Malgré les grandioses festivités des jeux africains dont les lampions viennent de s’éteindre, le Congo actuellement reste divisé. D’une part, ceux qui refusent le changement de la constitution, l’organisation d’un référendum qui n’en vaut pas la peine, tout comme l’éventualité d’une troisième candidature de l’actuel président.

Et d’autre part, les durs du parti au pouvoir, habitués au pillage des deniers publics-qui paniquent à l’idée de rendre des comptes au peuple de leur gestion scabreuse. Non sans un président angoissé par un départ imminent, qui joue avec le feu.

Si l’intention du président Denis Sassou Nguesso au pouvoir depuis trente-deux ans, un record absolu dans l’histoire du Congo, n’est plus à mettre en doute, ses moult hésitations pour passer à l’action, témoignent de l’angoisse et de la peur. En clair de la crainte d’une plongée dans l’abîme qui risque de le poursuivre toute sa vie, et de finir par consumer l’image qu’il s’est efforcée de donner.

On peut certes, comprendre son émotion de devoir quitter cette fonction qui aime tant et qu’il a exercée pendant de longues années, au point qu’il se prenne pour le seul à même de l’assumer. Mais qu’à cela ne tienne, les hommes passent, seule la Nation reste, même s’il est des hommes irremplaçables.

Il y a eu Fulbert Youlou, Alphonse Massamba-Débat (dont-on cherche encore la sépulture aujourd’hui), Marien Ngouabi, Jacques Joachim Yhombi Opanagault et même Pascal Lissouba, le président démocratiquement élu, emporté par le coup d’état de Sassou en 1997. Des hommes qui tous s’en sont allés un jour, pour certains l’amertume à la bouche. Pourtant c’est le destin. Et il faut l’accepter.

Comme l’on peut s’y attendre le suspens et le jeu du chat et de la souris ne font que ranimer les questions sur le destin du Congo. Que cela soit clair, aucun consensus n’a émergé sur la question du changement de la constitution, de sa révision ou même de celle d’une nouvelle candidature de Denis Sassou Nguesso.

Le moment est donc venu pour le président Sassou de faire triompher l’alternance, qui sera son meilleur héritage au peuple congolais. Parce que les Congolais sont prêts, si Sassou s’enferme dans son égoïsme, de le repousser comme ils le voient ailleurs sur le continent. Il y aura une désobéissance civile sans fin jusqu’à ce qu’il se rétracte, et s’en aille enfin. Les Congolais sont désormais mûrs. Se cacher par intimidation derrière les douloureux événements de 1997 ou des intimidations à peine voilées, ne changeront rien à l’élan au changement qui anime la jeunesse congolaise. Car un pays ne peut se limiter à un seul individu, aussi surdoué soit-il.

De plus l’avenir du Congo devra être décidé par des élections auxquelles le président Sassou ne participera pas.

Aujourd’hui, à de rares exceptions près, la quasi-totalité de la classe politique rejette l’idée d’un référendum, celle d’une révision. Et même celle d’une troisième candidature de Sassou. Puisqu’il faut faire triompher l’alternance au Congo.

Plusieurs années durant Sassou a dirigé le pays, il a donc eu tout le temps de faire ce qu’il pouvait. L’heure est arrivée pour lui, de passer la main à un autre fils du pays. Son obstination à prendre le Congo en otage et à le mettre à souhait en danger sera impardonnable, ce d’autant plus que de par le monde, l’on est déjà gêné et agacé de ce péril qu’il s’entête à vouloir mettre dans la demeure Congo.

C’est pourquoi, avant d’annoncer son projet « fou » de référendum, il devra se concentrer seul devant sa conscience, tout justement parce que le peuple, le vrai, longtemps oppressé attend simplement qu’il franchise la ligne « rouge » pour qu’il réclame son pouvoir. Une insurrection est inévitable, tant l’armée congolaise même si beaucoup ne veulent pas l’admettre, est divisée entre « pro Sassou », « Pro Okombi » et les « nostalgique du régime Lissouba ». Le risque d’une guerre civile est imminent et évident. Les signes annonciateurs ne trompent pas. Et l’homme de pouvoir qu’est Sassou le sait. Tout ce qu’il entreprend depuis bientôt deux ans exactement volent en éclat. Quand il faut s’en aller, il faut vraiment le faire. Mobutu s’était fait dire « que son cadavre devait être traîné dans les rues s’il ne partait pas, les tombes de sa mère, et de son épouse profanées »; Les généraux Dzimbi, Baramoto et Lukulia avaient proposé de faire un coup d’état pour sauver le dictateur, nous connaissons tous la suite, une fuite lâche et petite, un homme diminué et fini. Qui repose désormais au cimetière chrétien de Rabat. Ngonga ekoki (Il est temps de s’en aller)!

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