La panique qui frappe aujourd’hui le pouvoir de Brazzaville, face à l’ampleur de la crise politique, économique, financière et sociale, pousse Denis Sassou Nguesso à imaginer l’inimaginable.

En effet, les détournements massifs des deniers publics opérés par lui-même, ses enfants, ses neveux et les autres membres du clan, les placements en chine et dans les paradis fiscaux, ont asséché les caisses de l’état.Sassou Nguesso, cherche désespérément à quel saint se vouer pour faire face aux échéances de paiements. S’il a arrêté  de payer la dette extérieure en principal et en intérêts depuis janvier 2016, une dette extérieure qui atteint désormais 79% du PIB, et un montant supérieur à celui qui avait justifié l’accès à l’IPPTE, soit 10 milliards de dollars US contre 9,6 milliards de dollars US, mais aussi la dette intérieure, il lui reste des échéances incontournables. Ces échéances concernent le fonctionnement courant de l’état, le paiement des bourses des étudiants, des pensions des retraités de l’état et surtout des salaires des agents de l’état qui au cours des quatre derniers mois n’ont été payés qu’au prix d’une acrobatie indescriptible. Comment faire alors pour éviter que le coup d’état constitutionnel du 25 octobre 2015 et le coup de force électoral du 20 mars 2016 ne tournent au cauchemar ?

Sassou Nguesso frappe à toutes les portes pour solliciter des aides budgétaires, proposer des gages pétroliers ; tenter de rapatrier tout ou  partie des excédents budgétaires (près de 14000 milliards de FCFA) placés dans les paradis fiscaux : Beyrouth, Doha, Dubaï, Abu-Dhabi, les iles vierges, panama, Hongkong, etc… Après l’échec cuisant des différentes missions organisées à cette fin, il a décidé de se lancer lui-même dans cette bataille pour la survie. Une bataille pour la survie, parce que la fin approche dangereusement et elle sera dramatique avec la cessation de paiements qui se profile à l’horizon. Alors, il se rend lui-même en chine, une sorte de vache à lait pour lui, et pourtant une vache à lait sans plus de lait.

Analphabétisme, pauvreté d’esprit ou délire ? la télévision congolaise a lâché le morceau : Sassou Nguesso aurait signé avec le gouvernement chinois un double accord : la conversion du yuan en FCFA, la libre circulation du yuan au Congo et la libre circulation du  FCFA en chine.

Enfin tous les esprits avisés le savent. Le FCFA, est le symbole et l’instrument des accords de coopération monétaire en zone Franc. Sa convertibilité illimitée est garantie par le compte d’opérations ouvert au trésor français où les Banques centrales africaines, la BCEAO pour l’Afrique de l’Ouest et la BEAC pour l’Afrique centrale sont astreintes à faire un dépôt de 50%  de leurs réserves de change. Ce compte assure également la parité fixe avec la monnaie européenne, l’Euro. Cette parité est  aujourd’hui de 655,957 FCFA pour 1  euro.

La gestion du FCFA, monnaie commune des Etats africains de la zone franc est normée par les règles définies par les accords de coopérations monétaire dont les derniers ajustements ont été signés en janvier 1999.

Les organes qui concourent à la formation et les prises de décisions dans les deux communautés, l’UEMOA pour la BCEAO et la CEMAC pour la BEAC sont :

  • La Conférence des chefs d’états de l’Union ou de la communauté ;
  • Le Conseil des ministres de la communauté ou de l’union ;
  • Le conseil d’administration de chaque institut d’émission, BCEAO et BEAC ;
  • Le Comité monétaire de chaque État.

Au niveau global, il y a bien sûr la réunion de la zone Franc qui se tient alternativement en France et en Afrique.

Comme vous pouvez le constater, cette architecture ne laisse pas la place aux initiatives individuelles en matière de gestion monétaire. Toute décision est collective et pour les institutions de la CEMAC, le consensus est  de règle. Aucun chef d’état ne peut donc engager seul la communauté.

Dans les conditions ci-dessus décrites, le fameux accord qui, aurait, semble-t-il été signé entre le gouvernement chinois et Sassou Nguesso ne peut relever que d’une blague, mais alors une blague de mauvais goût, sauf si Sassou Nguesso orchestre un chantage en direction essentiellement de la France, ou s’il a pris sur lui de sortir le Congo de la zone franc, ce qui serait grave et suicidaire dans les conditions actuelles parce que le Congo ferait un saut dans l’abîme. Par ailleurs, la Chine est un grand pays, une grande économie également, et qui a une grande expérience internationale. On ne comprendrait pas qu’elle se livre avec Sassou Nguesso à une aussi grossière  acrobatie sans lendemain, mais simplement destinée à jeter un voile sur les ébats d’un Sassou Nguesso à l’orée d’une fin atroce, ce que le Peuple congolais ne tolérera jamais et n’acceptera jamais.

Alors Peuple congolais, le temps de la mésaventure est révolu, à jamais révolu. Débout et mobilisé, tu vaincras ta peur d’aujourd’hui pour mettre définitivement fin au règne dictatorial de  Sassou Nguesso,  monsieur 8% et entamer dans  une nouvelle culture politique le redressement, la construction d’un Congo nouveau, libre et prospère.

Brazzaville, le 8 Juillet 2016

Norbert Ata-ndélé