Mr Pierre MABIALA
Par : Laurent DZABA
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La crise économique et sociale qui frappe le Congo est l’une des plus graves de son histoire. Contre toute attente, c’est au moment où les convulsions inhérentes à cette crise s’accentuent que le pouvoir bombe le torse et décide d’imposer un impôt foncier à toute personne propriétaire d’une parcelle sur le sol congolais.
C’est bien de vouloir sortir les muscles en ces temps de disette et d’austérité, surtout lorsqu’il s’agit de l’argent des plus faibles. Une chose est sûre, ce ne sont pas ces improvisations brouillonnes et ces mesurettes de lendemain de cuite qui sortiront notre pays de la banqueroute.
Monsieur Clément Mouamba et sa bande de petits camarades devraient savoir que ce n’est pas parce que les congolais sont calmes, qu’il faille laisser croire qu’ils sont satisfaits de la médiocrité ambiante dans les salons feutrés du pouvoir. Ce n’est pas parce que vous avez pris l’habitude de gruger les congolais à travers les sociétés nationales d’électricité et d’eau, qu’ils sont devenus vos victimes expiatoires, vos vaches à lait.
Dans le cas où nos gouvernants seraient amnésiques, il est essentiel de rappeler que les milliards que le Président avait gracieusement offert à la République Centrafricaine afin d’obtenir le feu vert et le soutien de la France lors de son entourloupe pour se maintenir au pouvoir, sont largement au dessus des efforts qu’ils demandent aux congolais à travers cet impôt. Alors, comme ils sont incapables d’assurer la redistribution des richesses quand tout va bien, pas question de faire supporter la charge aux plus faibles quand rien ne va. De grâce, ne faites pas payer au peuple vos lacunes en arithmétique et votre appétit pour le pouvoir.
Aujourd’hui, aucun ministre ou ses conseillers, aucun député, aucun sénateur, aucun collaborateur du Président ou du Premier Ministre, aucun des hauts fonctionnaires auto-promotionnés, ne fait une descente ou une mission à l’intérieur du pays sans percevoir une prime d’au moins un million de francs CFA. C’est ce décalage tragi-comique entre la folie des grandeurs faite d’avantages monstrueux pour les imposteurs démagogues d’un coté et les souffrances et la misère quotidienne des congolais d’en bas de l’autre côté, qui devient insupportable.
Malgré la crise, il est triste de constater qu’aucune reforme sérieuse n’a été mise en place afin de diminuer le train de vie de l’état. Les congolais qui sont fatigués d’être les véritables dindons de cette immense farce ne se laisseront pas vampiriser par toutes ces sangsues de la ripoux-blique bananière. Pour tous les miséreux qui ont déjà du mal à se nourrir, se loger ou se soigner, il va falloir sortir les blindés et les hélicoptères de combat comme à l’accoutumée, pour les obliger à payer cet impôt injuste et irresponsable.
L’argent, il faut aller le chercher là où il se trouve. Si le Président Sassou Nguesso a promis arrêter les corrompus, c’est parce qu’il a la profonde conviction qu’il y’a des citoyens qui se sont servis dans les caisses de l’état et qui gardent des milliards sur le territoire national ou à l’étranger. C’est à lui qu’incombe le devoir de diligenter des actions qui permettront de récupérer ces milliards qui dorment bien au chaud dans les cimetières et les coffres des banques à l’étranger.
La priorité du gouvernement devrait avant tout être celui de rapatrier ces milliards en souffrance sur des comptes bancaires dont certains détenteurs ignorent même l’existence, au lieu de vouloir faire les poches aux pauvres citoyens qui sont déjà asphyxiés par la crise.
En novembre 2018, le phénomène gilets jaunes a pris corps dans la société Française avec le raz le bol fiscal. Ne poussez donc pas les congolais à adopter le brassard blanc ou encore le matricule 22, celui du catéchiste devenu résistant André Grenard Matsoua, né il y’a 120 ans le 17 janvier 1899, qui mena la fronde contre le paiement de l’impôt qui devait permettre aux colons de financer la Société Indigène de Prévoyance.
S’il y’a dans notre pays des citoyens qui ne supportent pas qu’on les réveille quand ils dorment ; alors ne réveillez pas un peuple qui somnole.
Nous sommes le Congo Unis, plus jamais sans nous. Que Dieu bénisse le Congo-Brazzaville.
Laurent DZABA
Laurent DZABA