Depuis la disparition de LUAMBO MAKIADI Franco, le 19 Octobre 1989, l’OK Jazz est un peu oublié aujourd’hui. Son importance dans l’histoire de la Rumba congolaise est pourtant fondamentale pour avoir été le héros d’un nombre confortable de chefs-d’œuvre qui constituent sans ambigüité parmi les fondamentaux de la « Rumba-Odemba »
0I – OK JAZZ
Il était une fois, le 06 Juin 1956, voit le jour au dancing « O.K. Bar, 102 rue Itaga, commune de Kinshasa (Léopoldville), de son tenancier Oscar KASHAMA « Cassien », l’orchestre O.K. JAZZ.
Naturellement, honneur aux initiatives du nom du propriétaire du Bar dans lequel l’orchestre a vu le jour, avant de donner à ces initiales une autre signification : Orchestre Kinois. Toutefois dans la conscience de toute personne qui a vécu cette période, le nom d’Oscar KASHAMA ne passe inaperçu.
Tika Kondima Na Zolo (Franco)- L’O.K. Jazz 26 juin 1956
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II- Loningisa
Au commencement étaient les éditions musicales « LONINGISA » des frères grecs Athanase et Basile PAPADIMITRIOU, créés en Septembre 1950 à Léopoldville (Kinshasa). Soucieux du bon fonctionnement de l’écurie, notamment, par le recrutement et l’évolution des bons musiciens, les frères PAPADIMITRIOU font appel à Henri BOWANE, guitariste-chanteur et grand impresario dans le domaine de la production musicale. Henri BOWANE sort fraichement des éditions « NGOMA » où il a exercé avec son disciple Antoine WENDO, une influence déterminante.
La biographie musicale extraordinaire des éditions « LONINGISA » commence le 1er septembre 1950. Les musiciens qui constituent l’avant-garde kinoise montent tour à tour dans le bain rémunérateur des noms déjà connus et des novices que l’on croyait sans surprise, et qui ont basculé dans la gloire en se faisant engager par l’éditeur pour des accompagnements en studio. Avec, entre autres ceux qui ont réalisés des chefs-d’œuvre qui ont marqué plusieurs générations.
III – Les grands noms
Aux répertoires annuels des inscrits de qualité qui ont fait démarrer « LONINGISA », ci-après quelques grands noms :
A)- 1950 – 1952 : Les premiers musiciens qui ont constitués l’équipe favorite du promoteur artistique Henri BOWANE, a qui l’on a attribué l’appellation « Bana Loningisa »
Honoré LIENGO – Camille MASAMBA – Charles BALA – Théophile YANGA – Jean DISASI – Pauline LISANGA – Jean KALAFAYI – Henri ADIKWA – Marie KITOTO – PEMBELLOT « TINO MAB » – Paul BOLALIA – EMA PUTU – KIKANDI – François NGOMBE « Me Taureaux » – Adolphe FATAKI – Dominique BOSSOKOULD –Auguste MAPEKI – KADIMA – PEMBELE – Hyacinthe KITENGE – François BOKALANGA – Georges LUYEYE – Zacharie KABAMBA – GERARD – Jean KOLOFANI – René SAME – Albert BONGU – PALANGA
B)- 1953 – 1954 – A partir de 1953, on compte déjà quelques noms des fondateurs éventuels des grandes formations de l’écurie :
1953 – Création du groupe WATAM, avec les musiciens :
Paul EBENGO « Dewayon », GANGA MONGWALU, MUTOMBO, BIKUNDA, puis LUAMBO « Franco ».
C)- 1953/1954 – Entre autres musiciens qui ont adhéré à « Loningisa » pendant cette période :
Daniel LOUBELO « De la lune » – Philippe LANDO « Rossignol » – Pierre KADIMA – Saturnin PANDI – LUFUNGULA – LUNGELLA – EKWELI – Pedro KOSI « Bemi » TANDJOGORAH « Pholidor » – Augustin MONIANIA « Roitelet » – NGELENGE – MUKALU – Jean LOPONGO – Justin DISASI – Pedro BOLARIO – Jean-Michel De BOUCKOUT – Antoine KASONGO – Pierre BAZETA – NZAMBE « Sathan » – Nino MALAPET- HENRIOT Ils sont comptés au nombre de tous les sociétaires qui sont connus sous l’appellation « Bana Loningisa »
D)- 1955 – 1956 – Les éditions « Loningisa » évoluent progressivement et réalisent des centaines d’œuvres qui hissent l’écurie à son niveau le plus haut. Grâce à la présence des meilleurs « premiers instrumentistes » de grand orchestre, mais aussi parmi les plus inventifs de leur génération.
