Au Congo-Brazzaville, le règne du m’enfoutisme bât son plein et le pays est plongé sous une anesthésie nationale. On se croirait dans un feuilleton où l’incompétence et la médiocrité sont récompensées en lieu et place de l’excellence. La gestion calamiteuse des mairies qui de plus en plus part en lambeaux n’émeut plus ces responsables qui s’en accommodent.
De même, l’anarchie et la mauvaise gestion qui embrasent toutes les mairies du pays, comme le mistral souffle l’incendie de pin en pin sont devenues des lots de calvaires quotidiens des citoyens congolais. Le dévouement aveugle et teinté d’un clientélisme ignoble des gestionnaires des mairies est en cause. Les administrateurs-maires des villes du Congo efficaces en étalage de l’opulence douteusement acquise, sont loin d’être des modèles en calculs.
Le laxisme et l’anarchie des Administrateurs-Maires
On a l’impression que le monde moderne actuel va trop vite pour les Administrateurs-Maires du Congo-Brazzaville qui sont reclus dans un archaïsme notoire.Les problèmes tels, l’insalubrité, la gestion des déchets et des sacs plastiques, l’extension incontrôlée des marchés et des boutiques qui ne se conforment à aucune norme d’hygiène, de sécurité et incendie, l’absence ou la mauvaise gestion des plans d’urbanisme, les carences en eau et électricité qui sont des fléaux de nos villes modernes sont pourtant loin des préoccupations premières des ces administrateurs municipaux. Actuellement dans toutes les mairies du Congo-Brazzaville, il n’existe aucun centre homologué pour abattage des animaux domestiques. Ce manquement grave conduit inexorablement à des pratiques illicites très dangereuses pour la sécurité alimentaire des citoyens. En guise de récompense, ces Administrateurs-Maires sont immuables à leurs postes. Dans d’autres cieux, cela entrainerait une condamnation en justice pour non conformité et exposition dangereuse des produits pouvant porter atteinte à la vie des citoyens.
Toutes les villes du Congo sont dépourvues d’abattoirs modernes et cela constitue un véritable problème de santé publique. Les deux grandes villes du pays (Pointe-Noire et Brazzaville) brillent par l’absence des abattoirs modernes pouvant répondre aux exigences techniques et sanitaires. A Brazzaville, l’ancien abattoir situé à Kinsoundi (Arrondissement 1 Makélékélé) n’est plus opérationnel depuis plusieurs années. Les commerçants refusent de se réinstaller à l’abattoir de Kinsoundi du fait que ce lieu aurait été le théâtre d’un passé triste pendant les années de guerre civile de 1997 (exécution sommaire de nombreux congolais). Ainsi on a déplacé la pratique de cette activité à Mpila, dans la zone industrielle. Il se trouve que même dans ce nouveau lieu, la Mairie ne se préoccupe pas de l’insalubrité et le respect des règles d’hygiène inhérente à l’exercice de ce métier. On y découvre les trainées de sang et de boyaux offrant un spectacle odieux digne d’un remake de Dracula. Dans ce même lieu, à Mpila, les langues se déliant aujourd’hui, de nombreux congolais pensent qu’il a servi d’un des lieux d’exécution et d’enterrement de congolais. La proximité du fleuve a également servi de lieu propice pour faire disparaître les corps des victimes.
De nombreux congolais refusent d’aller faire abattre leurs ovins dans ces deux lieux cyniques. Ils font désormais l’abattage des ovins dans des parcelles. A Poto-Poto et à Moungali, c’est dans les parcelles que les commerçants pratiquent l’abattage des bovins tous les jours et en l’absence de tout contrôle d’hygiène et de règles appropriées de conservation. Ces pratiques illicites ont lieu également dans toutes les mairies de Pointe-Noire. C’est ainsi que certains inciviques se sont mis à abattre des chiens pour les vendre dans les marchés ou dans les restaurants « Malewa ».
Promouvoir des abattoirs frigorifiques modernes dans toutes les régions
Faut-il le rappeler qu’un abattoir doit être considéré comme un élément de la filière bovine dépendant du ministère de l’agriculture et de l’élevage ? Au regard de la défaillance et l’anarchie des mairies de Brazzaville et de Pointe-Noire, le gouvernement doit prendre la décision de construire des abattoirs modernes, sur des nouveaux sites. Ces derniers seraient des outils performants qui respecteront les normes d’hygiène et de santé publique en matière d’abattage. En effet, l’évolution de la réglementation, notamment en matière d’ESB (Encéphalopathie Spongiforme Bovine), obéit actuellement à la règle de traçabilité nécessitant la mise en place des structures identifiables et contrôlables de façon à préserver les consommateurs contre les risques liés à l’hygiène et à la sécurité alimentaire. L’existence de l’abattoir donne les moyens aux socioprofessionnels de bénéficier de toute la logistique nécessaire à l’organisation et au conditionnement de leur production. Il est non plus sans intérêt de préciser l’opportunité d’emploi que peut générer cette activité.
Cet outil permettra de remplir pleinement les objectifs affichés en matière de développement et de structuration de la filière élevage dans toutes les villes du Congo. Les abattoirs permettent de tenir des statistiques de consommation afin de permettre au gouvernement de faire des projections des besoins de production et de consommation de la population. A ce jour, au Congo, aucun organisme ne peut chiffrer le tonnage actuellement abattu. A défaut de viande locale, les Congolais consomment la viande conditionnée importée.
La construction des abattoirs modernes permettra d’envisager à moyen terme, l’arrivée dans la zone d’autres activités entrant dans l’essor de la filière agro-alimentaire. L’abattoir remplirait ainsi sa fonction de catalyseur des énergies et des moyens de développement de la filière bovine du Congo.
Les Collectivités Régionales et Municipales ont prouvé depuis plus d’une quinzaine d’années leur incapacité en la matière, le gouvernement à travers le ministère de l’agriculture et de l’élevage et le ministère de la consommation doivent porter ce projet en tant que soutien au développement économique du Congo. Il doit pour cela déployer des moyens financiers convenables pour l’importance de ce projet pour répondre à cet enjeu majeur qu’est le développement de l’élevage et la préservation de la santé des Congolais.
Il est utile que dans chaque région du pays que des abattoirs modernes soient érigés. Ces derniers doivent être polyvalents pour permettre de couvrir plusieurs opérations. Par exemple le traitement de la découpe à l’expédition, une zone d’extension de découpe, charcuterie et ressuage, etc.
L’abattoir rendra ainsi service aux éleveurs qui vont pouvoir mieux structurer entre autre la filière bovine, porcine et caprine. Ce nouvel outil moderne, conforme aux normes de santé publique devrait permettre :
– d’effectuer des abattages dans des conditions sanitaires respectueuses de la réglementation,
– de renforcer la sécurité alimentaire,
– de mieux prendre en compte les exigences liées à la traçabilité et surtout de relancer l’élevage au Congo en termes de production.
Chris Abela, www.dac-presse.com