L’ONU a déclaré le 25 avril, Journée mondiale de lutte contre le paludisme. Cela nous concerne à plus d’un titre car le paludisme est la première cause de mortalité loin devant le SIDA dans notre pays le Congo-Brazzaville, et reste un problème majeur de santé publique.
Après que Sassou Nguesso et son clan aient appauvri et surendetté le pays, l’une des exigences du FMI pour que le Congo accède au Statut humiliant de PPTE, était que le pouvoir de Brazzaville présente un programme de Stratégie de Réduction de la pauvreté (DRSP) et y figure la lutte contre le paludisme car une population en bonne santé est en mesure de travailler pour se sortir de la misère.
Dans des cérémonies inspirées de régimes despotiques comme la Corée du nord, la chine… où le discours du despote est entrecoupé d’applaudissements nourris et prolongés que Sassou Nguesso raffole, il annonçait le 27 octobre 2007 devant ses parlementaires et ensuite le 31 décembre de la même année dans un message à la Nation, la gratuité du traitement antipaludique pour les enfants de 0 à 15 ans, des femmes enceintes et la prise en charge par l’État de leurs examens biologiques en vue du dépistage du VIH/SIDA.
Quatre ans après la mise en place de ce programme de lutte contre le paludisme et d’autres maladies endémiques comme la tuberculose et le VIH/SIDA, un bilan s’impose.
Faute de pouvoir faire des propositions et apporter des solutions pour lutter contre les maladies endémiques au Congo-Brazzaville, le régime de Sassou Nguesso, s’était vu imposer par le FMI un package santé clef en main :
– Le plan de lutte contre le paludisme devait s’inscrire dans l’orientation du Plan Stratégique Mondial 2005-2015 du partenariat « Faire Reculer le paludisme » et à la stratégie régionale qui vise « l’accès universel aux services du VIH/SIDA, de la tuberculose et du paludisme par une Afrique unie d’ici 2010 ».
– le Congo-Brazzaville devait adhérer à la « Facilité internationale d’achat de médicaments pour aider les pays en voie de développement à accéder aux traitements pour soigner le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme » (UNITAID) avec la création de la centrale d’achat congolaise de médicaments génériques (COMEG).
Bien qu’ayant souscrit aux directives du FMI ci-dessus citées, la traduction de cette politique dans les faits, à savoir la gratuité des consultations médicales et du traitement antipaludique chez les enfants de 0 à 15 ans et les femmes enceintes, et d’autre part assurer la disponibilité des médicaments et consommables pour la prise en charge du paludisme ainsi que les moustiquaires imprégnées d’insecticide se fait toujours attendre.
Il suffit de se rendre au CHU de Brazzaville ou à l’hôpital Adolphe Cissé de Pointe-Noire pour s’en rendre compte et voir malheureusement nos concitoyens succomber au paludisme et autres maladies faute de moyens financiers.
L’échec de ce programme ambitieux et réalisable s’explique aussi par le fait que les fonctionnaires du ministère de la santé, acteurs de ce plan attendent toujours les budgets alloués à la formation des auxiliaires de santé et la mise en place de programmes de sensibilisation des populations à la prévention et la détection du paludisme. Ajouter à cela l’incompétence et l’inefficacité de la centrale d’achat de médicaments génériques (COMEG) dans sa mission d’évaluation, d’approvisionnement en quantité suffisante de médicaments et sa distribution dans les centres médicaux sont autant d’ingrédients de ce fiasco.
En effet, les stocks disponibles de la COMEG permettent d’abord d’être un leurre pour les missions de contrôle du FMI, mais le plus grave est qu’ils atterrissent dans les circonscriptions électorales des apparatchiks du « chemin d’avenir » au détriment des autres populations.
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent et une fois de plus Sassou Nguesso montre son mépris pour son peuple et n’arrive pas à réaliser un projet mis en place par l’organisation mondiale de la santé (OMS), qui a fait ses preuves dans d’autres pays Africains.
Il est vrai que le programme de lutte contre le paludisme était voué à l’échec car la mise en place d’une politique ou d’un programme nécessite une méthode.
On nous l’enseignait déjà à l’école primaire, un environnement insalubre est favorable à la multiplication de l’anophèle.
L’inexistence de société de ramassage d’ordures ayant transformé nos quartiers en poubelle mettra en échec toutes les stratégies de lutte contre les maladies endémiques qui sévissent dans nos quartiers si elles ne sont pas pensées dans le cadre d’une politique globale d’urbanisation de nos villes.
Le paludisme en quelques chiffres au Congo-Brazzaville
60% de motifs de consultation
38% de causes de décès
42% d’enfants de moins de 5 ans touchés
71% de causes de décès d’enfants de moins de 5 ans
1 enfant sur 4 fait la fièvre toute les 2 semaines
1 enfant sur 9 meurt de paludisme.
2 enfants sur 3 présentent une anémie due au paludisme.
2 femmes enceintes sur 3 présentent une anémie .
Mingua mia Biango
Président du Cercle de Réflexion pour des Idées Nouvelles