Par : Oleg Fabrice KIESSILA,
Dès qu’on évoque le 15 Août au Congo-Brazzaville, chaque congolais se remémore d’un évènement particulier de l’histoire de notre pays : L’accession à la souveraineté internationale. Ce moment qui marque la reprise en mains de notre destin commun après des décennies d’assujettissement.
A l’occasion donc de cette fête nationale qui suscite plusieurs espoirs chez nombreux compatriotes, j’ai choisi en tant qu’acteur politique non pas de m’adresser aux autorités congolaises comme bon nombre de mes confrères l’ont fait, mais plutôt d’interpeller l’opposition congolaise sur le sens de son engagement, et donc au peuple.
Chers amis de l’opposition congolaise,
Comme chacun le sait, le combat politique d’une opposition congolaise est d’être d’abord et avant tout un rempart pour le peuple, puis de se présenter comme cette force d’alternance capable de propositions susceptibles d’enclencher le changement dans un pays. C’est ce à quoi je crois. C’est donc un rôle noble et passionnant. C’est plus qu’un devoir.
Depuis donc l’avortement du processus de démocratisation enclenché par la conférence nationale, notre pays est tombé très bas jusqu’à aujourd’hui, toucher le fond. Il se trouve plongé dans une crise tentaculaire sans précédent de laquelle il peine à se relever malgré tous les efforts consentis par le gouvernement de Brazzaville d’en sortir. La crise économico-financière aiguë et sociale-politique asphyxiante est doublée d’une profonde descente aux enfers des valeurs morales. Ceci précipite notre déclin.
Chers amis de l’opposition congolaise,
De cette situation catastrophique de notre pays, il revient donc à nous, les opposants, la force de proposition, d’imaginer les moyens pour sortir de cet engrainage dans lequel nous emblons être enchainés. Le peuple se trouve dans une situation de désastre total. Cette situation extraordinaire exige de nous une véritable prise de conscience généralisée.
Or depuis plusieurs décennies déjà, la situation est autre. Nous nous accommodons de notre petit confort pour certains, de notre passivité pour d’autres. Ceci valide le phénomène de la fatalité qui fait croire au peuple qu’au fond, rien n’est possible. De ce fait, les opposants congolais, au lieu de privilégier l’intérêt général se complaisent de leurs petites personnes. Ce qui lance une vraie guerre des tranchées. Les uns se positionnant comme les plus légitimes en face des autres qui sont considérés comme des conspirateurs. D’où la divergence des vues qui pouvait se révéler comme une force pour l’opposition est devenue un réel handicap. Les uns et les autres se font ouvertement la guerre.
Chers amis de l’opposition congolaise,
L’heure est grave. Le Congo a besoin non pas de nos querelles mais plutôt des vraies solutions. Ainsi donc, au-delà de tout différend, j’en appelle à chacun de nous, de prendre ses responsabilités afin de privilégier la Nation. Car elle seule nous préoccupe. Dans ce sillage, je propose un dialogue national de l’opposition congolaise. Lequel permettra de faire un bilan sur la durée de toute l’action de l’opposition congolaise depuis la chute du processus de démocratisation dans notre pays. Ce dialogue sera l’occasion pour les opposants de définir une ligne d’action concrète après avoir passé au peigne fin tout le parcours, des hauts et des bas.
Chers amis de l’opposition congolaise,
2021 n’est plus loin. J’entends déjà des voix se lever pour dénoncer ceux qui voudront au nom du principe de la démocratie de prendre part à cette échéance électorale. Ceux là ne reconnaissent pas les autorités congolaises. C’est dans leur droit. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est le fait que même dans un régime dictatorial, il y a toujours un pouvoir, donc des autorités. Ceci étant, il nous incombe de revoir notre stratégie. J’en appelle au rassemblement plus que de façon urgente afin de barrer la route à celui qui est déjà en campagne avant l’heure. Le fils Denis qui sillonne les routes du Congo profond. C’est lui notre adversaire, pas quelconque personnage de l’opposition.
Chers amis de l’opposition congolaise,
Devant une telle certitude, je nous appelle au bon sens, celui qui nous permet de prendre la mesure de la gravité de la situation en nous convaincant de convoquer au plus vite au nom de l’intérêt général le Dialogue de l’opposition congolaise. Lequel dialogue permettra, dans un format particulier, à chacun de mettre à nu ses préoccupations et à l’ensemble d’établir une ligne directive qui aboutirait à une alternance crédible pour le bien de notre peuple et de notre pays. S’il le faut, je propose, pour dégager un candidat unique qui devra combattre le candidat de la majorité présidentielle en toute crédibilité à la prochaine élection présidentielle, des primaires de l’opposition congolaise. Une voix essentielle pour redonner confiance à tout le monde. C’est une idée à murir tant il est vrai qu’elle me semble incontournable.
Chers amis de l’opposition congolaise,
Au moment où tout le monde se précipite à s’adresser au président de la république, j’ai choisi de m’adresser à vous afin de mesurer combien notre tâche est non seulement noble mais surtout essentielle. Nous ne devons pas oublier d’où nous venons, ce que nus avons vécu durant des décennies, et ce que nous subissons aujourd’hui, en grande partie à cause de ce fait historique : la colonisation. Aujourd’hui, nous avons l’impression d’être devenus nos propres bourreaux cinquante huit ans après. Nous n’avons jamais progressé. Nous ne nous sommes jamais encré dans la démocratie et le respect de ses principes. Nous continuons à vivre dans notre habit d’enfance. C’est inacceptable. Le congolais ne peut se sentir étranger dans son propre pays à cause d’une minorité qui s’accapare du pouvoir et des richesses du pays, plus encore en insécurité absolue à cause de cette même minorité qui nourrit la terreur afin de préserver leurs acquis. Des meurtres sont commis sans que les autorités se mettent en mouvement, des enlèvements, des emprisonnements sont perpétrés chaque jour sans que les institutions ne se mettent en route. Tout semble normal alors que rien ne l’est. Les injustices s’aggravent, ce qui amène les idées de division, de clanisme, de corruption, de clientélisme.
Chers amis de l’opposition congolaise,
Notre pays est dans une situation terrifiante qui nécessite une vraie prise de conscience. Ce qui peut l’en sortir, c’est l’audace d’une opposition engagée. Mais pour cela, il faut le rassemblement, c’est le préalable. A chacun de réfléchir.
En attendant, passez la fête nationale dans la dignité.
Oleg Fabrice KIESSILA,
Acteur Politique.