Par Mgr Clément BIABOUDA Coordonnateur de la Dynamique de Bonaventure MBAYA, plate forme politique de soutien, d’appui et d’accompagnement des idéaux et actions du président Bonaventure Mbaya. POURQUOI ET COMMENT REFONDER NOTRE AVENIR COMMUN DANS LE CADRE D’UNE NATION RÉCONCILIÉE ? A travers la Conférence Nationale Souveraine tenue à Brazzaville du 25 février au 10 juin 1991, le peuple congolais opérait une rupture avec le pouvoir monopartite pour s’ouvrir à la modernité par la Démocratie et le pluralisme politique. Il renonçait ainsi à l’arbitraire, à la dictature et aux coups de force. Il se donnait un régime démocratique fondé sur l’Etat de droit, notamment en organisant des élections démocratiques, libres et transparentes en 1992. La Conférence Nationale Souveraine semblait donc constituer le point de départ d’un Congo nouveau avec une culture nouvelle pour une Nation congolaise résolument une et indivisible. Malheureusement, cinq (5) ans après, en 1997, le pays connaissait une nouvelle tragédie, la plus importante et la plus grave de son histoire politique, elle-même déjà mouvementée : le renversement des institutions démocratiques suivi d’une sanglante et meurtrière guerre civile qui a opposé, entre eux, les Congolais, de 1997 à 1999. Ces nouveaux soubresauts tragiques ont laissé un pays exsangue, profondément divisé, avec de nouvelles rancœurs et frustrations, vivaces chez les uns et alimentant les craintes de revanches chez les autres ; le tout comme pour pérenniser une soif d’hégémonie jurée des uns et des autres. Deux tentatives de réconciliation des Congolais ont lamentablement échoué pour n’avoir cherché qu’à satisfaire les volontés antagoniques de la classe politique au détriment des desiderata et des aspirations profondes du peuple congolais. En janvier 1998, le forum pour la réconciliation nationale organisé par les vainqueurs de la guerre n’a pu résoudre la problématique de l’unité nationale mise à mal par le renversement brutal du régime démocratique. En mars et avril 2001, le dialogue national sans exclusive n’a pu atteindre ses objectifs malgré de bonnes intentions retenues dans la Convention pour la paix signée par les participants à ce nouveau rendez-vous national manqué. L’absence de certains leaders d’opinion, acteurs importants de l’histoire politique congolaise de ces dernières années, est venue compromettre le caractère voulu sans exclusive d’un dialogue national qui portait pourtant les espoirs de toute la Nation. Manifestement, la classe politique congolaise n’aura pas pu transcender ses querelles et ses contentieux qui ont si souvent été à l’origine des soubresauts tragiques et sanglants qu’a connus le pays durant ses quarante (40) années d’indépendance. C’est à la lumière de ce constat qu’est née « la Convergence citoyenne », pour penser autrement le Congo, un groupement politique, résolument tourné vers l’avenir, un avenir voulu radieux et prospère, un avenir de paix et de réconciliation nationale pour un développement global du Congo. La Convergence citoyenne est donc un Mouvement politique congolais de Rassemblement National, en vue d’unir et de dynamiser, autour d’un même projet politique, tous les Congolais désireux d’œuvrer pour la construction progressive et réaliste d’un Congo nouveau, incarnant la démocratie, l’Etat de droit et la modernité ; un Congo ouvert à tous et au monde, après plusieurs décennies de contentieux politiques et de guerres fratricides ; un Congo en pleine résurrection et, désormais résolument tourné vers la paix, la réconciliation nationale, le développement économique et le bien-être social, dans un cadre démocratique inspiré par la doctrine social-démocrate, respectueux des droits de l’Homme et du citoyen. La Convergence citoyenne milite pour la régénérescence d’une classe politique congolaise susceptible de permettre l’émergence d’une élite politique nouvelle, exorcisée des vieilles querelles partisanes et aveugles. Une élite politique nouvelle qui ne rechercherait que le dénominateur commun autour duquel se rassembleraient les fils et filles du pays, en vue de redémarrer ensemble et reconstruire le Congo, après le risque de naufrage collectif grave que lui a fait courir une classe politique désuète, minée par des contentieux politiques sans fin. Il s’agit pour la Convergence citoyenne de s’inscrire dans une nouvelle culture politique où la confrontation des idées est appelée à préserver le pays de l’affrontement des hommes. C’est à cette fin que nous publions notre projet politique dont les grandes idées ont été exposées depuis 1998 dans notre réflexion de référence : « FONDEMENTS POUR UNE DYNAMIQUE POLITIQUE NOUVELLE AU CONGO-BRAZZAVILLE. Ce projet vient présenter l’horizon de notre action politique. Notre volonté de changement, exprimée à travers la Conférence Nationale Souveraine, n’a été entamée ni par les tentations, ni par les douloureuses épreuves vécues par le Peuple congolais ces dernières années. Nous