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» Ce qui se passe dans le Nord de l’Afrique doit rappeler aux gouvernements que les gens ne sont pas fous (…). Ils notent tout et un jour, ils explosent « Desmond Tutu, prix Nobel de la paix sud-africain. « Déclaration faite le 09 février 2011.
Dans une communication politique recueillie à Oyo et parue dans le journal Jeune Afrique n°2616 du 27 février au 05 mars 2011, le journaliste François Soudan acquis depuis belle lurette, à la cause de Sassou Nguesso et de son clan, nous brosse une situation où Denis Sassou Nguesso est peint comme le sauveur, le messie de la démocratie congolaise. Nul n’est besoin de revenir sur les affinités, les carences journalistiques de M. François Soudan lorsqu’il s’agit de traiter de façon impartiale la situation politique et économique du Congo ou de se mettre au service des dictatures les plus vicieuses et brutales d’Afrique centrale. C’est le prix des millions pour une cause injuste et indigne. C’est ainsi, les cris et les appels au soutien du dictateur en place depuis 26 ans n’émeuvent plus les congolais. C’est juste une goutte d’eau qui coule sur la peau d’un peuple qui ne cherche plus à démontrer la vérité, mais juste à la brandir aux yeux du monde. Cette vérité n’est plus enfouie, elle est palpable. Revenu au pouvoir par le sang et c’est par le sang qu’il préconise s’y rester à vie. C’est cette notion infalsifiable de vérité qui inquiète tant Denis Sassou Nguesso et qui aujourd’hui le pousse à sortir de son silence pour tenter de prévenir ce qu’il ne souhaite jamais voir de nouveau arriver au Congo-Brazzaville : Une révolte du peuple. Ou mieux de vendre aux Congolais sa politique teintée de cynisme.
Une parodie de démocratie au Congo-Brazzaville
Denis Sassou Nguesso, sous son air hautain et distant s’en vante et donne l’impression d’avoir totalement domestiqué un peuple qui en grande majorité rejette son pouvoir monocratique et brutal. Les yeux rivés sur ce qui se passe en Afrique du Nord, Le « Maitre d’Oyo » prend au sérieux les multiples appels à la manifestation qui se propagent tous les jours sur les sites internet.
Devant la crainte de voir débarquer le chaos du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord à Brazzaville, Denis Sassou Nguesso ne lésine plus sur les moyens pour étouffer dans l’œuf ces velléités de révoltes latentes. Tout ce que le pays compte en objecteurs de conscience, il les a domestiqué et « sassouisé », en distribuant sans aucune limite les postes ministériels, militaires et les positions de rente et en ouvrant à grand débit les robinets de la fonction publique pour taire leur ambition de révolte.
Qu’importe le rôle, la fonction, l’essentiel est de se situer du bon côté de la faille qui sépare le clan et les autres. Les voix qui osent s’élever pour dénoncer son système clanique sont tout simplement noyées dans une mer des admonestations, de menaces, d’intimidations, d’injures, de calomnies et de diffamation politique.
Sassou Nguesso impose aux congolais une régression de plus d’une vingtaine d’année, ramenant au goût du jour une pratique monocratique refusée par le peuple et qu’il avait lui-même dénoncée : la succession par désignation clanique.
Les congolais restent favorables en majorité à l’application de la constitution issue de la conférence nationale souveraine contre la volonté clanique au pouvoir et contre le système de pérennisation de plusieurs membres du clan à des postes clés d’Etat. Le peuple congolais dénonce également l’immobilisme et l’autocratie qui règnent au sommet de l’Etat. Contrairement à ce que Sassou Nguesso avance dans son interview : «…le peuple congolais a le sens des réalités. Il a connu et payé le prix de la guerre civile. Il est d’autant moins disposé à récidiver que tous les moyens d’expression démocratique sont à sa disposition. Comme vous le savez, les révolutions ne tombent pas du ciel. Elles surviennent quand il n’y a ni espace de liberté, ni élections concurrentielles. Or le Congo est un Etat de droit, où les partis politiques sont actifs et où les élections arrivent à leur terme ».
