En créant le RMP « Rassemblement de la Majorité Présidentielle », un conglomérat regroupant le PCT (Parti Congolais du Travail), les partis et associations satellites, Sassou Nguesso avait fondé l’espoir de créer un groupement politique dominant au Congo.
Sassou Nguesso et le PCT souhaitent tirer les leçons de 1991 face aux forces du changement à la Conférence Nationale Souveraine. En effet, le PCT fut mis en minorité par les nouveaux partis et associations politiques. C’est ainsi que Sassou Nguesso s’était résolu à favoriser et à inciter ses proches parents à créer à foison des partis et associations politiques satellites du PCT.
Le RMP, éléphant électoral au contenu vide
Après son retour au pouvoir par les armes en octobre 1997, Sassou Nguesso voulait créer un nouveau parti politique par la refondation du PCT. Mais la démarche de refondation du PCT a été jalonnée de résistances à l’intérieur de ce parti et couronné d’échec. Le congrès du PCT qui devait se tenir en 2006 fut arrêté manu militari par Sassou Nguesso. D’où les déboires et les ratés de la refondation du PCT. Le débat de la refondation de ce parti n’aspirait qu’à diluer tous les « petits partis et associations satellites » pour créer un nouveau parti acquis à Sassou Nguesso a été un échec cuisant. Deux courants s’étaient opposés : Les conservateurs avec Justin Lekoundzou et les réformateurs avec Édouard Ambroise Noumazalay. L’affrontement entre les deux courants fut fratricide et poussa Sassou Nguesso à stopper la tenue du congrès du PCT et l’idée de créer un nouveau parti.
Quelques partis et associations politiques créés par Sassou Nguesso sont : le Mouvement pour la Démocratie et le Progrès (MDP), Club 2002 – PUR, Agir, Pegir… donnant ainsi l’impression d’être une vraie force politique. Mais comme tout le monde l’a remarqué ce n’est qu’un château de paille qui a été mis en place. Le résultat, les sbires de Sassou Nguesso ont crée un vrai monstre dilapidaire des fonds. Un groupement d’hommes et femmes dont le seul objectif est de piller et d’asservir le peuple. Ce groupement au contour obscur gère des fonds secrets colossaux qui ne servent qu’acheter les consciences des congolais qui ne croient plus à la politique du « chemin d’avenir ». Certains le qualifient même de deuxième gouvernement.
Il se trouve que les dérapages et la mise à nu des politiques inefficaces menées par le Gouvernement de Sassou Nguesso suscitent les grondements perceptibles du peuple. Aussi, les velléités dominatrices du PCT refont surface et certaines langues se délient.
C’est ainsi que, par crainte d’une aspiration ou ravalement par le PCT, Jean-Claude Ibovi, Président du MDP a déclaré le 16 mai 2010 ce qui suit : « Nous pensons que le RMP n’était pas un simple instrument de campagne, mais qu’il est et devrait être un instrument politique d’avant-garde […]. Tous, nous parlons au nom du président, pour le président, mais chacun dans son univers, avec son schéma, son style, ses ambitions, ses desseins et ses stratégies, parfois même avec des agendas cachés, qui s’opposent quelquefois, si ce n’est souvent. Afin de nous épargner des déchirements qui ne peuvent qu’atténuer notre dynamisme, affaiblir nos énergies […], il est donc temps que tous les mouvements politiques de la majorité présidentielle se fédèrent autour du chef de l’État en un grand parti.»
« Le moment est plus qu’opportun pour que toutes les forces politiques de la majorité présidentielle signataires de la déclaration de création du Rassemblement de la majorité présidentielle (RMP) le 20 décembre 2007, à Brazzaville, respectent les orientations cardinales du chef de l’État, pour en faire un instrument politique unique et entièrement à sa disposition ». Déclaration du député de Talangaï faite le 5 mai 2011 à Brazzaville.
