Message de la Convention des Patriotes Congolais pour le Changement aux Assises de Paris du 07 juin au 10 juin 2014.

Bien chères sœurs et bien cher frères du Congo-Brazzaville,Mesdames, Messieurs, les participants,Chers Amis du Congo-Brazzaville,

Chers invités.

La raison fondamentale de notre présence à ces Assises, c’est que nous pensons pour la première fois, les délégués qui y participent seront des hommes (femmes) d’actions d’un tour d’esprit pratique et non pas comme aux autres occasions précédentes, de simples idéalistes se contentant de rédiger des thèses, mais tout à fait incapable ou peu disposés à jouer un rôle actif pour la solution du problème congolais.

Nous remercions les initiateurs et tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ces Assises. Il était quand même temps que nous puissions commencer cette réflexion à l’extérieur du pays, compte tenu de l’embrigadement du débat dans notre pays, qui empêche tout raisonnement contraire à celui de l’esprit des vainqueurs de la guerre civile de 1997. La France, est bien choisie et aussi l’endroit approprié de mener (de commencer) cette réflexion, compte tenu de son Histoire et de notre Histoire. Et, cela est aussi une façon de nous adresser aux autorités françaises et au peuple français que, c’est votre tour de nous renvoyer l’ascenseur parce que dans les moments sombres de l’Histoire de la France, Brazzaville a été décrétée, la Capitale de la France Libre.

En préambule, nous vous avons parlé d’un « problème congolais ». Nous pensons que, aborder ce « problème congolais », seulement sous l’angle d’alternance démocratique ou qui va succéder à Monsieur Denis SASSOU N’GUESSO, c’est mettre la charrue avant les bœufs. Parce que l’alternance démocratique (ou qui va succéder à Monsieur Denis SASSOU N’GUESSO) est une volonté du peuple via les élections et, tout comme une candidature n’est pas la volonté du peuple, mais une volonté personnelle, les autres diront du parti. C’est aussi une autre façon de nous soustraire des interrogations inutiles du genre qu’il ne faut pas que Monsieur Denis SASSOU N’GUESSO se succède à son fils ou un membre de son clan, etc….

Ce « problème congolais » est que, nous avons du mal à nous constituer en tant que Peuple, pour être tout simplement congolais (congolais tout court), qui est une véritable réponse au « problème congolais », c’est-à-dire, de l’Unité Nationale. Et, pour atteindre cette Unité Nationale, compte de notre passé, legs d’une histoire douloureuse et dramatique qui a multiplié les divisions et les discriminations sur fond de violence, certes localisée mais bien réelle (entre les différentes ethnies que disposent notre pays). Notre défi est de construire une nouvelle société sur les ruines de ce passé violent en négociant l’ensemble des éléments de la démocratisation.

Une telle construction n’est possible que, si nous revenons sur les pas de notre regretté Monseigneur Ernest KOMBO, en nous inspirant de son discours d’intronisation à la Conférence Nationale Souveraine de 1991 : « …. Vous avez élu à la tête de votre présidium un prêtre. Vous supporterez qu’il vous donne un petit conseil : reconnaître la faute commise, demander pardon, accepter une punition curative, voilà le béton de l’unité nationale.

Cette Conférence sera un cimetière où nous allons enterrer toutes les mauvaises habitudes, toutes les rancunes. Elle sera un tremplin pour prendre l’élan et cheminer vers les voies de l’état de droit dans la paix, l’unité, le progrès.

Cette Conférence a vu le jour grâce à votre détermination à changer. Elle peut produire tous les fruits que le Peuple Congolais est en droit d’en attendre grâce à votre sagesse et à votre discipline, au respect et pourquoi pas à l’amour les uns pour les autres… ». Comme l’a su bien le dire l’archevêque Sud-Africain Desmond Tutu, s’exprimant sur la crise centrafricaine : « Quand nous pardonnons, nous nous libérons et semons la graine d’un nouveau départ. Cela a un effet multiplicateur puissant ».

