Partick Eric MAMPOUYA
Par: Patrick Eric MAMPOUYA
La banqueroute est une infraction, consistant pour un commerçant, artisan, agriculteur, dirigeant de société commerciale, etc…, en des faits de gestion frauduleuse alors qu’il est en état de cessation des paiements. La banqueroute est caractérisée par des faits de gestion frauduleuse.
Un pays ne peut être en banqueroute, pour un pays, on parle de faillite ou de défaut de paiement, parce que contrairement à une entreprise ou une personne physique, il n’y aura pas de liquidation judiciaire pour un pays. Ce défaut de paiement intervient lorsque le pays ne peut plus rembourser sa dette, partiellement ou intégralement ou encore faire face aux charges incompressibles telles le paiement des salaires, des pensions, des bourses etc..
Le déclic qui fait passer un pays en situation de défaut de paiement est automatique lorsque la dette du pays n’est plus soutenable, c’est-à-dire que sa croissance est insuffisante pour supporter la charge des intérêts de la dette. Il entre alors dans une spirale.
Certains économistes évoquent un seuil critique à partir duquel la dette ne serait plus soutenable ; ce seuil dépend de plusieurs facteurs économiques et ce seuil est différent pour chaque pays. Ainsi le Japon, qui est le pays le plus endetté au monde (près de 250% de son PIB), ne connaît paradoxalement pas le risque d’un défaut de paiement puisqu’il emprunte à des taux parmi les plus bas de la planète. On peut continuer à faire confiance aux fondamentaux de l’économie Japonaise ce qui n’est pas le cas pour les fondamentaux de l’économie Congolaise.
Une fois en défaut de paiement, que peut faire un pays?
Son défi est de trouver des capitaux pour financer son économie, puisqu’il n’a plus accès à des financements extérieurs. Comme il ne peut plus emprunter, il doit équilibrer ses comptes pour que ses ressources fiscales soient égales à ses dépenses. S’il ne peut pas le faire, il doit couper prioritairement dans ses dépenses.
L’influence de la culture ou de l’éducation sur le développement n’est plus à démontrer. Ponctualité, respect de la parole donnée, confiance sont autant de dispositions culturelles qui favorisent les échanges, notamment anonymes, et qui permettent la constitution d’une « société dynamique de progrès ».
Les élites et les leaders impactent profondément la société, ils deviennent par devers eux les référents ou les exemples. Quand les élites ou les leaders ne sont pas ponctuels, ne respectent pas leur parole, sont adeptes de la manipulation, du mensonge et trouvent sans cesse des faux fuyants pour justifier leurs carences, alors le « capital confiance » qui est indispensable pour l’implémentation des politiques de développement ne peut pas fonctionner.
Ne dit-on pas que le poisson pourrit par la tête ? En d’autres termes, une société se « crétinise » ou « s’élève » grâce ou à cause de ses mauvaises élites et de ses mauvais leaders. Répéter des discours lénifiants contre la corruption ou les « antivaleurs » ne résout pas le problème ; dans ce domaine comme dans d’autres, il n’y a pas meilleur antidote que l’exemplarité.
La culture africaine, un frein au progrès
Il est un aspect psychologique et culturel qui est aussi crucial pour le développement : la conscience d’avoir son destin entre ses propres mains et d’être responsable ; une attitude qui peut être bloquée dans certaines cultures. Quelques aspects de la culture africaine qui poussent au sous développement et à la régression.
Il est communément admis dans toutes les cultures africaines « qu’un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui disparait », conférant ainsi une sagesse infinie aux vieux et aux vieillards. Cette assertion ne peut pas être facteur de progrès parce qu’on sait que la valeur d’un individu n’a rien a voir avec son âge. On sait qu’il y a des jeunes brillants et des vieux brillants comme il y a des jeunes moins brillants et des vieux moins brillants. Il serait mieux de confier certains projets à des jeunes brillants plutôt qu’à des vieux médiocres ou à des vieillards séniles.
La solidarité légendaire des sociétés africaines est un frein au développement. L’absence des amortisseurs sociaux tels la sécurité sociale ou le revenu de solidarité pousse les africains à se partager le minimum, ce qui paraît être une bonne chose sur l’instant, est dévastateur sur le moyen et le long terme. Beaucoup d’africains s’appauvrissent à force d’aider les innombrables cousins ou d’envoyer des western-union à leurs parents au lieu de s’occuper de leur famille nucléaire (une famille nucléaire est composée d’un papa, d’une maman et des enfants biologiques). Ainsi on peut compter quelque fois une vingtaine d’individu qui survivent autour d’un seul salaire (le salaire de celui qui a réussit à trouver un travail). Ces solidarités poussent certains à la paresse, d’autres à l’oisiveté et en fin de compte tirent tout la monde et la société entière vers le bas.
