Finie la fièvre de la campagne, la torpeur des propositions illusionnistes, place désormais à la vraie politique. Les masques sont définitivement des feuilles qui tombent. Les plans cachés des uns et des autres émergent des bas-fonds de la triste réalité politique congolaise. C’est vrai qu’en rechignant à œuvrer pour une démarche unitaire face un adversaire qui pourtant leur était commun, l’opposition en caressant même l’idée de cavaler chacun seul n’a fait que contribuer à diminuer ses chances de succès.

Pour la plupart des congolais, la façon de voir la politique est selon le fameux prisme congolais encré entre le Nord et le Sud reprend progressivement son cours. Ce n’est pas faute de dénoncer cet anachronisme force est de constater ce clivage issu de la conférence nationale était peut-être la réalité de cet espace-temps de l’époque, mais il est aujourd’hui totalement incohérent mais surtout dangereux pour la survie du Congo en tant que nation.

Le problème, comme on l’a vu aux dernières élections, ce clivage est source de dérive. Le Nord en votant « massivement » pour Mr SASSOU n’a fait que défendre un filet social qui lui est tendu par le pouvoir depuis 32 ans. Ils ne peuvent concevoir un système autre que celui qui les placent en haut de l’échelle sociale et ce malgré une incompétence désastreuse. Le Sud, tout particulièrement le POOL, en votant pour Guy Brice Parfait KOLELAS n’a fait que confirmer un mécontentement face à une situation qui les a réduit depuis fort longtemps a l’état d’exécutant serviable à merci.

Nous pensions fortement qu’on votait pour un projet cohérent pouvant asseoir un développement équitable surtout réalisable pour toute une nation. Grand fut notre étonnement de voir que nous sommes encore marqués dans nos consciences par des considérations qui sont loin de toute logique politique au sens propre du terme.

Ainsi, tant le Nord que le Sud a besoin d’un État gros et fort pour imposer leur vision et sont prêts à bafouer les libertés individuelles pour arriver à leurs fins. C’est pourquoi l’application de l’une ou l’autre de ces idéologies tend à faire glisser une société vers le totalitarisme et/ou le clanisme. Pourtant tout le monde s’accorde à dire qu’il est mal avisé de définir sa position politique seulement en fonction de son appartenance ethnique sans associer l’exposé politique du futur leader.

Dans ce contexte, comment voulez-vous qu’il ait un grand soulèvement de dénonciation de peuple congolais, si jamais on peut encore parler du peuple congolais, devant la barbarie qui s’abat sur le département du POOL. A voir ces regards vides; ces corps ravagés par la maladie, la famine, enfants sans foyer, sans âge, qui errent en hordes, à l’écart de toute règle de vie commune sauf la loi tribale de leur clan… Lorsque l’on observe à quelques kms de là des gens sensés appartenir à cette même nation congolaise détournés les yeux. C’est incompréhensible pour l’observateur étranger  pourtant certains congolais trouveront cela légitime. Ils n’ont qu’à mourir, ils veulent « notre pouvoir », entendons-nous en sourdine. Il a fallu qu’il y ait des centaines de morts pour observer un léger frémissement des pseudos politiciens du Nord sortir du bois pour dénoncer ce que les ONG qualifiaient déjà de « massacre à huis clos ».

On nous promet un avenir commun dans un Congo rassemblé en gargarisant aujourd’hui de la nécessité de l’unité. Ces petits êtres humains du POOL qui sont en train de partir en arrière, victimes d’une vraie «épuration ethnique depuis 15 ans » ne sont que des notions négligeables sur l’échiquier du pouvoir de sassou . Aucun sauvetage de ses naufragés de l’injustice n’est engagé, on se contente de le dire du bout des lèvres mais on se garde bien de l’exécuter.

La fuite en avant orchestrée par certains qui ont le culot de taxer Guy Brice Parfait KOLELAS de « seul responsable des malheurs du POOL » est un mélange d’absurdité politique et d’indécence humaine. On prend un malin plaisir à déshumaniser toute une région au point de les faire repartir à l’âge de la barbarie. Pourtant dans les salons feutrés, on vante, toute honte bue, « le vivre ensemble ».

Au ressortissant du POOL, officiers et soldats, ce n’est nullement une audience qu’il nous faut auprès de celui-là même qui programme des opérations de destruction des vôtres mais de vous constituer en rempart contre toutes ces attaques de mercenaires dans votre région. Votre région est brisée, attaquée par des hordes sans foi ni loi, constitués par un groupement d’étrangers qui tuent pour de l’argent, votre mission serait de vous lever contre eux. Le dialogue face à un monstre froid de la trempe de SASSOU n’a pas de sens tant que seule la loi du plus fort ne peut le fléchir.

Mettre tout sur le dos de Guy Brice Parfait KOLELAS est simplement là la preuve d’une complicité du pouvoir pour poursuivre leur mission d’extermination en règle. Car il est inadmissible que le POOL qui est une composante du Congo puisse subir un traitement dont les médicaments sont composés des bombes à répétition.

Quel que soit le problème politique qui oppose le révérend NTUMI,  ancien associé au pouvoir, rien ne peut justifier cet acharnement sur les paisibles populations. Ni encore moins la crainte de l’alliance KOLELAS-NTUMI ne doit être transposé en un problème national. Ces questions politiques doivent se résorber dans les discussions politiques et non dans les massacres des innocents.

L’humanitaire dans le POOL, c’est la vraie politique du moment

Au-delà des conventions ou de la quête d’un dialogue dont on ne maitrise ni les tenants et les aboutissants, il serait judicieux que la classe politique fasse de l’humanitaire dans le POOL, le problème majeur. Le POOL, est–il si traumatisant que ça? La réponse est certainement OUI.

Le POOL a besoin d’être secouru. Dans ces discours animés par des politiques, en particulier ceux du Nord, nous recommandons une implication humanitaire en terme de collecte des vivres et autres assistances multiformes. Votre implication sincère sera le signe de l’équilibre et de l’impartialité dans le processus de résolution de la crise du POOL. Sans mettre les pieds dans le plat, nous constatons au-delà de quelques réactions de qualité, une nette insuffisance expertise politique. Il ne serait pas faux de dire que le débat sur le POOL est truffé de légèreté. L’observation des discordes, les phrases assassines, les contre-vérités auxquelles s’adonnent ces politiques sonnent comme des coups de crachats au visage de ces malheureuses victimes du POOL.

Est-il besoin de le rappeler avec force que le temps est venu pour les politiques congolais de déterminer leur propre responsabilité dans la situation du POOL ; ils y gagneront en maturité politique et en crédibilité sur la scène nationale. Repenser aussi qu’en dépit des stratégies nuisibles concoctées par Mr SASSOU, la vraie tendance, souterraine, durable, est à la renaissance du Congo ; de nombreux signes l’attestent : la prise de conscience revient petit à petit, la dénonciation gestion chaotique des biens publics devient plus transparente, la nécessité de l’Etat de droit s’impose ici et là. L’issue de la crise congolaise reste certes incertaine, d’où l’urgence d’accompagner cette sortie du tunnel par un dialogue politique et une action humanitaire dans le département le plus touché du pays.

Jean-Claude BERI