Oui, comme nous venons de vous l’annoncer, il y a bel et bien un problème constitutionnel au pays. Mais, nous sommes en désaccord avec le PCT sur cette orientation du débat qu’il nous impose sur le oui ou non à la modification ou au changement de la constitution du dimanche 20 janvier 2002. Parce que, tous les constitutionnalistes qui se respectent et sans complaisance que nous avons consulté, disent, certes la modification ou le changement de la constitution du dimanche 20 janvier 2002 du Congo-Brazzaville semble justifier, dans la mesure où depuis la fin de la guerre civile de 1997, les vainqueurs de cette guerre, gère le pays comme un état d’exception. Donc, pour sortir le Congo-Brazzaville dans cet état d’exception, les seuls avis des soi-disant sages et du soi-disant peuple ne suffisent pas, il faut une constituante, qui va intégrer toutes les sensibilités intellectuelles de notre pays. Or, une telle constituante ne peut être la résultante d’une réflexion au préalable réunissant toutes les forces vives de la nation. D’où, la nécessité des états généraux de la nation.

C’est pour cette raison que nous avons du mal à comprendre face à un problème aussi évident et urgent qui peut être déterminant pour l’avenir de notre pays, comment des hommes d’expérience peuvent-ils ne pas revenir sur cette idée proposée par l’opposition dite radicale pour abandonner en cas de crise conflictuelle leur sort à la seule providence dont la communauté internationale serait l’incarnation ? Au lieu de se ronger les ongles, de faire des analyses partielles à seul ou en groupe fermé, et de voir tout ou en partie de ce que l’on pense ou de ce que l’on sait, être repris çà et là de façon souvent même déformée parce qu’on a peur de se lancer ou d’avoir fait dans le passé une erreur d’appréciation. N’est-ce pas une façon de refaire la même erreur qui, malheureusement, va compliquer les choses pour tout le monde ? Parce que, cette fois-ci, soit le Congo sera ou le Congo ne sera plus.

Bien chères sœurs et bien cher frères du Congo-Brazzaville,

Mesdames, Messieurs, les participants,

Notre pays a atteint un délabrement tel que, le Congo-Brazzaville est devenu un pays sans avenir. Nous devons résister à une situation qui nous est devenue insupportable. Pour cela, il suffit qu’il y ait une minorité solide, active, des gens qui considèrent que l’engagement signifie quelque chose, et à ce moment-là nous aurons un Congo-Brazzaville résistant.

Résister, c’est considérer qu’il y a des choses scandaleuses autour de nous et qui doivent être combattues avec vigueur. C’est refuser de se laisser aller à une situation qu’on pourrait accepter comme malheureusement définitive.Résister, ça ne doit pas seulement se résumer à la réflexion intellectuelle, mais à entreprendre une action. Or nous sommes relativement pessimistes sur ce point : les congolais manifestent peu de résistance par rapport à ce qui les scandalisent et contre quoi ils devraient agir.

Les congolais sont aussi capables que nous de reconnaître ce qu’il y a de scandaleux dans l’injustice économique et sociale, dans la dégradation de notre pays. Il est normal qu’on y réfléchisse et qu’on en parle…. Mais comment faire pour que cela aboutisse à un engagement pratique ?

Nous ne sous-estimons nullement la capacité de nuisance qu’à ce système installé dans notre pays que nous combattons ; mais nous avons aussi la foi en la capacité qu’à les congolais à résister.
Il est bon à cette occasion de vous donner et au pays quelque indication quant aux fermes raisons pratiques sur lesquelles nous fondons notre détermination à continuer la résistance. Nombreux sont ceux qui disent : « Qu’importe de résister ou de s’opposer, qu’importe de parler ou de se taire, plutôt se soumettre à la volonté de Dieu – et attendre qu’Il agisse ». Et nous ne nous excluons pas nous-mêmes de ceux-là. Mais nous pouvons vous assurer que Dieu n’agit pas comme un météore, il a besoin de nous pour agir, donc en poursuivant notre résistance, Il nous donne les bons et raisonnables motifs d’espérer que nous finirons par l’emporter, notre combat de libération de notre pays, envahi par les forces du mal. C’est en cette façons que ce sont constitués tous les grands peuples de ce monde.

Nous devons faire preuve de courage : « Ne comptez pas uniquement sur le courage et l’audace des autres. Chacun d’entre vous doit accepter des sacrifices pour devenir un héros plein de courage et d’audace. Alors seulement serons-nous tous capables de jouir d’une vraie liberté. »
En l’absence de telles lois, la charge de maintenir les principes de justice et de civilité incombe aux citoyens ordinaires. C’est l’effet cumulatif de leur effort soutenu et leur constance endurance qui transformera une nation dans laquelle la raison et la conscience sont perverties par la peur en une nation où existe un régime de droit à même de satisfaire au désir d’harmonie et de justice de l’être humain tout en réprimant les aspects destructeurs moins désirables qui sont inhérents à sa nature.