Le PCT est enfermé dans la léthargie et l’immobilisme
Ayant renoncé en 1991 au marxisme-léninisme, le PCT n’a pas de doctrine politique. Il apparait nettement que le RMP n’est qu’une association de partis et associations que Denis Sassou Nguesso utilise à des fins électorales et qu’il manipule comme des moutons de panurge. Pour ce faire, il continue à contrôler le PCT dont l’improvisation politicienne est la marque de fabrique. Certains voient d’un mauvais œil, la prolifération des membres directs du clan Sassou au sein du PCT. Ces derniers de plus en plus prennent une place importante au sein des instances du Parti, d’autres sont directement nommés depuis Mpila. Au moment où on le dit secouer par les tensions sociales qui gravitent autour de la société congolaise, Sassou Nguesso s’entoure ainsi fortement des membres de sa famille biologique plus sûr et plus serviable. Question de mieux conserver le pouvoir !
Depuis le décès de Ambroise Noumazalay, il y a trois ans de cela, l’intérim du secrétaire général était assuré par Isidore Mvouba. Ce dernier n’a pas pu départir le PCT de sa léthargie et de son immobilisme. On peut ainsi comprendre pourquoi Isidore Mvouba, Okombi Salissa, Nkoumba Justin ont été écarté du directoire du prochain congrès du PCT. Le thème du prochain congrès de juillet 2011 est : « la rénovation, la revitalisation et l’ouverture du parti à la modernité». Pour accompagner cette quête du renouveau, le PCT a presque mis en congé ses principaux animateurs, éminents « camarades » du bureau politique et du secrétariat exécutif, désignés comme de simples membres des sous-commissions du congrès. Place à la jeunesse composée de la majorité des enfants du clan qui espèrent ainsi récupérer le PCT et faire émerger un semblant de renouveau. Un renouveau dont les futurs responsables ont tous les mains sales, trompés dans des magouilles, des opérations de corruption, de détournement de fonds…. Sassou Nguesso croit ainsi léguer le PCT à sa famille pour pérenniser le pouvoir et de les absoudre d’éventuelles poursuites.
Le prochain congrès du PCT se tiendra du 3 au 7 juillet 2011 à Brazzaville avec un budget de 20 milliards de F CFA puisé au Trésor public par Sassou Nguesso est déjà taché d’énormes irrégularités. Cette somme n’appartient ni à Sassou Nguesso ni au PCT, ce n’est purement qu’un vol contre l’intérêt du peuple. Comment peut-on parler de renouveau et de modernité lorsque les méthodes archaïques, dilapidatrices sont les premiers menus de votre carte ?
N’ayant pas pu créer le grand parti qu’il avait rêvé, Sassou Nguesso s’est résolu à saborder les partis dont il se méfiait. C’est le cas de l’UPADS et du MCDDI. Certains cadres de ces partis ont fini par rejoindre Sassou Nguesso. D’autres ont connu des désillusions.
En dépit de son échec de créer un parti dominant qui devait regrouper le PCT et les partis satellites, Sassou Nguesso continue à assouvir sa domination sur l’État par une redistribution familiale et claniques des postes administratifs. L’union sacrée entre le PCT et l’ensemble des partis et associations affiliés volerait en éclat le jour où Denis Sassou Nguesso ne sera plus actif. Les ministres de son gouvernement se caractérisent par un immobilisme notoire. Les ministres qui parlent du programme politique, « le chemin d’avenir » de Sassou Nguesso sont les premiers à ne pas y croire. Le chemin d’avenir n’est qu’un chemin court vers l’enrichissement illicite. Ainsi va le chemin d’avenir !
Sassou Nguesso passe le plus clair de son temps au bord de l’Alima à Oyo et à faire des voyages à l’étranger. Toute l’administration est devenue léthargique et l’inflation étrangle le quotidien des Congolais. Pendant ce temps, Sassou Nguesso va décaisser 20 milliards du trésor public pour assouvir le congrès du PCT espérant ainsi faire renaître l’engouement d’antan. Ce n’est qu’un rêve qui se fissure chaque jour que la volonté du peuple s’approche de la sanction finale. La mort annoncée du RMP est un rêve brisé confirmant qu’il est impossible de mélanger un éléphant, des crabes et des serpents dans un même panier.
Chris Abela, www.dac-presse.com