Voilà une belle parodie de démocratie contenue dans ces propos. Qui ignore aujourd’hui, qu’au Congo-Brazzaville, il est fait abstraction d’évoquer les révoltes d’Afrique du Nord expliquant de ce fait le « baîllonnage » de la presse congolaise ? Qui ignore que les nouvelles armes qui ont été achetées en Afrique du Sud et en Chine sont destinées à armer les barbouzes et armée parallèle stationnée à TSAMBITSO, ceci pour parer à une éventuelle révolte congolaise ? Qui ignore qu’il est presque impossible d’ouvrir une représentation d’association politique à Brazzaville, si l’on est cataloguée force d’opposition, ceci pour empêcher toute expression démocratique ? Qui ignore que la majorité des opposants sont soit phagocytés à coups de millions ou soit en perpétuelle surveillance policière ? Qui ignore que la majorité des députés, les sénateurs élus ou désignés sont ceux de son clan ou de son camp politique ? Qui ignore que tous les leviers militaires sont aux mains des généraux du clan ? Qui ignore que ses filles, fils, neveux, nièces et cousins sont à la tête des structures d’Etat, para-étatiques ou privées ceci pour contrôler, financer, corrompre, détourner au profit du clan ? Sur un coup de baguette magique, tous les enfants de Sassou Nguesso sont devenus milliardaires.
Et pour clore cette longue litanie de contre vérité distillée dans cette interview, Denis Sassou Nguesso tout en donnant l’apparence d’être à la tête d’une grande démocratie, a réussi à façonner un Parlement docile et acquis à sa cause, une Justice soumise et au service du pouvoir.
La stratégie cynique de Sassou Nguesso
Lorsqu’on nous présente chaque jour les bienfaits des 26 ans de dictature sassouiste avec arrogance et triomphaliste c’est une insulte faite au peuple congolais. C’est juste une histoire de nous laisser berner afin de courtiser de nouveau le même dictateur qui fait semblant de se libéraliser, de se démocratiser en créant des partis et associations politiques satellites.
Or, comme l’a si bien remarqué Alexis de Tocqueville : « Le plus dangereux moment pour une dictature c’est quand elle commence à se réformer ». Cette remarque devrait interpeller les congolais d’être vigilants, actifs sur toutes les places où la liberté, la justice et l’égalité doivent être défendues au Congo. De même n’oublions pas notre devoir d’intellectuels c’est-à-dire notre sagesse et notre esprit critique. Il ne s’agit pas de pousser aveuglement nos compatriotes aux massacres. Mais à les préparer à prendre conscience de l’ampleur et des risques de notre combat. C’est pour cette raison que de la direction qu’emprunteront les foules en révolte, notre avenir dépend également. N’oublions pas que nos adversaires sont multiples en particulier l’hypocrisie du monde occidental et ses alliés qui maintiennent le principe sacré selon lequel la démocratie n’est acceptable, tolérée, encouragée, que dans la mesure où elle obéit aux objectifs stratégiques et économiques. Autrement dit, ils veulent une démocratie à leur guise, la domestiquer de manière appropriée. C’est dire comme Marwan Muasher qui le décrit ainsi dans la fantaisie régnante : « les dictateurs nous appuient ; nous pouvons donc oublier leurs sujets… à moins que ceux-ci ne brisent leurs chaînes, dans ce cas nous devons adapter la politique ». L’heure n’est-il pas venu de briser nos chaînes ?
L’irresponsabilité de Sassou Nguesso conduit notre pays à subir une présence de plus de 10.000 chinois dont l’activité n’est pas démontrée qu’elle assure un transfert de compétences et de technologies aux Congolais. Bien au contraire, cela pose le problème d’une concurrence déloyale que dénonce de plus en plus les congolais mais que Sassou balaie d’un revers de main vu que ses intérêts avec les chinois valent mieux que ceux du peuple congolais.
Ainsi, cette république décrite par Sassou Nguesso n’est pas une démocratie. C’est une monocratie clanique érigée avec la plus violente des politiques de répression. Sassou Nguesso exacerbe la crainte d’une guerre civile pour anesthésier les populations. Son message est clair et limpide : « Réveillez-vous et je vous endormirais avec le feu, révoltez-vous et vous pataugeriez dans une marre de sang ». Les mots sont, certes voilés, mais le sens n’échappe pas aux plus avertis. C’est la plus belle leçon de déni de démocratie que Sassou Nguesso vient de nous livrer à travers cette interview.
