Voilà une illustration d’un fossoyeur de la démocratie qui se proclame homme fort du Burkina Faso. En réalité c’est un matamore habillé d’oripeaux élogieux qui a brandi des armes contre un peuple aux mains nues.
Il explique son acte par l’exclusion des siens au processus démocratique alors qu’il était membre très actif d’un système qui a incarné le symbole de cette exclusion pendant plus d’un quart de siècle. En fait, les causes profondes de son coup d’état se trouvent dans sa peur de répondre devant la justice de son pays sur tous ses forfaits commis et avérés.
En effet, les dictateurs ont tous un point commun; la peur abyssale d’affronter la justice pour répondre de leurs crimes politiques, économiques ou sociaux. Ils récusent la légalité de la justice en mettant en cause et à tort son impartialité. Ils se considèrent victimes d’une vendetta alors qu’ils ont toujours été sans pitié pour leurs adversaires à qui ils ont soit organisés des parodies de procès afin de justifier leur perte ou simplement éliminés par des crimes crapuleux auxquels ils ont joué à la fois les rôles d’instigateur et d’enquêteur.
C’est sans vergogne que ces tyrans se targuent d’être les garants du respect des lois de leurs républiques respectives. Ils ne se gênent pas de clamer haut et fort qu’ils sont les seuls capables de tenir les rênes du pouvoir et de garantir la réconciliation, la paix et la stabilité qui sont des vecteurs du développement.
Comment ce capitaine matamore peut semer les germes d’une réconciliation, quand en potentiel criminel, il continue à distribuer la mort aux populations ?
Non, Les burkinabè ne peuvent plus admettre que ces tyrans maquillés en “hommes forts”, sous un prétexte fallacieux de réconcilier les populations, de faire justice et d’apporter la paix, puissent s’imposer ou s’éterniser au pouvoir par des méthodes barbares d’un autre âge. Le peuple burkinabè en particulier et africain en général en a marre de ces pyromanes qui se font passer pour des pompiers bienfaiteurs, alors qu’ils sont à l’image des pédophiles cyniques et récidivistes qui s’attribuent par force la garde des enfants.
Le peuple burkinabè n’est pas dupe comme le pense cet “homme fort” qui se trouve sur un fauteuil visiblement éjectable. Comment peut t’il avoir de réconciliation sans au préalable le pardon? Le pardon est une dérivée du regret des actes commis et de la justice qui apprécie les responsabilités des uns et des autres. Ceci a été clairement signifié dans le message du 19 septembre de l’association des parents des martyrs de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014: “Nous sommes prêts à pardonner mais d’abord la vérité et la justice comme condition non négociables”. “On va se pardonner, on est entre nous frères et sœurs burkinabè mais pas dans le mensonge”.
Oui, la justice n’est pas une vengeance en soit, mais plutôt une réparation du préjudice subit. Elle est régit par les lois de la république qui doivent être respectées et appliquées à tous les citoyens sans exception. UNE JUSTICE ÉQUITABLE ENGENDRE TOUJOURS LE PARDON, LA RÉCONCILIATION, L’UNITÉ ET LA PAIX.
L’exemple donné par l’Afrique du Sud après l’apartheid devrait pourtant servir de leçon à tous.
Jeunesse burkinabè et africaine, ces “hommes forts” érigés en dictateurs sont un frein au développement de l’Afrique. Quand un peuple ne défend plus ses libertés et ses droits, il devient mûr pour l’esclavage. Tous levons-nous pour combattre ces systèmes mafieux et ceux qui l’incarnent, car votre vie, votre avenir ont été hypothéqués par ces derniers.
Vous êtes nombreux à avoir fait des études brillantes, nombreux à être détenteurs de diplômes mais condamnés à être des chômeurs à vie; donc sans avenir. Combattez sans relâche l’avènement d’une nouvelle caste d’esclaves modernes qui a déjà frappé à la porte de vos descendances. L’alternance est indispensable pour remettre les pendules à l’heure. Prenez votre destinée entre vos mains car nul ne voudra ni combattre à la place d’un esclave qui ne fait rien pour s’affranchir et encore moins s’apitoyer sur son sort.
La lutte sera sans doute longue et pleine de sacrifices car l’ennemi est sans état d’âme. Cependant il est plus honorable de mourir en Héros politique sous les balles qu’en Zéro politique par l’humiliation, la famine et la misère. Le choix est certes difficile, mais il est noble. Tout burkinabè et africain a le devoir impérieux de remplacer les tristement célèbres “hommes forts” par des institutions fortes et une justice équitable pour tous. Il n’est plus question d’exister sans vivre. « Nous vivons, donc nous sommes ».
Par Patrick KIBANGOU