Par  Charles Zacharie BOWAO

Ancien ministre de la défense, le Professeur Charles Zacharie Bowao est devenu l’une des grandes voix de l’opposition, celle qui ne reconnaît pas la Constitution du 25 octobre 2015 et les institutions qui en sont issues. Ancienne éminence grise du pouvoir au sortir de la guerre de juin-octobre 1997, il claqua la porte du Bureau politique du Pct (Parti congolais du travail) en 2015, pour son opposition farouche et savamment argumentée contre le changement de la Constitution qui a permis au Président Denis Sassou Nguesso de briguer un nouveau mandat à la tête du pays. Auteur de deux lettres ouvertes retentissantes adressées au Chef de l’État et intitulées «Je récuse» et «Je récuse 2», il s’engagera à fond dans la lutte pour le respect de l’ordre démocratique établi, sans parvenir à infléchir la politique du Président Sassou, dont il fut proche.
Depuis, il est devenu l’un des ténors de l’opposition (du côté du pouvoir on parle de l’opposition radicale), à l’image de la déclaration qu’il a publiée le lundi 30 juillet 2018, sur la tragédie du commissariat de police de Chacona où 13 jeunes arrêtés et détenus par la police ont péri par asphyxie. Bowao y dénonce «le règne de l’impunité». Voici sa déclaration:

«Chers compatriotes, Je m’incline devant la mémoire des jeunes disparus et morts du commissariat de police de Chacona. Chacun a compris que ces jeunes gens n’étaient pas des bébés noirs. Il s’agit donc d’assassinats crapuleux à l’actif du pouvoir de la tragédie qui a encore frappé sans scrupule et sans fausse honte. C’est inacceptable. Comment cela peut-il arriver dans un pays en état de siège si ce n’est un acte prémédité au cœur du dispositif sécuritaire en place? C’est la preuve que le Congo est un état sans État et où ceux qui détiennent le monopole de la violence totalitaire tuent sans état d’âme. Le

poisson pourrit par la tête, dit-on. Voici ce que dispose en son article 96 l’antidémocratique Constitution du 25 octobre 2015:

«Aucune poursuite pour des faits qualifiés crime ou délit ou pour manquement grave à ses devoirs commis à l’occasion de l’exercice de sa fonction ne peut plus être exercée contre le Président de la République après la cessation de ses fonctions. La violation des dispositions ci-dessus constitue le crime de forfaiture ou de haute trahison conformément à la loi».

Tout est dit. C’est le règne consacré de l’impunité dès lors que le Président de la République n’incarne pas l’exemplarité. On est justement au cœur de la forfaiture constitutionnelle du pouvoir de la tragédie. Il n’y a de solution durable et honorable que celle qui consiste à mettre un terme à la détermination tragique de ce pouvoir inique. Tout le reste n’est que de la gesticulation politicienne dans le cercle vicieux d’une tragédie à l’autre.
Ne baissons donc pas les bras».

Charles Zacharie Bowao.