Loin de nous toute prétention de  sous-tendre une posture partiale et tendancieuse au détriment des efforts consentis par l’opposition congolaise face au régime du mal qui gouverne le Congo sous l’ère Sassou. Laissons-nous nous emporter par un constat simple qui a lui seul gangrène l’opposition.

Ça ne sert à rien de se voiler la face nous sommes englués dans une crise multiforme qui porte en elle deux options qui s’opposent dans l’indifférence et le dénigrement : L’alternance démocratique ou les Etats généraux de la nation. A cette crise multiforme se greffe,  comme des sangsues,  le positionnement complètement absurde, car teinté d’un tribalisme écœurant, des militants d’opposition en plébiscitant des leaders qui sans convaincre, répondant juste soit  l’appel du clan, soit à celui de l’égoïsme primaire.  Les masques viennent de tomber définitivement et les discours creux, vides de tout sens,  ne doivent plus être plébiscités si nous voulons convaincre que le changement est en nous.   Aussi une crise de solution démocratique s’impose en nous  comme un fait empirique chronique de la réalité politique congolaise. On est  perpétuellement dans la tergiversation, la panne d’idée que dans  le génie de l’imagination humaine.

Il est sans contexte que les partis politiques dits de l’opposition semblent dans l’incapacité idéologique, stratégique, tactique, émotionnelle, structurelle et matérielle d’opposer une alternative, même fugace, à l’hégémonie arrogante du PCT. Pourtant, comme le disent de nombreux observateurs de la politique congolaise, de plus en plus affaibli, tirant la diable par la queue. « Quand le fruit est mûr, on le cueille ; quand il est blet il tombe. »

L’Alternance démocratique ou la charrue avant le bœuf dans le contexte congolais

Dire qu’on est contre l’alternance démocratique,  c’est renier même le sens profond de notre combat,  de la démocratie qui voudrait que le peuple s’exprime librement. On se précipite  à  faire des propositions parfois hasardeuses d’autant plus que les conditions sont loin d’être favorable pour qu’une alternance s’exprime. La question de l’alternance démocratique au Congo qui anime le débat politique et social par  certains clans opposants de la diaspora  cultive l’espérance du peuple  en le faisant croire en un avenir meilleur en utilisant les vieilles recettes.  L’autre, celui  des ambitieux politiques y tiennent vaille que vaille un discours sur l’alternance biaisé, galvaudé  quitte à replonger leur pays dans l’impasse. Seul compte faire aboutir l’idée farfelue d’un gouvernement d’union nationale.

Comment aboutir à une alternance apaisée et dans la continuité du progrès dans les conditions de diktat actuel ?

Pourquoi mettre en avant une alternance démocratique alors que toutes les élections qui se sont déroulées au Congo ont été falsifiées, truquées ou encore tachées de multiples irrégularités dont les organisateurs s’empressent de valider comme étant des victoires populaires ? Pourquoi parler d’alternance démocratique alors même que notre pays vient d’être disséquer politiquement de la pire manière qui soit en reniant des régions entière en effaçant de leurs terres  des populations? Pourquoi  vouloir avancer aveuglement vers une alternance démocratique alors même que l’on nous  impose un débat sur le changement  constitutionnel qui ne cache plus les intentions de confiscation de pouvoir des maîtres auto-proclamés du Congo ? C’est un non-sens !

Cette partie de l’opposition  qui semble bien s’accommoder de ses pitoyables et inséparables guenilles qui croulent sous le poids d’une gouvernance politico-sociale des plus approximatives et meurtrières est simplement à bout de souffle. Cette même  partie  de l’opposition  qui, tel un véhicule en proie à la panne permanente attendant toujours un coup de main extérieur pour avancer,  ressemble à un aveugle qui veut jouer au foot sur un terrain des voyants. Tantôt  c’est la France, tantôt les Etats-Unis,   le comble, ceux qui en tiennent les volants, s’amusent toujours à emprunter des chemins périlleux aux conséquences incalculables … pour ensuite crier au secours. Et le peuple congolais, dans tout cela, se voit, bien souvent, malgré lui, embarqué vers des caps qu’il n’aura pas choisis, discuté et on veut nous faire croire que l’on nous parle  d’alternance. C’est triste de voir pleins de talents et de bonnes intentions, nous dirons même,  des âmes intelligentes se laissent embarquer dans cette spirale mensongère.

Comment  s’étonner que cette même frange  opposition paie toujours le prix le plus  fort, en termes d’inconstance, de trahison, fuite des militants, de retours en arrière récurrents et de recommencements perpétuels ?  Pourtant telles sont les questions que se posent le commun des Congolais.

Nos sages disent  pour élaguer les branches d’un arbre, il faut commencer par les branches du  haut pour finir  par les branches du bas.