voulons penser et gouverner le Congo autrement. Penser et gouverner autrement notre pays à travers un impératif national qu’incarnent pour nous : 1. la régénérescence de la classe politique congolaise par l’avènement de mœurs politiques nouvelles ; 2. la refondation de la Nation congolaise avec l’intégration de la réalité socio-politique comme facteur incontournable de la vie nationale ; 3. la refondation économique avec un véritable plan de développement national qu’impulserait une décentralisation régionale hardie. Une politique de changement : Contre une certaine idée du Congo : idée, négative et néfaste pour la cohésion nationale, qui a divisé le Congo en Nord-Sud, sans Est ni Ouest, livrant, aux appétits de la classe politique, les groupes sociologiques de ces deux parties du pays ; ceci à des fins égoïstes. L’instrumentalisation politique du Nord et du Sud, appuyée par une systématisation de la conscience ethnique dans la lutte politique, a, en effet, servi de terreau aux guerres fratricides et aux conflits d’intérêt politique qui ont jalonné l’histoire politique du Congo depuis les indépendances. La Convergence Citoyenne vise donc la fin définitive des conflits en cours au Congo pour permettre la naissance d’une nation congolaise nouvelle, avec un état d’esprit nouveau fondé sur des valeurs fortes consignées dans les textes fondateurs de la Nation congolaise ressuscitée et ayant force de loi, pour cimenter fortement l’unité nationale et promouvoir la Démocratie et l’Etat de droit, dans la concorde nationale. La Convergence Citoyenne envisage, par conséquent, une réconciliation nationale sincère qui serait la traduction profonde de la volonté commune des Congolais de vivre ensemble sur le territoire hérité de leurs ancêtres. Pour cela, il faudra éliminer sans complaisance les causes de nos conflits antérieurs et les facteurs qui pourraient à nouveau générer une rupture de la paix au Congo. Ainsi donc, si, pour La Convergence Citoyenne, la réconciliation nationale et la paix, préconisées pour mettre un terme aux conflits interminables, intéressent au premier chef les familles politiques qui se sont toujours affrontées dans le pays, celles-ci ne devront pas perdre de vue que la victime principale de ces conflits aura été le peuple congolais dont les composantes sont désormais écartelées, éclatées et divisées. Il y a aujourd’hui au Congo, des composantes de la Nation congolaise, voire des simples citoyens, qui redoutent une vengeance et des règlements de comptes pour des actes posés en leur nom, ou qui exigent réparation, à défaut d’une revanche, pour les frustrations et les préjudices subis à cause de leur engagement politique supposé. La réconciliation nationale et la paix n’auront aucune signification profonde si elles n’impliquent pas les composantes nationales et si elles n’ont aucun rejaillissement sur le peuple profond, victime des extravagances de la classe politique. C’est pour cela que La Convergence Citoyenne fait l’apologie d’une Dynamique Politique Nouvelle, que devra incarner une force réellement porteuse des espérances du Peuple Congolais ; une force qui sera à l’origine des innovations qui révolutionneront la vie publique congolaise. La Convergence Citoyenne veut, à terme, juguler la démocratie ethnique et l’Etat ethnique qui en découle pour définitivement consacrer la Démocratie pluraliste et l’Etat –Nation. Ainsi, pour nous, l’unité nationale deviendra, effectivement, la manifestation convaincante et unanime du sentiment des citoyens d’un même pays de se reconnaître et de s’accepter, les uns et les autres, dans leur diversité ethnolinguistique, dans leurs différences sociales, philosophiques et confessionnelles, en partageant le même amour patriotique pour le territoire qu’ils occupent, dans une cohabitation pacifique et fraternisante, pour le temps et à perpétuité. Contre une politique : une politique de laxisme et de complaisance qui a toujours voulu créer, de toutes pièces et par une stratégie démagogique, une bourgeoisie nationale au Congo, sur la base du clientélisme, en distribuant la richesse du pays à des personnes que l’on a voulu enrichir comme naguère on ennoblissait par la fortune. Nous devons rompre avec ces pratiques ! Il nous faut faire en sorte que l’Etat redevienne simplement le grand régulateur de la vie nationale, c’est-à-dire qu’il cesse d’être également le principal investisseur au plan national ; qu’il ne fasse plus la promotion des entreprises publiques dont la justification économique n’est pas toujours avérée et, surtout, qu’il cesse de créer des postes relevant du seul droit régalien du Chef de l’Etat. En fait, l’Etat ne devrait en définitive que s’atteler à faire la promotion de la compétence et de l’émulation, dans un contexte désormais marqué par la seule libre entreprise. Pour cela, il devra lutter contre les marchés de gré à gré et contre l’arbitraire des recrutements ou des rémunérations…… Par Mgr Clément Biabouna,