Deux hommes ne peuvent cheminer ensemble sans s’être accordés au départ, dit la bible. Aussi vrai que ne peuvent voler ensemble que des oiseaux de même plumage et de même ramage. Que se passe t-il le cas contraire ? Rester ou quitter ? Quelle est la réponse à donner par rapport à ma position à coté du coordonnateur du MCDDI et ministre de la république.
Mon cœur, c’est-à-dire ma subjectivité complaisante s’oppose à ma tête, autrement dit ma rationalité épistémologiquement avérée dit non, pas seulement à un embrigadement dont la possession ne donne pas aussi droit à la jouissance, mais qui plus est un hold-up politique et moral.
Alors qu’en Décembre 1997, le président KOLELAS Bernard est en exil, le MCDDI et ses responsables rasent les murs à Brazzaville, je suis le seul à m’opposer à Michel MAMPOUYA qui tentait de faire main basse sur le MCDDI au cours de la conférence qu’il organisa en décembre 1997 à Brazzaville.
Ceux qui avaient assisté à ce bras de fer au centre culturel Sony Labou Tansi sont encore vivants et savent à quoi je m’exposais ce jour là. Enfin, j’avais osé et le MCDDI n’avait pas perdu son âme même s’il fut embrigadé.
Alors qu’en 2004, le pays est dans la phase de pacification et le président SASSOU NGUESSO Dénis au fait de sa gloire après avoir laminé l’opposition aux élections de 2002 et mis tout le pays à sa cadence, j’ai aussi été parmi les rares à lever le petit doigt à l’intérieur du Congo en le trainant devant ses propres tribunaux où il a été obligé de prendre deux avocats dans l’affaire de cumul anticonstitutionnel de mandats : même si la cour se déclara incompétente, deux ans après, dans une correspondance adressée à feu NOUMAZALAY Ambroise, le président SASSOU NGUESSO Denis reconnu qu’en effet, on ne pouvait être Président de la République et celui de son parti en même temps dans un pays qui se proclame démocratique.
Pour avoir osé dans ce registre, je crois avoir participé un peu plus à la fluidité du débat sur la démocratie et au recul de la sauvagerie en politique dans notre pays.
Alors qu’en 2006, le peuple congolais en général et les parents d’élèves en particulier croupissent sous le programme d’ajustement structurel renforcé, je suis élu président des parents d’élèves et étudiants du Congo de la ville de Brazzaville avec pour entre autres, la mission d’obtenir l’application des dispositions de la constitution portant sur l’enseignement obligatoire et sa gratuité dans les écoles publiques.
La voie politique, c’est-à-dire la collaboration et la négociation avec le gouvernement avait conduit à la compromission de l’association au plus haut niveau et les parents n’avaient plus confiance en leurs représentants. Ils proposèrent d’organiser des marches de protestation ou des sit-in.
Vu l’atmosphère lourde qui règne dans le pays, je préconise la voie de la légalité tout en étant conscient que le gouvernement allait s’arcbouter, mais la démarche avait une valeur pédagogique et allait attirer l’attention de l’opinion nationale et des bailleurs de fonds du domaine de l’éducation. Je suis éjecté de mon poste par la direction de l’association et, devant une cause aussi noble, j’avais porté le combat devant la cour constitutionnelle en tant que citoyen : la cour se déclara incompétente, mais quelques temps après, le gouvernement reconnu les faits puisqu’il remboursa les cotisations scolaires aux parents qui s’en étaient déjà acquittés cette année là et je crois savoir que cela perdure jusqu’aujourd’hui.