Par conséquent, si nous devons faire des élections en 2016 au Congo-Brazzaville, (ce qui est peu probable dans le contexte congolais actuel) il faut qu’au préalable nous ayons défini des conditions acceptables d’exercice du pouvoir pour tout un chacun. Il faut que nous ayons défini les conditions auxquelles doivent se soumettre les différents pouvoirs, la population, la minorité politique, quelles doivent être les limites de la nouvelle majorité. Alors, et alors seulement, nous consentirons à subir l’épreuve du temps, majorité politique, opposition, société civile et militaire. Nous accepterons l’exercice du pouvoir, des libertés, dans le cadre des règles et institutions que nous aurons définies.  Il est clair qu’il ne faut  pas mettre la charrue avant les bœufs : le consensus politique doit précéder l’alternance démocratique dans le contexte congolais. « En Conclusion, sans une discussion politique inter-congolaise, il n’y aura pas d’alternance. L’alternance suppose l’acceptation d’un dialogue ou Etats généraux, peu importe, qui clarifiera les points suivants :

– Instauration d’une transition démocratique de cinq ans qui aura pour mission :

*De redéfinir les contours économiques du pays. (État de lieu de l’économie)

*Redéfinir et réorganiser l’armée congolaise et toute la force publique

*Réhabiliter l’école publique

*Redéfinir un plan des structures de santé et une politique de santé pour tous

*Réaménager le plan énergétique du pays

*Mettre en place l’observatoire et une politique de prévention des catastrophes naturelles

*Réorganiser le cadre juridique des partis politiques, rétablir l’autorité de l’Etat et une politique cohérente contre l’impunité, la corruption, les passe-droits…

*Statuer sur les futures institutions juridiques et constitutionnelles

*Revoir de fond en comble la loi électorale et le découpage électoral

* Préparer et organiser les futures élections démocratiques. »

Les États généraux de la nation socle de la solution à la crise nationale

Doit aller aux états généraux de la nation en sachant que cette opposition a des divergences sur lesquels reposent un certain nombre de problématique à régler en amont ? Ou prendre le risque d’y aller en sachant qu’on ne sera pas d’accord sur l’essentiel ? Voilà le dilemme qui est posé et qui mériterait qu’on s’y attarde pour clarifier le fond du débat. Car l’intérêt du Congo se joue sur ces divergence pourtant pas inconciliable.

Pour les tenants de l’organisation des états généraux de l’opposition, le problème est dans l’essence même de leur opposition. On a connu des échecs en 2002, 2009, 2012 parce que nous n’avons jamais réussi à s’asseoir pour avoir une ligne commune. Les uns privilégiant les aspects qualitatifs ou l’on éliminerait en amont les causes réelles de la défaillance d’une opposition « rassemblée ». On a laissé trop perdurer la politique de la tergiversation, de l’agitation, des mots au lieu de soigner les maux, l’impunité, la gabegie, la corruption, etc. qu’il est difficile d’aller de l’avant sans que cela ne soit débattu.  A côté de ça, il y a eu des principes d’équité et de respect qui ne sont jamais  respecté.  Trop souvent nous avons eu ces appels  à la réunionite mais qui n’ont jamais abouti ou qui ont été vidé de leur sens.  C’est du gâchis , du temps perdu et ça devient insupportable

Aujourd’hui notre nation est salie, humiliée, bafouée qu’il faut faire appel à un sursaut républicain, non seulement pour réunir toutes les filles et tous les fils du pays, mais aussi pour la sortir de cet enfermement clanique dans laquelle elle est plongée.  « Le comité d’actions pour la convocation des États généraux de la nation estime que les États généraux de la Nation est une nécessité pour réformer le Congo afin d’instaurer la démocratie en république du Congo » Soit !  Alors soutenons là, car elle a au moins un discours clair. Il faut habiller cette équipe des habits de combat  pour redynamiser le renouvellement de cette classe politique trop longtemps sédentarisée. Lui donner les moyens de son action avec le collectif des partis de l’opposition congolaise serait signe fort.

Le peuple n’a pas vraiment besoin de voir que l’on entre-déchire pour une définition de concepts alors qu’elle attend qu’on le libère. Le peuple n’a pas besoin de voir nos jérémiades de collégiens se targuant de donner les leçons à tout le monde. Le peuple n’a pas besoin de ressasser à chaque fois le passé. Il a besoin d’avancer vers la construction de la nation pour que demain les pleurs actuels cessent. Comme nous l’avons  assez dit, aucun de nous n’est aussi propre, aussi pur, aussi parfait pour jeter la pierre sur un membre de l’opposition qui manifesterait la volonté d’aller vers un consensus. « Car la politique est une somme d’erreur qu’on amende. Nous faisons tous des erreurs, parce que notre quotidien n’est pas livré avec un mode d’emploi comme s’il s’agissait d’un logiciel formaté suivant une trajectoire linéaire. »

Ne faussant pas d’avance le jeu démocratique. La démocratie « conviviale,  alternative » ou « consensuelle » amène de la confusion,  le flou qui caractérise trop souvent  le champ politique Congolais. Il en obstrue considérablement la lisibilité et décrédibilise la classe politique dite d’opposition aux yeux des populations. Et cela est justement la conséquence de nos errements et incohérences et surtout une inconstance coupable d’une classe politique incapable d’assumer ses propres idées.

Jean-Claude BERI