Au Congo-Brazzaville, lorsqu’on ne partage pas les mêmes points de vue on est vite cataloguer de traîtres……Drôle de lutte !
La récente histoire de la politique congolaise issue de la conférence nationale souveraine est semée de trahison, de concussion, de caméléons tapis dans l’ombre, mais surtout de vipère à deux têtes. Au sortir de la guerre de 1998 et la vague des congolais obligée de s’exiler pour fuir la barbarie, nous pensions qu’enfin les congolais prendront conscience.
Mais c’était sans compte sur le machiavélisme politique qui fait école dans les hautes sphères obscures du pouvoir congolais. Beaucoup en sont arrivés à se désintéresser de la politique considérant que c’est plus ou moins un nid de serpents venimeux et surtout interdits aux amateurs d’en approcher au risque de se faire mordre. Si l’on peut se souvenir un seul instant qu’à chacune de leur trahison, ils ont saignés leur parti politique et par-delà, contribuer à la souffrance des enfants de la république.
Hier, nous avions eu cinq candidats de l’opposition à la présidentielle, deux sont emprisonnés pour défendre la vérité issue des urnes, c’est-à-dire la victoire du peuple, et deux autres ont choisis de se compromettre pour assurer leurs propres intérêts allant à l’encontre de la volonté populaire.
Une autre frange de l’opposition résiste tant bien que mal avec les moyens de bord avec l’acharnement qui inspire le respect et la confiance. Un autre vient d’être traité de collabos parce qu’il aurait voyagé avec un passeport diplomatique et touché une certaine somme pour son déplacement. Ce serait là la preuve suffisante pour traîner le combat d’une vie dans une sorte de pourriture nauséabonde.
Ignorons-nous que nous combattons un pourvoir dont les tentacules sont bien implantés dans la société congolaise, il nous faut donc toutes nos forces vives pour le combattre. « Ce qui fait la force de ceux que nous combattons c’est que pour eux le chef « Sassou » reste le chef, bon ou mauvais, gentil ou méchant, honnête ou traître. On ne touche pas à sa tête, c’est la règle. On chante plutôt ses louanges à tue-tête dans le but de nous convaincre qu’ils ont, eux, le meilleur meneur d’hommes. C’est la mystification du chef qui terrorise l’adversaire, jamais le contraire. » Dixit MOUTSARA.
Or, nous nous donnons en spectacle au jeu de salissures, d’auto-flagellation sur ce qui devrait nous rassembler, constituer notre force.
Nous avions tous (Diaspora molle et Diaspora radicale) fait confiance à ces femmes et hommes à qui nous avions attribué une certaine forme de reconnaissance, des pouvoirs de nos droits, nous en avions fait des partenaires, des guides pour ce combat pour notre liberté et la démocratie. Seulement personne n’ignorait que beaucoup sont des septuagénaires qui attendent tranquillement le repos éternel sans pouvoir trouver la paix intérieure, car la paix de l’âme commence par la reconnaissance de leurs trahisons face à cette jeunesse.
Une jeunesse qu’ils continuent à manipuler à merci en détruisant l’école de la république et en dépravant continuellement les mœurs. Nos écoles ont échoué dans l’enseignement et la transmission des codes et valeurs politiques républicaines. Une jeunesse qu’ils ont sacrifiée comme de la chair à canon. Simplement parce qu’elle a cru en eux et nous avions soutenu cette ferveur. Nous passons notre temps à fomenter, à calomnier nos propres leaders. « Hier, nous avons estimé que Paul Marie M’POUELE était l’homme à abattre, puis est venu le tour de vouloir à tout prix les têtes de Parfait KOLELAS et Pascal TSATY MABIALA pour haute trahison. Aujourd’hui comme ça ne suffisait pas, on veut également trancher celle de Clément MIERASSA. Nous trancherons assurément la gorge de Claudine MUNARI et BOWAO demain.
Je n’absous pas les torts, ni les fautes de ceux qui ont réellement trahi. Seulement prenons de la hauteur, à force de soupçonner tout le monde, de coller des étiquettes de collabos à tous ils ne nous resteront bientôt que nos yeux pour pleurer la disparition du Congo en tant qu’état. Cette déviance et ce lynchage politique sont contre-productifs car ils ne consistent qu’à faire croire à tous que l’opposition est infestée de traîtres. Pourquoi est-il si difficile de travailler ensemble sans pour autant que nos égos interférent ?
Consciemment ou non, nous sommes en train de laminer ceux qui sont sur le terrain et au péril de leur vie. Alors que, ceux qui prétendent être « experts en psychodrame politique » du Congo-Brazzaville, sont tous cloîtrés dans leurs salons et derrière leurs claviers d’ordinateurs ou smartphones, et se mettant à attribuer des mauvais points à ceux qui subissent quotidiennement les affres de l’injustice d’un pouvoir innommable. Le pire, ils traitent l’ensemble des forces politiques de « collabos ». Drôle de lutte !
