Le C.p.f.p (Centre de promotion de la femme en politique) dont la présidente est l’ancienne ministre Émilienne Raoul, a organisé, au mois de mai dernier, à l’Hôtel de la Préfecture de Brazzaville, une campagne de formation des femmes et jeunes candidats aux élections législatives et locales du 16 juillet prochain. Dans un entretien qu’elle nous a accordé, la présidente du C.p.f.p revient sur l’objectif de cette formation et sur la femme en politique.
* Madame la présidente du C.p.f.p, quel a été l’élément déclencheur des formations organisées à l’endroit des femmes et jeunes candidats aux élections législatives et locales?
** Nous avons commencé en 2002, parce qu’on sortait de cette guerre que vous connaissez. Nous nous sommes dits: pourquoi les femmes ne participent-t-elle pas à la politique et à la vie publique? Nous avons mené une enquête qui a révélé que les femmes refusaient de faire la politique pour deux raisons: elles se disent que la politique amène toujours à la guerre. Ensuite, pour faire la politique, il faut être formé, hors nous les femmes, nous ne sommes pas formées. Nous ne sommes pas dans les partis politiques, nous sommes dans les associations de la société civile, donc on ne peut pas faire la politique. Et si on vous donnait la formation, est-ce-que vous viendrez faire la politique? Ah oui on viendrait faire la politique, répondaient-elles. Voilà comment on a commencé. Moi-même j’étais candidate à l’époque, en même temps que je battais campagne, je faisais la formation des femmes. Je courrais entre les salles et le terrain. C’est comme ça que j’ai commencé. Aujourd’hui, nous avons des femmes députées, sénatrices qui, depuis cette époque, sont toujours dans l’hémicycle, après avoir suivi cette formation de battre campagne comme on leur a appris à l’époque.
* Qu’est-ce que ça vous fait, aujourd’hui, quand vous êtes en face des femmes et des jeunes que vous formez et qu’attendez-vous d’eux?
** J’attends des femmes et des jeunes qu’ils participent activement à la vie politique de notre pays et qu’ils apportent des changements. Souvent, on parle des populations qui souffrent, des infrastructures qui ne suivent pas, etc. Pourquoi se plaindre tous les temps, si on ne s’implique pas soi-même? Il faut s’impliquer et c’est ce que j’attends des femmes et des jeunes que nous formons.
* Etes-vous rassurée que par la politique, on peut contribuer au développement du pays, alors que plusieurs personnes pensent que la politique est comme l’élément déclencheur de la division, de la haine, des guerres?
** Moi, je ne suis pas dans un parti politique. Mais, je fais la politique, parce que j’emmène ma contribution à travers une association. A travers ce que je fais chaque jour, je participe à la gestion de la chose publique. C’est ça la différence. La politique politicienne, nous n’en voulons plus. Nous voulons faire une politique citoyenne et j’invite les femmes et les jeunes à s’engager, aujourd’hui, dans la politique citoyenne.
* Quelle est la raison fondamentale qui vous pousse à ne pas intégrer un parti politique?
** C’est pour avoir cette liberté d’entrer en contact avec tout le monde, de ne pas avoir un mur. Souvent, on vous juge à partir du parti politique auquel vous appartenez. On m’a souvent qualifié d’électron libre. Bon, je l’accepte! Mais, cela me permet aussi d’aller vers les autres si facilement.
* Vous n’avez pas l’idée de former un parti politique?
** Non, pas du tout! Quand j’étais à la Faculté, mes collègues me disaient: si je forme un parti politique, ils viendront derrière moi. J’ai dit: non, je reste dans la société civile, parce qu’à ce niveau, on participe beaucoup plus à la gestion de la chose publique. La société civile apporte aussi plus de contributions. Mais, je ne peux pas nier qu’il y a aussi un grand travail qui se fait au niveau des partis politiques. J’admire certains partis politiques qui le font correctement.
Propos recueillis par
Alain-Patrick MASSAMBA