Enfin, la natalité ou plutôt la surnatalité. Il est pourtant évident qu’il est plus aisé de faire vivre trois personnes sur un petit salaire que de faire vivre huit personnes sur le même petit salaire. Et pourtant, on trouve dans les familles africaines une moyenne d’au moins quatre enfants vivant sur des salaires équivalents à des bourses scolaires. Il n’est pas rare de trouver certaines élites africaines qui affichent leur militantisme pour la polygamie et d’autres qui croient dur comme fer que les enfants sont un don de Dieu.
Ces particularismes des cultures africaines (il y en a d’autres) doivent évoluer si les africains veulent prendre le chemin du développement, d’autres peuples sont passés par là.
Le fatalisme et le proactif
L’esprit proactif se voit acteur du changement. C’est une composante essentielle de l’esprit d’entreprise qui est au cœur de la dynamique du développement. L’ENTREPRENEUR, (du vendeur de coin de rue à Bill Gates l’homme le plus riche du monde), par son action, « change les choses », innove, apporte des services là où ils manquent. En bref, il crée de la valeur. Et sans esprit entrepreneurial, du fait d’une attitude fataliste, pas de développement.
L’attitude fataliste se combine avec l’idée que n’étant pas maître de mon destin, je n’en suis donc pas responsable. (Dieu pourvoira). Or, le concept de responsabilité est fondamental pour une société d’échanges anonymes basée sur les contrats.
Si, lorsqu’une promesse est faite, qu’un contrat est passé et qu’il n’est pas respecté par l’une des parties, cette dernière arguant que « ce n’est pas sa faute », et se dégageant ainsi de manière trop facile de sa responsabilité, c’est évidemment une incitation très forte pour la partie adverse à ne plus faire confiance. Le contrat peut être verbal ou écrit peut importe.
Dans certaines sociétés, un simple geste, une poignée de main ou un acquiescement suffit pour conclure ou scellé un accord. Certains accords ou pactes vont de génération en génération sans qu’il y ait de document écrit.
Il y a un lien fort entre le fait que dans une communauté les individus soient responsables, c’est à dire qu’ils assument leurs erreurs et cherchent à les corriger sans se défausser sur « c’est la faute à pas de chance » et le fait que ces individus éprouvent un sentiment de confiance les uns envers les autres.
Confiance et défiance
La confiance permet de tisser des réseaux au-delà de nos connaissances familiales ou amicales, un ingrédient essentiel du développement. Et le fait que l’on nous fasse confiance dans un cadre où notre responsabilité est engagée, nous pousse à être d’autant plus responsable, de sorte à ne pas éroder ce capital-confiance. Responsabilité individuelle et confiance mutuelle se renforcent donc mutuellement, et favorisent le développement. A contrario, dans une société où la défiance est la culture dominante, les échanges ou le progrès sont quasi impossibles.
Au vu des gains (en termes de développement) qu’il y aurait pour les individus à adopter une attitude proactive et responsable, pourquoi assiste-t-on à certains endroits à un retranchement fataliste ? La culture à elle seule peut-elle expliquer sa propre puissance ?
Le poids des mauvaises institutions
En fait, bien souvent la prévalence d’institutions informelles (les traits culturels) peut s’expliquer en grande partie par les institutions formelles (codifiées par le politique). Ces dernières fournissent les incitations à se comporter de telle ou telle manière.
Dans les sociétés dans lesquelles les incitations à l’attitude proactive (par exemple, où la liberté économique est très faible) sont réduites à néant par le pouvoir, c’est-à-dire des « sociétés sans espoir » comme le Congo Brazzaville, les individus se tournent peu à peu vers le fatalisme.
Les mauvaises institutions informelles et formelles se renforcent ainsi mutuellement pour tirer les populations vers le bas. Il est alors d’autant plus difficile de réformer les institutions formelles que les institutions informelles ont été dégradées. Les exemples abondent pour expliquer les réformes qu’on ne peut pas faire à cause des mauvaises habitudes et des us et coutumes.
