Jean-Sylvestre ITOUA
Par : Jean sylvestre ITOUA
… les gouvernements congolais et chinois occultent la vérité sur la dette congolaise. De sources dignes de foi, parallèlement à l’accord de rééchelonnement entre Eximbank chine et l’Etat congolais, il a été conclu un autre accord entre la SNPC et Eximbank chine, accord dont le contenu n’a pas été révélé. Dans un souci de transparence, il est hautement souhaitable que les deux gouvernements rendent publique la convention qu’ils ont signée sur la dette du Congo envers la Chine ….
A sa sortie d’une audience au palais présidentiel avec le président congolais, il y a un peu plus de deux semaines, l’Ambassadeur de Chine au Congo a déclaré que l’Etat chinois a annulé la dette gouvernementale sur le Congo-Brazzaville, pour un montant de 20 millions de dollars, soit environ douze milliards de FCFA. Il a ajouté que la dette gouvernementale n’était pas à confondre avec la dette privée qui a fait l’objet d’un accord de rééchelonnement entre l’Etat congolais et Eximbank Chine.
Cette déclaration prête à confusion et mérite une clarification dans la mesure où, d’une part, un si faible montant abandonné ne résout aucun problème du lourd endettement du Congo vis-à-vis de la Chine, et d’autre part, où Eximbank Chine est une propriété de l’Etat chinois et ne fait qu’exécuter les ordres de ce gouvernement dans le montage des financements. La dette du Congo envers Eximbank Chine n’est donc pas une dette privée comme le donne à entendre l’ambassadeur de Chine au Congo.
Pour rappel, la dette du Congo-Brazzaville envers la Chine comporte quatre volets :
- les prêts préférentiels ;
- les prêts du partenariat stratégique ;
- les prêts gouvernementaux ;
- les prêts des entreprises privées chinoises.
Les trois premières catégories de prêts sont consenties à l’Etat congolais par l’Etat chinois. Les prêts préférentiels et les prêts du partenariat stratégique sont gérés par Eximbank Chine. Cette dernière qui est une banque de l’Etat Chinois comprend deux guichets :
- le guichet commercial qui gère les prêts dont le taux d’intérêt est égal ou supérieur à 3% ;
- le guichet concessionnel qui gère les prêts dont le taux d’intérêt varie entre 0 et 2,99%.
Les prêts gouvernementaux relèvent de l’aide publique chinoise au développement. Ils sont consentis par l’Etat chinois, à un taux zéro et sont gérés par la Banque de Chine. Quant à la dette des entreprises privées chinoises sur l’Etat congolais, elle résulte des impayés sur les travaux réalisés par les entreprises chinoises privées pour le compte de l’Etat congolais, dans le cadre du budget d’investissement et se distinguent nettement des prêts préférentiels et des prêts du partenariat stratégique, gérés par Eximbank Chine, ainsi que des prêts gouvernementaux, gérés par la Banque de Chine.
En définitive, la dette du Congo envers la Chine qui a fait l’objet d’un accord de rééchelonnement entre l’Etat congolais et Eximbank Chine, est la dette commerciale, c’est-à-dire, celle dont le taux d’intérêt est égal ou supérieur à 3%. La dette dont une partie a été annulée, est celle qui se rapporte à l’aide publique au développement, c’est-à-dire, celle consentie à un taux zéro.
En tout état de cause, il est à noter que sur une dette chinoise d’un montant de deux mille milliards de francs CFA, soit environ le tiers de la dette extérieure du Congo, évaluée à neuf mille milliards huit cent millions de dollars us, soit, cinq mille sept cent quatre- vingt milliards de fcfa, l’annulation de 12 milliards de francs CFA est une goutte d’eau dans la mer. Il n’y a donc pas de quoi pavoiser, car, cette annulation modique n’est pas déterminante pour faire avancer les négociations avec le FMI.
Par ailleurs, les gouvernements congolais et chinois occultent la vérité sur la dette congolaise. De sources dignes de foi, parallèlement à l’accord de rééchelonnement entre Eximbank chine et l’Etat congolais, il a été conclu un autre accord entre la SNPC et Eximbank chine, accord dont le contenu n’a pas été révélé. Dans un souci de transparence, il est hautement souhaitable que les deux gouvernements rendent publique la convention qu’ils ont signée sur la dette du Congo envers la Chine, ainsi que ses annexes. Cela contribuerait à lever le voile qui entoure la dette Chinoise sur le Congo-Brazzaville, comme le demandent du reste, les Conseils de l’Etat congolais, monsieur Dominique Strauss kahn, ancien Directeur général du FMI, et monsieur Mathieu Pigasse, patron de la banque Lazard, dans une lettre au Premier ministre congolais, monsieur Clément Mouamba.
A toutes fins utiles, l’on sait que six dignitaires membres du clan au pouvoir au Congo ont logé dans des comptes privés, ouverts dans les écritures des banques chinoises en général, d’Eximbank chine en particulier, des sommes colossales dont le montant total excède très, très largement la dette extérieure du Congo. A eux seuls, ils totalisent plus de seize mille milliards de dollars us (soit, neuf mille six cent milliards de fcfa) de dépôts dans les banques chinoises. Comme on peut le constater, cette somme faramineuse est de loin supérieure à la dette extérieure totale du Congo, évaluée comme indiqué supra à neuf milliards huit cent millions de dollars us, soit, cinq mille sept cent quatre-vingt milliards de fcfa
Aujourd’hui, les caisses de l’Etat sont désespérément vides et ne permettent pas de faire face aux paiements courants et aux échéances échues de la dette. A ce propos, beaucoup d’observateurs ne comprennent pas que l’Etat congolais soit en BANQUEROUTE, ce, d’autant que la SNPC continue de vendre la part de pétrole qui revient à l’Etat, en application du contrat de partage de production, part qui varie entre 35 et 40% de la production nette et que le prix du baril de pétrole tourne actuellement autour de 60 dollars us . Où va donc l’argent du pétrole du Congo ?
Jean sylvestre ITOUA