Le président sassou en danger

sassou-et-les-siens-300x225-3948645 Sassou serait-il lâché par les siens ???

Par:   Robert GAILLARD  ( La griffeinfos  Journal) 

Deux coups d’etat manqués entre 2007 et 2018, des arrestations en série, des gardes-a-vue prolongées, des procès pour résoudre la guerre au sein du clan… le pouvoir de brazzaville « fabrique » ses vrais ennemis. tous ces faits ne font qu’aggraver des rancœurs dont les effets peuvent se retourner contre ce même pouvoir.

le danger que coure le pouvoir de brazzaville est relevé par plusieurs analystes politiques congolais sur la toile. « au regard des arrestations en série, des gardes-a-vue prolongées, des procès pour résoudre la guerre au sein du clan, le régime de brazzaville n’est pas loin de connaitre une catastrophe ; une catastrophe qui pourrait partir de l’extérieur comme de l’intérieur. sans plonger dans un procès d’intention, la grogne sociale et les ennemis crées à partir des arrestations et autres actes non appréciés par certains collaborateurs de ce même pouvoir sont un volcan en gestation » a écrit un internaute qui a ajouté que « nombreux (surtout ceux du pouvoir) ne comprennent pas ces signes de la fin des choses. en octobre 2012, des acteurs politiques congolais ont adressé une lettre ouverte au président de la république dans laquelle ils déclaraient sans ambages que le congo traversait une grande et grave crise multidimensionnelle : crise politique, crise électorale, crise économique, crise sociale, crise morale et crise culturelle. ils appelaient à la tenue urgente des états généraux qui constituaient, pour eux, la seule bonne solution pour sortir le congo de la crise dans laquelle il plombait. le comble est que ces opposants n’ont pas été entendus. aujourd’hui, il suffit de jeter un regard sur la situation du pays par rapport aux témoignages recueillis lors des procès à la session criminelle notamment qui donnent le froid au dos «…la veuve thystere tchicaya me dit: j’ai rencontré le général nyanga mbouala. il compte, dans ses idées, il compte déposer le président et le mettre donc à la retraite parce que la situation politique n’est pas bonne.» dixit général norbert dabira. «le général dabira m’a dit ceci : nous avons souffert dans ce pays là, nous les guerriers. et le président de la république est entrain de s’occuper de ses parents et de ses enfants d’une part. d’autre part, l’avenir des mbochis! il faut que l’on réfléchisse. je lui ai dit mais on va réfléchir comment ? il dit que c’est notre frère, mais nous ne pouvons rien faire. il faut qu’on fasse comme au rwanda. je me suis étonné. il dit qu’il faut qu’on abatte l’avion du président en survol ou en atterrissage. je lui ai dit : mon général, toi et moi n’avons pas de relations. tu ne m’as jamais parlé sous ce ton. tu connais qui est sassou pour moi ? que veux-tu dire? j’ai dit non ! il m’a dit : réfléchis. trouves moi deux tireurs d’élite ! il s’est levé et il est parti… » dixit général nyanga ngatsé mbouala «…un mois après, j’ai reçu un témoin oculaire qui est venu me dire que les armes utilisées par les ninjas provenaient du général nyanga ngatsé mbouala .» a dit le général norbert dabira.

tout ceci illustre bien que le président sassou est en danger, un danger permanent que constatent les analystes au regard des récits de ces généraux qui ne sont pas des moindres ; des collaborateurs immédiats qui ont favorisé son retour au pouvoir en 1997 (lire le récit de la guerre page 9). or, ces déclarations prouvent qu’au sein même de la famille politique et sécuritaire du président existent des mécontents de sa gestion. et le danger est permanent pour lui puisque même ceux sur lesquels il compte pour sa sécurité bâtissent des plans pour l’abattre.