La période 1955/1956 constitue donc la période la plus déterminante des éditions « LONINGISA » :
1 – Par la poursuite des recrutements, la présence évolutive du Groupe WATAM dont le style admirable, a abouti à sa propre virtuosité mélodique, combinée avec la passion pour le rythme « Indoubil » développé.
2 – La part considérable prise par le Groupe maison dit « LOPADI » (Loningisa de Papadimitriou), dans la genèse de la Rumba traditionnelle.
3 – La part active prise par les musiciens maison qui par leur sens rythmique, d’exceptionnels dons pour des accompagnements en studio, ont créé les climats les plus prenants.
4 – Sur la base du module LOPADI, plusieurs enregistrements sont effectués à partir de 1955, avec la composition ci-après : ESSOUS (présent depuis 1955 : clarinette) – LUAMBO Franco (guitare solo) – LOUBELO (guitare accompagnement) MONIANIA (guitare basse) – PANDI (tumba) BOSUMA (guitare, tumba) Pedro KOSI « Bemi », TANDJIGORAH « Philidor », LANDO « Rossignol » (chant)
Au nombre des nouveaux noms : ESSOUS – Marie-Isidore DIABOUA – Jacques PELLA « Lamontha » – Liberlin de SHORIBA DIOP – Albert KATASA – Vicky LONGOMBA….
IV – L’OK JAZZ : Chronologie des 48 ans d’existence, 06 Juin 1956 – 15 Août 2004 (date de la fin définitive de l’OK Jazz)
La naissance de l’OK Jazz est une date importante dans l’histoire de la musique congolaise. C’est le premier groupe à réaliser la synthèse « Rumba/Ondemba », style musical repris par des générations de chanteurs-guitaristes aussi bien kinois que brazzavillois. On ne dira jamais assez à quel point ce grand orchestre dirigé de mains de maître par LUAMBO MAKIADI Franco dont le nom reste attaché à l’épopée de « L’école OK jazz » a pu réunir régulièrement, avec des formations différentes qu’il faisait tourner dans les plus grandes salles d’Afrique puis du monde.
Cependant les grands moments n’étaient pas rares, et la série des milliers de disques sortis chaque année a connu un succès considérable à partir de 1956 et durant une quarantaine d’années. Aucun orchestre de musique congolaise basée sur la « Rumba » n’a eu plus d’importance que l’OK JAZZ pour la propagation de cette musique dans le monde et particulièrement en Afrique. Visitant le vieux continent dès 1961 et y séjournant de longues périodes, il popularisa le genre « Ondemba »
Ci-après, la chronologie de quelques grandes dates qui ont marquées l’histoire de l’OK JAZZ, avec LUAMBO MAKIADI, et sans lui, après sa mort en 1989. .
01 – 1956 – le 27 Décembre. Première défection au sein de l’OK Jazz et des éditions «Loningisa» des musiciens :
Jean-Serge ESSOUS (clarinettiste) – Saturnin PANDI (percussionniste) – Philippe LANDO « Rossignol » (chanteur) pour de nouveau être sous la mouvance d’Henri BOWANE aux nouvelles éditions « Esengo » du grec Dino ANTONOPOULOS, puis création en janvier 1957 de l’orchestre Rock-A-Mambo.
02 – 1956 – le 28 Décembre. Réorganisation de l’OK JAZZ par l’Intégration des nouveaux musiciens issus de la défunte formation du Negro Jazz de Brazzaville :
Edouard GANGA « Edo », Célestin KOUKA (chanteur)
Nino MALAPET (saxophoniste) Antonio ARMANDO « Brazos » (guitariste)
03 – 1956 – 31 DECEMBRE : Sortie solennelle de la nouvelle formation OK JAZZ pour son premier concert.
