source de tension et génère des sacrifices humains, cause des dégâts infrastructurels nécessitant des ressources supplémentaires pour rebâtir ce qui a été détruit ou rendu inopérant par l’action d’une quelconque révolte. Vous me répondrez qu’on ne fait pas une omelette sans casser les œufs. Certes l’hypothèse a déjà fait ses preuves. C’est pourquoi cette démarche, ne devrait être que l’ultime recours lorsque toutes les possibilités ont été examinées et conclues à un mutisme insupportable. Il n’est pas non plus une solution à écarter d’un revers de main dans la recherche d’une solution satisfaisante pour le peuple. Quoi qu’il en soit, le peuple congolais aspire actuellement à plus de travail et de démocratie en dépit d’une gestion tentaculaire et clanique du pouvoir actuel.
Avec la situation qui se dégrade au jour le jour ce sont des questions qui angoissent les dirigeants au pouvoir depuis des années, tétanisés à l’idée que la mobilisation prenne et se répande telle une traînée de poudre. Car les jeunes sont une matière inflammable, l’histoire est là pour le rappeler aux oublieux. Lorsque plus de la moitié de la population congolaise vit dans le dénuement total privé d’un minimum social, on est loin d’apprécier des discours creux, vide, en guise de récompense tardive. Ce sont sa politique et ses choix qui sont largement responsables du creusement de la pauvreté, d’une corruption destructrice, d’un système clanique et répressif qui entraîne le peuple congolais dans les méandres de la pauvreté.
Pourtant lorsqu’on 1997 Mr SASSOU revenait au pouvoir par un coup d’état sanglant et très meurtrier, le pays comptait 287.917 chômeurs. Quinze ans après nous atteignons les 1.053.101 chômeurs pour une population d’environ 4.000.000 millions d’individus. Soit 765.184 chômeurs de plus sous ce nouveau règne chaotique de ce pouvoir. Si l’on se réfère au tableau inspiré des chiffres du BIT, nous ne sommes pas loin des chiffres inimaginables des chômeurs dans les deux grandes villes et ses périphéries urbains (1). C’est trop pour un pays dont les richesses et les potentialités de ressources naturelles ne peuvent justifier un écart aussi affolant de chômeurs.
Ce que vous voyez à Brazzaville et à l’intérieur du pays, c’est-à-dire le désœuvrement d’une jeunesse alcoolisée, endoctrinée et dressée à l’école sans morale comme les animaux du cirque n’est que les étapes d’une politique conçue pour maintenir le pouvoir clanique au firmament de l’Etat. On vous bande les yeux avec des peccadilles éphémères. C’est le règne de l’escroquerie politique qui avalise le mépris et l’enrichissement sans pudeur.
La triste période mouvementée que traverse le Congo, doit être l’occasion pour notre jeunesse de se ressaisir. Les jeunes en particulier dont l’avenir dépend des choix du présent, ont intérêt à abandonner le monde des promesses illusoires pour se pencher sur le monde des possibilités, de l’action. Cette jeunesse doit refuser la dictature des marchands de sables et prôner l’élévation par soi-même vers l’excellence. La plainte disant « ils nous ont trompé, ils sont tous pareils » n’est plus recevable, maintenant que cela est su.
Pour déjouer les manœuvres de cette escroquerie politique, la tâche essentielle de la jeunesse congolaise consiste à débusquer l’action de la propagande politique dont elle est victime en élaborant une procédure d’alerte, d’information de refus de la compromission. Posez-vous les vraies questions, lorsque l’homme politique vient vous aborder. Quel est son passé, comment s’est-il enrichi, qu’a-t-il fait pour son village, sa région et son pays bref quel est sa vision pour le Congo ? Vous vous rendriez vite compte que l’on vous encourage à la facilité pour mieux se servir de vous.
Il ne serait qu’utopique de croire au redressement de la barre d’une jeunesse en perdition au Congo-Brazzaville. Il est temps de se réveiller et de se prendre en main. Sinon au risque de pleurer éternellement sur ce qu’on aurait dû faire dans le passé. Or la jeunesse c’est regarder vers demain avec l’ambition que le futur soit différent du présent.
« Ne laissez pas le feu qui brûle en vous s’éteindre, irremplaçable étincelle par étincelle, dans les sables mouvants sans espoir de l’approximatif, du pas assez, du pas tout de suite, du pas du tout. Ne laissez pas mourir le héros qui est en vous, dans la frustration solitaire d’une vie que vous méritiez mais n’avez jamais pu atteindre. Contemplez le chemin à parcourir et la nature de votre bataille. Le monde que vous désirez peut être atteint, il existe, il est réel, il est possible, il est à vous. Mais l’atteindre requiert une implication totale et une rupture totale avec le monde de votre passé, avec la doctrine selon laquelle l’homme est un animal sacrificiel qui existe pour le plaisir des autres. Battez-vous pour la valeur de votre personne. Battez-vous pour la vertu de votre fierté. Battez-vous pour l’essence, qui est l’homme, pour son esprit rationnel souverain. Battez-vous avec la certitude rayonnante et la rectitude absolue de savoir que votre moralité est celle de la vie et que votre bataille est celle de tout accomplissement, toute valeur, toute bonté, toute joie qui ait jamais existé sur cette terre. » –Ayn Rand (2)
L’éducation des jeunes congolais devenue de plus en plus inégalitaire met en exergue la mauvaise politique du gouvernement congolais qui applique des réformes qui ont conduit à la fuite d’environ 8.000 enseignants de l’enseignement ces 18 dernières années. Ce constat médiocre, voire mauvais, de cette politique mise en cause par l’UNICEF et d’autres organismes éducatifs, est le résultat d’une politique dangereuse et irresponsable menée depuis 1997 par les gouvernements successifs congolais.
Reste à savoir si l’avenir, et plus encore le sort de la jeunesse, est réellement placé au cœur des grandes stratégies que requiert notre société. Loin des grands discours et grandes incantations, les réponses imposent une mobilisation permanente de tous les acteurs : politiques, chefs d’entreprises, syndicalistes, jeunes eux-mêmes… A quand la mise en pratique concrète de la campagne « jeunesse priorité des priorités »
Jean-Claude BERI
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(1)Taux de chômage BIT
Mise à jour le Mardi, 15 Mars 2011 07:38 Écrit par Léonard Nabassemba Mardi, 15 Mars 2011 07:29
Centre National de la Statistique et des Etudes Economiques (CNSEE)
Taux de chômage au sens du BIT (%) | |||||||
15 – 29 ans | 30 – 49 ans | 50 – 64 ans | Ensemble (15 – 64 ans) | Hommes | Femmes | Chômage élargi (15 – 64 ans) | |
Brazzaville | 27,4 | 14,8 | 4 | 17,6 | 13,5 | 20,5 | 28,6 |
Pointe Noire | 21 | 9,1 | 9,3 | 13,4 | 11,5 | 15,8 | 32,1 |
Urbain Congo | 25 | 12,7 | 5,4 | 16,1 | 13,9 | 18,3 | 26,6 |