Face à l’inertie de la communauté internationale de lier plus étroitement politique et morale au niveau des nations afin de corroborer sa déclaration universelle des droits de l’homme proclamant que « tous les individus et tous les organes de la société » doivent s’efforcer de promouvoir les droits et les libertés fondamentales auxquels tout être humain, sans distinction de race, de nationalité ou de religion, peut prétendre. Tant des gouvernements fondent leur autorité sur la coercition plutôt que sur un mandat du peuple, et que des groupes d’intérêt font passer les profits à court terme avant la paix et la prospérité à long terme, l’action concertée au niveau international en vue de protéger et de promouvoir les droits de l’homme ne restera au mieux qu’une lutte partiellement accomplie. Il subsistera des poches de lutte où les victimes de l’oppression doivent puiser en elles-mêmes dans leurs ressources afin de défendre les droits inaliénables qui sont les leurs en tant que membres de la famille humaine.

La véritable révolution est celle de l’esprit, dopée de la conviction intellectuelle nécessaire pour changer les attitudes mentales et les valeurs qui façonnent le cours du développement d’une nation. Car, la révolution qui ne vise qu’à changer la politique officielle et les institutions en vue d’améliorer les conditions matérielles a peu de chances d’aboutir à un réel succès. Sans une révolution de l’esprit, les forces qui ont produit les iniquités de l’ordre ancien continueront de prévaloir, en faisant peser une menace constance sur le processus de la réforme et de la régénération.

Bien chères sœurs et bien cher frères du Congo-Brazzaville,

Mesdames, Messieurs, les participants,

Au Congo-Brazzaville, nous avons l’habitude de nous accuser les uns les autres d’être corrompus pour faire la volonté d’un homme. Or, il n’y a pas meilleure manière d’éviter ce genre de suspicions que de nous mettre ensemble autour d’une même table devant la représentation nationale pour débattre un problème aussi crucial qui va déterminer l’avenir de notre pays. C’est une façon de mettre chacun responsable de sa parole, individuellement ou collectivement.
Au Congo-Brazzaville, l’analphabétisme politique ou l’inculture politique, nous conduit à constituer des majorités autours du Président de la République. Or, dans un état démocratique, quand un président de la République est élu, il devient le président de tous les congolais, c’est-à-dire, même de ceux qui ne l’ont pas voté, d’autres diront le Père de la Nation. Or, comme nous voulons nous exprimer souvent en tant qu’Africain, dans une Famille en Afrique, lorsque les enfants ne s’entendent plus, le père a l’obligation de les faire asseoir pour régler le malentendu. C’est le sens que nous donnons aux états généraux de la Nation.

Notre pays a besoin de l’intelligence (de la contribution) de toutes ses filles et de tous ses fils, et chacun doit se mettre à l’idée selon laquelle que de la controverse jaillit la vérité.Le Congo a besoin aujourd’hui d’un dialogue entre des sœurs et frères que rien de définitif ne différencie ou ne sépare.C’est pour cette raison que nous soutenons l’idée des états généraux de la nation qui doit réunir toutes les sensibilités intellectuelles de la nation pour qu’ensemble nous puissions réinventer une utopie sociétale dans laquelle nous voulons vivre….

En ce monde du 21ème siècle de grand défi, 2016 apparaît comme une opportunité encore plus grande pour le Congo-Brazzaville. Contrairement, aux élites et à la classe politique congolaise, les Congolais, dans sa quasi-totalité, ont compris qu’à ce moment de notre histoire, nous ne pouvons plus nous permettre de continuer ainsi. Et ils sont prêts à s’unir et à choisir ensemble un nouvel et meilleur avenir pour le Congo-Brazzaville. L’essentiel est qu’on les laisse de choisir librement leurs dirigeants.

C’est ce choix que nous demande les Congolais, de leurs offrir en cette élection présidentielle de 2016. Et les états généraux de la nation sont là pour baliser ce choix de notre avenir.
Que le Dieu de nos Ancêtres, de nos Pères et des Innocents, bénisse enfin les hommes politiques du Congo, et de les libérer de la malédiction qui consiste à détruire notre trésor commun, le Congo.

Amen…Fraternellement.

Raoul Ludovic LOUBELO pour la Convention des Patriotes Congolais pour le Changement (groupe de réflexion de la société civile) en France.