Le machiavélisme politique dont fait preuve Sassou s’articule autour de la bonté, de la brutalité et du gangstérisme assassin. Sachant se prémunir de ça. Sachant surtout glorifier nos leaders pour en faire des leaders inébranlables. Cultivons le respect de nos leaders et non le dénigrement permanent qui semble devenir la règle au sein de l’opposition et surtout d’une certaine frange de la diaspora. Nous sommes condamnés à pardonner leurs traîtrises d’hier. Notre conscience doit être interpellée pour ne pas perdre le sens du pardon dans la société congolaise.
Nous devons focaliser notre lutte qui consiste à obtenir la chute de ce pouvoir dictatorial. Tout ce qui relève de la chamaillerie entre nous doit être reléguée au second plan car elle n’a aucune importance, sauf le risque de nous diviser et nous affaiblir.
Sassou vient de nous vendre un énième scénario suicidaire de dialogue pour la paix dans le POOL en réunissant des pseudos sages et en qualifiant d’égarés des ninjas qui se battent pour la liberté de vivre en paix au Congo. Peut-on prendre réellement au sérieux un tant soit peu, celui qui se dit « président » et passe son temps à se faire adouber pas des féticheurs véreux locaux ? Tout congolais le sait même les bébés que SASSOU est un menteur incurable. Ce qui se passe dans le pool est l’œuvre satanique de ses sbires qui détruisent les maisons, coupent tous les arbres fruitiers et autres champs de production de produits alimentaires. C’est le POOL a qui crucifié le Congo à hauteur de 5 329 Milliards de dette ? C’est le POOL qui utilise le dialogue comme une arme pour mieux infiltrer la partie adverse, montrer son arsenal militaire afin d’anéantir, de soumettre l’adversaire politique ou en faire un esclave politique.
Depuis juin 1997 sassou qui gouverne par pseudo-dialogue interposé au rythme de crise récurrente vient une fois de plus de proposer un dialogue pour la paix dans le POOL. Vérité, sincérité politique à cœur ouvert ou stratégie de guerre pour en finir une fois pour toute avec NTUMI ? Ce dialogue n’est qu’un leurre de plus pour assurer sa longévité au pouvoir et continuer d’embastiller ses opposants. Et ce n’est pas les élucubrations d’un Roi BATEKE en perte de notoriété qui fera changer la donne. Ni encore moins ses coups de folie a travers ses fatwas adresses aux Ninjas. « Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages »
Qui ignore que la situation dans le POOL est devenue une affaire enrichissante pour les militaires de sassou qui détroussent les usagers a chaque coin du département. Ils ont érigés des barrières partout en obligeant les paisibles populations de présenter une pièces d’identité pour poursuivre leur route. Le défaut de présentation ou l’absence est automatiquement taxé d’une amende qui varie selon la tête du client. Ce ne sont pas les Ninjas qui se livrent à cette odieuse escroquerie. Cette réalité est connue de tous. La crise du POOL n’est pas une crise isolée elle est la conséquence de la crise politique nationale. De ce fait il faut gérer la crise politique nationale pour en finir avec la crise du POOL et non l’inverse.
Pendant que l’animal blessé dicte sa loi et attaque sur tous les fronts avec des propos mensongers, nos décideurs politiques, paralysés par la peur de déplaire aux donneurs d’ordres qui militent pour le statut quo prédateur, ne prennent aucune initiative. Pour contraindre le prédateur à se replier. D’autres, englués dans les egos démesurés se laissent aller dans des déballages sordides. « Un troupeau sans berger est assurément à la merci du premier prédateur ». C’est ce qu’est devenue notre diaspora.
Il manque à notre diaspora et opposition le sens de l’anticipation et de la prévision. La démocratie ce n’est pas seulement l’intelligentsia comme c’est le cas dans beaucoup de plates-formes associatives qui fleurissent ci et là soutenant tel leader ou un tel autre leader sans réel fondement politique. Le combat actuel n’est plus celui d’avant le référendum de la honte organisée par SASSOU.
Cette opposition encore moins la diaspora a volé en éclat pour diverses raisons dont il serait inutile d’y perdre encore le temps pour en disséquer les causes. La rupture est consommée aujourd’hui entre ceux qui militent réellement pour le départ de Mr SASSOU et ceux qui s’activent pour un maintien du dictateur sous certaines conditions. D’où les revirements de discours sur la possible organisation d’un dialogue. L’opposition ignore-t-elle cette adage vieux comme le monde qui dit : Quand le « rythme change la danse doit changer également ». Le prédateur a changé de danse et l’opposition continue à jouer une musique à contre sens et monotone. Or à ce jeu, c’est le prédateur qui mène la danse.
Jean-Claude BERI