François LUAMBO « Franco », Antonio ARMANDO « Brazos » (guitaristes) – Daniel LOUBELO « De la lune » (bassiste) Victor LONGOMBA « Vicky », Edo GANGA, Célestin KOUKA (chanteurs) – Dieudonné Nino MALAPET (saxophoniste) – Nicolas BOSUMA « Dessoin » (percussionniste)
04 – 1957 – 1959 – Désormais seul maître à bord, LUAMBO Franco se fixe comme priorité de juguler les mouvements au sein de l’OK JAZZ, en apportant chaque fois du sang nouveau à travers le dynamisme et la compétence des nouvelles recrues :
– 20 Août 1958 : Intégration du saxophoniste Isaac MUSEKIWA, suivie du clarinettiste Edo Clary LUTULA
– 18 Avril 1959 : Départ de l’orchestre des chanteurs : GANGA Edo, Célestin KOUKA et du bassiste Daniel LOUBELO « De la lune » pour la création de l’orchestre Bantou à Brazzaville.
Les deux chanteurs sont remplacés par Jean KWAMY « Munsi » et Joseph MULAMBA « Mujos ». Entrée du bassiste Alphonse EPAYO
05 – 1960 – Intégration dans l’OK JAZZ des musiciens TSHAMALA Jean « Picolo » (guitare), KALOMBO Albino (saxo), Léon BOMBOLO « Bolhen », (guitare) EPAYO Alphonse (basse), MOKE Simon (maracas) DIHUNGULA « Djeskin »
06 – 1960 – Un départ qui n’est pas de moindre, celui du chanteur Victor LONGOMBA « Vicky »
Il rejoint Joseph KABASELLE pour participer avec l’African Jazz à la table ronde belgo-congolaise du 20 Janvier au 20 février 1960, avec lui, le bassiste Antoine ARMANDO « Brazzos ».
07 – 1960 – Rupture de contrat entre LUAMBO « Franco » et les Editions Loningisa
Des frères grecs Basile et Athanase PAPADIMITRIOU, deux ans avant son expiration en 1962.
08 – 1961 – L’OK JAZZ est le deuxième orchestre congolais à se rendre à Bruxelles, après l’African Jazz en 1960
LUAMBO MAKIADI Franco et son groupe sont conviés par les Editions musicales « Surboum African Jazz », propriété de Joseph KABASELLE, (premier éditeur congolais) à enregistrer sous son label « Surboum African Jazz ». L’OK Jazz se voir doter un équipement de musique flambant neuf, fruit de la vente des grands succès, tels : « La mode ya puis », « Amida muziki ya OK, », « Nabanzi Zozo », « Jalousie ya nini na ngai », « Como quere », etc, réalisés avec la chaleureuse voix de MULAMBA « Mujos ».
09 – 1961 – Création de l’édition musicale «EPANZA MAKITA» de LUAMBO MAKIADI Franco
C’est la première expérience dans l’autoproduction. En effet, de retour de Bruxelles, LUAMBO MAKIADI s’inspire de l’expérience de Joseph KABASELLE, et crée à son tour l’Edition « Epanza Makita », en collaboration avec la firme belge FONIOR. Néanmoins, LUAMBO à continuer à sortir quelques disques chez Loningisa jusqu’en 1962, dans le cadre du quota arrêté en 1960, après la rupture du contrat.
10 – 1961 – 1989 – LUAMBO MAKIADI Franco à la croisée des chemins
Placées sous le signe de la maturité et de la réussite, les années 1961 à 1989, vont situer LUAMBO MAKIADI Franco et son groupe OK JAZZ à la croisée des chemins. Beaucoup de mutations, au fil des années, au niveau des hommes. LUAMBO Franco, le patron, à l’audace de jouer avec des jeunes talents et des vedettes confirmées avec qui le dialogue est passionnant et fructueux. Ce qui explique au cours des années 70, l’instauration de la formule de TOUT PUISSANT OK JAZZ, ou « ORCHESTRE ENTREPRISE », avec près de 50 musiciens qui au début des années 80 seront repartis en deux groupes : un à Kinshasa et celui de la diaspora à Bruxelles, avant de se fixer en 1982 en Belgique. Il tourne dans les pays de l’’Union Européenne, puis au Etats-Unis d’Amérique, récoltant partout un succès énorme.
Clément OSSINONDE, clément.ossinonde@sfr.fr
Tomesani Zonga Coco (Vicky) – Aimée Wa Bolingo (Edo) – Zozo Kobanga Te (Edo) – Franco & l’O.K.Jazz 1957
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