D’où vient l’épine ?

le danger que coure le président denis sassou nguesso est crée par ses propres collaborateurs, sinon par son laxisme. il faut le dire car, quand il gagne la guerre face au président pascal lissouba, le pays est pris d’assaut par tous les assoiffés de la facilité. arrivés autour du président, ces assoiffés ont installé la dilapidation des fonds. chacun s’est servi à satiété en invitant ici et là les parents restés au village pour venir manger, boire et danser. les billets de banque ont été distribués à tour de bras dans des veillées mortuaires et fêtes de retrait de deuil. les filles, fils, cousins, neveux, nièces, anciennes épouses, maitresses, et connaissances…ont pris le président et le pouvoir en otage. la langue vernaculaire du terroir est officialisée. tous prennent le mot noko comme nom d’emprunt. du coup, les vrais vainqueurs de la guerre sont remplacés par ces noko et la ville d’oyo est devenue le centre de réflexion de toutes les décisions même celles qui bafouent la loi. l’enrichissement illicite, la concussion, la dilapidation des deniers publics, l’orgueil et les milliards dilapidés ont contribué à la vie facile et personnelle. du coup, le congo s’est retrouvé avec une société scindée en trois classes : celle des nouveaux riches d’un côté, les guerriers abandonnés de l’autre et le peuple lambda soumis à une répression en vue de le décourager à prendre une décision contre le pouvoir. selon les oposants «les nouveaux riches sont en majorité d’une même famille et ressortisants d’une même ethnie qui narguent tout le monde. certains sont devenus des députés, d’autres ministres, d’autres encore affairistes et d’autres encore sont bombardés gestionnaires du pétrole ou des ressources du pays. le congo est géré comme une épicerie familiale». le peuple lambda, lui, n’a que des yeux pour constater la mauvaise gestion en croisant les bras et fermant la bouche de peur de subir la furie des gardiens du pouvoir et d’aller prison. voilà ce qui a irrité norbert dabira quand il dit : «…le président de la république est entrain de s’occuper de ses parents et de ses enfants d’une part. d’autre part, l’avenir des mbochis » le président de la république est donc en danger parce qu’il «s’occupe de ses parents et de ses enfants d’une part. d’autre part, l’avenir des mbochis ». or, le résultat de cette forme de gestion irrite et crée le risque le plus crucial qui guette le chef de l’etat. pire, encore, le risque ne guette pas seulement le chef de l’etat, il y a également la vie de certains membres de sa famille, parce que comme l’a écrit un internaute «si le pouvoir de denis sassou nguesso venait à s’écrouler de façon catastrophique force sera de constater que même ses parents (biologiques et politiques) subiront l’onde de choc au regard des souffrances que ce pouvoir fait endurer aux populations. le cas de l’histoire des présidents mobutu ou compaoré sont très illustratives. et la ville d’oyo risquera de connaitre le sort de gbadolité». a t-il écrit. c’est pour autant dire que le danger est permanent pour ce pouvoir déjà secoué par des querelles intestines qui commencent à pousser certains à fomenter des coups d’etat pour déposer le président sassou. or, un coup d’etat peut-être fatal à l’image de celui imaginé par dabira et nianga-mbouala consistant à abattre l’avion présidentiel. c’est ici de dire que les dés sont jetés, les adversaires du président ne sont pas seulement à l’opposition, chez les activistes de la société civile, mais aussi au sein de son pouvoir. « les acteurs tant politiques que ceux de la société civile doivent en prendre conscience. il est de leur responsabilité de trouver des solutions durables de sortie de crise. », avait déclaré joé washington ebina membre de la société civile pour baliser le chemin de l’unité nationale et bannir cet esprit de coup d’etat qui germe autour du palais présidentiel parce qu’au congo, les coups d’etat conduisent à la mort de plusieurs personnes. ce n’est pas comme au zimbabwe où le président a été forcé de quitter