Ce petit rappel est fait, non pour réclamer des droits d’auteur, mais pour démontrer mon caractère enclin à la droiture, à l’amour du prochain, etc.…, mon attachement aux valeurs démocratiques et aux droits de l’homme. D’où :
– Moi, chef, le clientélisme, le favoritisme, l’impunité, l’escroquerie, la corruption, les passes droits…sont des antivaleurs à éradiquer énergiquement ;
– Moi, chef, je ne vais pas entretenir un lobby à mes cotés car il constituera, à ne point en douter, le point de départ du pouvoir personnel, du travail fractionnel, de la chevauchée solitaire et d’une tyrannie en gestation ;
– Moi, chef, je vais animer régulièrement les instances de mon organisation pour ne pas être un nain politique porté sur les épaules ;
– Moi, chef, je ferai un point d’honneur de solder mes comptes découlant des indélicatesses que j’aurai commises dans le passé ;
– Moi, chef, je n’éviterai jamais le débat/dialogue pour masquer mes insuffisances, mes fautes, mes carences ;
– Moi, chef, je ne pourrais pas considérer mon entourage comme un harem d’esclaves sur lesquels j’aurai à instrumentaliser mes humeurs ;
– Moi, chef, je vais veiller à ce que ceux qui sont avec moi soient au courant de ce que nous voulons, là où nous allons, comment, quand, avec qui et avec quels moyens ;
– Moi, chef, je serai reconnaissant à mes devanciers dont j’aurai à fructifier les acquis que je transmettrai avec les meilleures chances de succès pour nos héritiers ;
– Moi, chef, surtout après une sévère débâcle électorale, je ne rejetterai pas la responsabilité sur les autres. Au contraire, j’assumerai cette contre performance, je ferai mon introspection (critique et autocritique) avant de chercher un nouveau consensus (assemblée générale, conférence, ou congrès) pour lever une nouvelle option même si la structure m’avait été léguée par mon oncle tartempion.
Que finalement, MAMPOUYA Michel, KIADI-MBOUKOU et MAHOUKA Jacques réunis n’ont pas fait pire que KOLELAS Parfait Guy Brice parce que ce qu’il fait ressemble à s’y méprendre à ce que ferait quelqu’un qui a la mission de saborder le parti. De là à croire que KOLELAS Parfait Guy Brice a un agenda caché qui tourne le dos à l’idéal et au combat de ya BEKOL il n’y a qu’un pas.
J’ai été à Kinkala du 22 au 23 Décembre 2012 pour assister, impuissant, à la mise en place des conditions d’une dictature sauvage et d’un leadership obtus dont le MCDDI n’est pas prêt à sortir. Cette propension au manque de démocratie interne fera que le MCDDI ne pourra plus l’exiger au plan national.
La lutte politique de Ya BEKOL est entrain d’être vidée de sa substance et son instrument d’éveil et de combat politique est plus que menacé par son propre fils.
Aussi, je lance, aujourd’hui et maintenant un appel pressant aux hommes, femmes, militants et sympathisants du MCDDI de s’opposer à la dérive autoritaire qu’impose KOLELAS Parfait Guy Brice car elle est suicidaire pour le parti. Et si Claude Ernest NDALLA conseille affectueusement qu’un vrai chef doit préférer un adversaire intelligent qu’un entourage idiot, je dis avec Guichard : quiconque gouverne au hasard, finit au hasard.
Ma personnalité est aux antipodes de celle de KOLELAS Guy Brice Parfait et, à la lumière de notre cheminement ces cinq ans derniers, je ne sais comment j’ai pu rester à ses côtés. J’ai certainement rongé le frein à cause des conseils de ceux auprès desquels je m’en suis ouvert et à la mémoire de son père.
Par contre, ceux plus objectifs parce que connaissant l’homme, m’exhortaient à suivre ma tête et non mon cœur, ne trouveront plus à redire : je ne serai pas comptable avec KOLELAS Parfait Guy Brice au moment où le verdict de l’histoire s’abattra sur lui.
C’est donc le cœur serein, tout en restant membre du MCDDI, que je présente ma démission en rendant le tablier de chef de cabinet politique du coordonnateur du MCDDI et en ligne directe de celui de directeur de la formation continue du ministre KOLELAS Parfait Guy Brice.
Fait à Brazzaville, le 26 décembre 2012
Jean Marie BITOULOU
Ancien chef de cabinet politique de KOLELAS Parfait Guy Brice