Nul doute d’ailleurs que le pouvoir, ayant étouffé l’espace de responsabilité des individus par des politiques supprimant leurs libertés, les jetant dans les bras du fatalisme irresponsable, trouve alors dans ce dernier un prétexte pour diriger d’une main de fer toujours plus dure une population qu’il considère comme apathique. L’instrumentalisation du fatalisme à des fins politiques permet d’ailleurs un meilleur contrôle social.
Le rôle des religions
Pour sortir de ce cercle vicieux il faut d’une part que les croyants retrouvent une interprétation intelligente de la Parole de Dieu qui leur commande de s’épanouir pour faire le bien, ce qui implique de se débarrasser de ce fatalisme irresponsable. D’autre part, il faut que les décideurs politiques soient mis en face de leurs responsabilités, par leurs pairs dans les pays libres comme par la société civile internationale (qui doit aussi faire pression sur ces derniers). La « société sans espoir » ne doit plus être une fatalité.
Depuis quelques années déjà des économistes se sont tournés vers l’analyse des institutions pour mieux comprendre les ressorts du développement. On sait que certaines institutions sont meilleures que d’autres pour atteindre une société de prospérité.
Partant, on peut être tenté d’importer « par le haut » des institutions apparemment efficaces d’une société riche vers une société pauvre, de manière à initier le développement dans cette dernière. La recette est-elle si simple ?
Les institutions, dans l’acception anglo-saxonne du terme, sont les règles du jeu social censées permettre la coordination des décisions des acteurs sociaux. Elles peuvent être informelles (normes tacites, tabous) ou formelles (droit codifié). En fonction de leur qualité elles peuvent ou non favoriser le développement par les incitations qu’elles fournissent à l’échange, à l’entreprise, moteurs du développement.
La confiance est par exemple une institution informelle qui joue un rôle facilitateur dans les échanges économiques. Les droits de propriété clairs, formels, permettent de responsabiliser et de donner les incitations propices au développement.
S’il est assez facile de poser un diagnostic sur les carences institutionnelles de la société congolaise, il est bien plus difficile d’échafauder une stratégie de changement institutionnel par le biais d’un « transplant institutionnel », et ce, pour plusieurs raisons.
Le premier danger est de transplanter une « façade » institutionnelle, une sorte de boîte vide : c’est le cas de l’exportation de la démocratie occidentale en Afrique par exemple. C’est essentiellement le système électoral qui a été exporté. Mais la démocratie ne se résume bien évidemment pas aux seules élections.
Le deuxième danger est d’oublier un peu rapidement que des arrangements institutionnels répondent à des besoins des communautés, besoins qui eux-mêmes dépendent en grande partie du niveau de développement.
Si les institutions doivent permettre de réduire les coûts de transaction et de coordination pour maximiser la division du travail et l’échange dans la société, il faut aussi se rappeler que les arrangements institutionnels sont coûteux. En fonction du niveau de développement, les communautés peuvent se « payer » tel ou tel type d’arrangement institutionnel.
Le troisième danger est celui de l’absence de complémentarité entre les institutions nouvellement importées et les institutions locales. Cet argument rejoint le précédent. Comme pour un greffe humaine ou botanique, le transplant risque de générer un rejet. Une des explications du rejet se trouve dans la compatibilité de la nouvelle institution avec les institutions informelles locales : les normes ou conventions issues de l’expérience locale et qui conditionnent les rapports dans la communauté.
Un état de droit avec une justice effective constitue de même une institution fondamentale pour accueillir une économie de marché
Le quatrième danger est d’oublier d’informer les populations locales sur les buts et les méthodes de la réforme institutionnelle et d’oublier de récupérer leur feedback avant et, bien sûr, après la réforme. L’implication des populations concernées est en effet cruciale pour la réussite de la réforme. Enfin, toute réforme institutionnelle implique une redistribution des cartes et de nombreux intérêts et pouvoirs verront leurs positions altérées.
Il faut donc anticiper l’impact de cette redistribution et prévoir des stratégies de négociations voire de compensation et de limitation, de manière à éviter que la réforme institutionnelle échoue ou soit vidée de son contenu par des intérêts coalisés.
Pour ceux qui veulent voir triompher les institutions de la prospérité qui ont permis à une bonne partie du monde de suivre le chemin du développement, la leçon principale est donc celle de l’humilité.
Reconnaissance de la nécessaire diversité et du rôle de l’expérimentation, compréhension de la logique évolutionniste des institutions, voilà des garde-fous contre la tendance à croire en une – nouvelle – recette magique pour le développement. Pour réussir, le changement institutionnel peut être « incité », rarement imposé.
Patrick Eric Mampouya