Dans cette interview Sassou Nguesso vient de se livrer à un subtil exercice de maquillage de ses propres faillites. Il essaie de noyer le poisson en découvrant la force et la lucidité des Congolais devant ses agissements répréhensifs à l’endroit des opposants. Ce qui est normal puisque la peur change de camp. Il déclare haut et fort à qui veut l’entendre qu’au Congo-Brazzaville, l’opposition est libre de tout mouvement, de se réunir, d’organiser des meetings etc.… Encore une belle pirouette de politicien véreux. Tout congolais le sait, harcelé par les militaires, convocation à répétition de se présenter devant des officiers de justice pour des mobiles fallacieux, interdiction d’accès à des salles de réunions à la dernière minute, ou encore privation de circuler hors de Brazzaville, les opposants congolais subissent quotidiennement ses attaques psychologiques de la part du système répréhensif de l’Etat. Concernant les biens mal acquis, Sassou Nguesso menace et sort ses griffes : « Croyez-vous que les juges d’instruction du TGI de Paris seront en mesure de dépasser le seuil de l’aéroport de Maya-Maya, au cas où, bien sûr, ils auraient auparavant obtenu les visas obligatoires pour se rendre au Congo ? »
Comble du cynisme, Sassou Nguesso se fourvoie à se faire plus blanc que neige : « je ne suis pas sûr que des gens qui ont contribué à plonger ce pays dans la nuit noire soient les mieux placés pour donner des conseils… » Sassou Nguesso a-t-il oublié, avant le 05 juin 1997, qu’il a armé, entretenu une milice et des mercenaires au même titre que Pascal Lissouba et Bernard Kolelas ? A-t-il oublié qu’il est l’un des acteurs de cette guerre fratricide qui a transformé le Congo en « une rivière de sang » ? Pourquoi Massamba débat n’a pas de sépulture ? Pourquoi Sassou Nguesso n’honore-t-il pas la mémoire des victimes du Beach et de tous les morts de cette guerre barbare ?
C’est dans ce contexte que nous exhortons les Congolais de conjurer les pièges tendus par Sassou Nguesso et d’œuvrer ensemble pour une démocratie saine et pacifique. Sassou Nguesso, comme tout bon dictateur, prend de plus en plus conscience que ses jours sont comptés. Il n’hésiterait pas à utiliser les moyens les plus répréhensifs qui soient pour tuer ce même peuple qu’il prétend servir. Non satisfait de l’échec de son programme « chemin d’avenir » qui se traduit par l’échec des « municipalisations accélérées » et des travaux inachevés, la non reconnaissance du peuple de son pouvoir clanique. La mise à nue de son projet de succession par Jean Dominique OKEMBA, ses marges de manœuvres sont réduites. Le clan Sassou est entré dans une spirale qui le conduit inexorablement vers la faillite morale. Il tente aujourd’hui de reconquérir à coups de milliards la Cuvette-Ouest, de manipuler encore les fils du Pool pour tenter d’asseoir une crédibilité jamais acquise au sein d’une population qui ne cesse de le rejeter. Il est inutile de se jeter dans une cage avec un tigre encerclé par les feux. Pour Sassou Nguesso, un Mouhamed Bouazizi au Congo-Brazzaville ne l’empêchera pas de dormir. Notre combat en tant que militant pour une démocratie saine et pacifiée doit s’articuler autour d’un réveil nationaliste. Et le beau cadeau pour le futur anniversaire de Denis Sassou Nguesso, le 23 novembre 2011 ou toute autre manifestation qu’il aura à célébrer est de lui offrir pour lecture et méditation De l’esprit des lois, de Montesquieu.
Jean-Claude BERI, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
Cet article a été publié le 10 mars 2011.
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FAC : SASSOU SONNE LA CHARGE MBOCHI (LES STRATEGIES DE GUERRE SONT DÉJÀ PEAUFINÉES
A trois ans de la présidentielle, Denis Sassou Nguesso continue de verrouiller l’armée en plaçant ses fidèles aux postes de commandement.
Denis Sassou Nguesso a procédé, le 8 mars, à de nouvelles promotions au sein des Forces armées congolaises (FAC). A travers ces nominations, l’objectif du chef de l’Etat congolais n’a pas bougé d’un iota : placer ses proches originaires de la Cuvette (Nord-Congo) aux postes les plus sensibles du commandement.
Denis Sassou Nguesso a fait confiance à son cousin du côté maternel, le général Nianga Ngatsé Mbouala, pour succéder à Emmanuel Avoukou à la tête de la Garde républicaine (GR, en réalité Garde présidentielle).
D’ethnie mbochi de Mossaka, dans la Cuvette, le colonel Jean-François Liboko devient ainsi commandant de la Zone militaire (stratégique) de Gamboma, dans le département des Plateaux (Nord). Il succède au général Nianga Ngatsé Mbouala, promu commandant de la Garde républicaine.
Ancien commandant adjoint de la GR, le colonel Michel Obambi, également mbochi, prend la direction de la Zone militaire d’Ouesso, ville située dans le Nord-Ouest du Congo-B, à la frontière avec le Cameroun. Il remplace à ce poste un autre colonel originaire de la Cuvette, Léon Bangui. Ce dernier est, pour sa part, propulsé à la tête de la Zone militaire de Dolisie (Sud-Ouest), ville natale de l’ex-président Pascal Lissouba. Enfin, à Owando, chef-lieu du département présidentiel de la Cuvette, c’est le général Grégoire Ebadep-Myllah, originaire d’Ouesso, qui succède à un colonel téké de Lékana (Nord), Léonce Nkabi.
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