le pouvoir sans effusion de sang. le coup d’etat de dabira et nianga-mbouala avait pour but d’«abattre l’avion du président». mais leurs tireurs d’élite n’allaient pas seulement abattre, le président. plusieurs personnes autrement dit tout ceux qui effectuent le voyage avec lui à commencer par son épouse antoinette sassou et ses collaborateurs, sa conseillère claudia sassou lembomba et tout son staff de communicateurs, les cuisiniers, les habilleurs, les coiffeurs, les hommes de courses, les membres de la garde rapprochée, les hôtesses, les pilotes, tous seraient tués au même moment. ensuite, ce qui allait se passer après ce coup d’etat serait encore plus catastrophique puisque dabira avait eu peur de la guerre civile. c’est sûr, qu’ils allaient jeter la responsabilité aux populations du pool, puisque selon dabira, le général nianga-mbouala avait déjà, semble t-il, doté des armes aux ninjas. ces armes seraient donc une pièce à conviction pour nettoyer cette région à la manière du génocide rwandais. malheureusement pour un tel désastre, la justice n’a requis qu’une modique peine de 5 ans d’emprisonnement à dabira et relaxé nianga-mbouala. quelle justice ! toutefois, ce que le président ne doit pas oublier c’est la suite de ces coups d’etat manqués ou étouffés. si cette fois l’idée d’abattre son avion n’a pas été concrétisée, il n’est pas vrai que le «diable» a quitté ses alentours. dabira l’a reconnu que «le président de la république est entrain de s’occuper de ses parents et de ses enfants d’une part. d’autres part, l’avenir des mbochis». c’est donc la preuve que l’épine du poison poussera toujours si le président de la république continuait avec cette «gestion sélective.» car les analystes les plus huppés indiquent que le congo d’aujourd’hui a reculé de 20 ans. même au temps du monopartisme, le pct essayait de couvrir le tribalisme. aujourd’hui, la tribu ou l’ethnie-classe a pris le dessus sur l’unité nationale. 95 % des leviers du pouvoir sont tenus par une seule et même ethnie qui plonge le pays dans le k.o économique et financier allant jusqu’à faire disparaitre l’aura de l’etat. un etat critiqué en bloc par la majorité des congolais suite à la mauvaise condition de leur vie. 70% des congolais vivent au seuil de pauvreté pendant qu’un groupe de gens se la coule douce avec les revenus des richesses nationales.. nombreux sont dans cette logique que le président est en danger du fait qu’il ne s’«occupe que de ses enfants, de sa famille et des mbochis». et au fil des jours, ce pouvoir crée lui même ses ennemis à travers des arrestations et emprisonnements parce que ce ne sont pas les familles du général norbert dabira, du général jean marie michel mokoko, d’andré okombi salissa ; des proches des ninja encore et de biens d’autres incarcérés parfois de façon arbitraire, des retraités, des chômeurs, des gens licenciés de façon abusive, des étudiants tabassés, des populations en famine qui le lui pardonneront. certes, ceux qui se la coulent douce peuvent parler de l’application de la loi en arrêtant ceux qui s’opposent au pouvoir ou qui pensent autrement aux gestionnaires de ce pouvoir, mais ce qui est sûr, on est très loin de penser que le pouvoir de brazzaville est apprécié comme dans des années 80. il suffit de sillonner le pays pour entendre des propos de mauvais gout lancés contre ce pouvoir surtout contre le président de la république pour jauger le niveau des critiques proférées contre ce régime. ce qui est plus simple, il suffit de chercher à savoir comment les populations allaient-elles appréciées l’abattage de l’avion présidentiel pour tout comprendre? a chacun sa réponse mais sans risque de se tromper, le pouvoir de brazzaville est assis sur un volcan quand des généraux complotent parce que le président de la république ne s’«occupe que de ses enfants, de sa famille et des mbochis». c’est déjà la preuve que le président sassou est en danger.

prudence, il a droit de revoir rapidement les copies de son système de gestion.

Robert Gaillard (La griffeinfos  Journal)