« On ne négocie pas avec des terroristes » disait le ministre de la justice Pierre Mabiala au début de cette crise du Pool.
Le même vocable était appuyé par le ministre de la communication Thierry Moungalla qui disait que les terroristes ne bénéficient pas d’un espace de dialogue avec un pouvoir.
Rien que par ces deux raisons, les populations avaient compris que le dialogue entre le pouvoir de Brazzaville et le Pasteur N’toumi était impossible. Et le procureur de la République avait quant à lui infligé au Pasteur N’toumi et à deux de ses lieutenants un mandat d’arrêt appuyé par la traque menée par les militaires dans le Pool.
Après une année et demie de traque en vain, le pouvoir est revenu sur sa décision en projetant une main tendue au Pasteur N’toumi à travers une plate-forme que les uns et les autres appellent par dialogue. Seuls le Pasteur N’toumi et le pouvoir prendront part à ce dialogue? Là est la question Or, le dialogue politique est exigé par les opposants dits « radicaux » depuis le 4 avril 2016 au sortir de l’élection présidentielle contestée. Pour ces opposants, c’est la tricherie née de la victoire de l’actuel Chef de l’Etat qui serait l’élément déclencheur de cette crise dans le Pool où se terre le Pasteur N’toumi. Cette opposition demande, depuis, un dialogue où prendront part toute les sensibilités politiques et la société civile pour regarder de près les tenants et les aboutissants de cette crise du Pool
A côté de cette exigence figure également la libération de tous les hommes incarcérés à cause de l’élection présidentielle contestée. Or, le pouvoir de Brazzaville n’entend pas reconnaitre les prisonniers politiques au Congo Brazzaville. Pour lui, les gens en prison le sont pour des délits de droit commun. Ce qui veut tout simplement dire que les opposants «radicaux» et le pouvoir n’accorderont pas leurs violons sur ce point qui compromet déjà leur participation à ce dialogue.
Un autre point qui minerait la tenue de ce dialogue, c’est la participation de N’toumi.
Aux premières heures de son retrait dans le département du Pool N’toumi avait par une déclaration sur les chaines étrangères exigée un dialogue politique avec le pouvoir de Brazzaville en conditionnant la crédibilité de celui-ci par la présence de la communauté internationale. Aujourd’hui, les dés sont jetés. Le dialogue doit se tenir. Mais la question que le commun des mortels se pose est de savoir si N’toumi y prendra part lorsqu’on sait qu’il draine un mandat d’arrêt sur sa tête. Et l’esprit de méfiance qui plane au-dessus de ce rebelle peut pousser ce dernier à exploiter la politique de la chaise vide. Car, tenant compte de ses exigences non respectées, il « prendrait » ce dialogue comme un piège.
Ensuite, intervient la question de l’homme commis pour l’organisation de ces assises. Isidore Mvouba, pilier du Pouvoir de Brazzaville pose également problème au niveau de l’opposition et de certaines ONG des droits de l’homme.
Dans un passé récent, Mvouba était friand des terminologies de la capture obligatoire du rebelle du Pool. Par cette position, les opposants ne trouvent pas en lui les qualités d’un homme impartial à la hauteur de la communauté internationale exigée.
L’autre volet qui risque de freiner ce dialogue, c’est l’ordre du jour, autrement dit la question de quoi vont-ils parler. Connaissant les pratiques du pouvoir de Brazzaville dans l’organisation des dialogues au Congo, les opposants redoutent que ce pouvoir façonne un ordre du jour à l’avance. Or, la logique voudrait que les sujets à débattre soient retenues séances tenantes. Mais d’habitude, le pouvoir de Brazzaville conçoit seul les ordres du jour. Ce procédé pourrait également faire capoter ce dialogue.
Enfin, reste la date et le lieu de la tenue de ce dialogue. La date n’est pas révélée, mais la clameur publique parle de la ville de Kinkala où ne devront prendre part que les cadres de cette région. D’autres indiquent que c’est au Palais des Congrès que se tiendra cette rencontre.
D’abord, la question d’une retrouvaille des seuls cadres du Pool à ce dialogue est déjà rejeté par les opposants qui pensent que « le Pool est une région du Congo ; les populations qui souffrent sont des congolais, la solution de sortie de crise de cette région doit être trouvée par l’ensemble des Congolais. Les cadres du Pool ont montré leurs milites. Les congolais doivent s’asseoir, se parler pour chercher la solution qui permettra la réinstauration de la paix dans cette région. Cet exercice n’incombe pas seulement aux seuls cadres ou fils du Pool ».
En somme, Isidore Mvouba a du pain sur la planche pour organiser ce dialogue. Car le côté restreint de ces assises, c’est le manque de confiance entre les acteurs politiques qui risque de pousser sur l’importance de faire appel à un facilitateur comme au Togo. Car l’odeur d’un échec commence à se sentir.
Sébastien Patrick DZEBA
LA GRIFFEINFOS JOURNAL