Monsieur MBIKI de NANITELAMIO: »Faire de la politique c'est un sacerdoce basé sur un idéal et un programme à réaliser pour le peuple… »

Voici plusieurs mois que nous nous sommes livrés à cet exercice d’aller vers les compatriotes de France et d’Europe pour recueillir leurs impressions. Nombreux d’entre eux sont connus de la communauté congolaise de France en tant qu’opposants politiques et d’autres sont des jeunes qui refusent simplement le pouvoir de Mr SASSOU. Aujourd’hui le nombre des congolais de l’intérieur comme de l’extérieur indignés, mécontents et surtout révoltés ne cesse de croître.

Ces derniers mois la diaspora congolaise vit au rythme des meetings et des rencontres dénonçant les dérives dictatoriales du pouvoir de Brazzaville. A cet effet, DAC PRESSE s’est approché de l’opposant MBIKI de NANITELAMIO, Président du RPR (Rassemblement des Patriotes Républicains), un homme aguerri de la politique congolaise, un fervent défenseur des institutions démocratiques et pour ceux qui l’ignorent, il fut le porte drapeau vert-Jaune-rouge à la conférence nationale de 1992. Le sort de notre pays est dans l’association des idées de tous les acteurs qui essaient d’apporter un éclairage au combat pour la restauration de la démocratie.

DAC PRESSE : Bonjour Monsieur  MBIKI de NANITELAMIO, comment allez-vous?

– Bonjour ! Je crois que tout semble aller grâce à Dieu qui a le contrôle de ce qu’il a crée en moi. En passant, je ne fus pas le porte drapeau Vert Jaune Rouge à la Conférence Nationale comme vous semblez le notifier même si je l’avais arboré à mon cou, je fus plutôt et je demeure le premier et le seul  instigateur et promoteur de la restauration du drapeau et de l’hymne national, la Congolaise :  symboles de la première République mis en application par la  2ème décision et 2ème  acte de ce grand forum. C’est ça l’histoire.

Depuis la fin de la conférence Nationale et l’assassinat de la jeune démocratie par Mr SASSOU en 1997, vous avez choisi d’être en exil pour défendre la démocratie congolaise, quels regards portez-vous sur votre action ?

– Tout d’abord, je tiens à relever et confirmer qu’après la Conférence Nationale Souveraine, je suis resté au pays, à Brazzaville où le RPR – le Rassemblement des Patriotes Républicains mon parti : était représenté au Conseil Supérieur de la République durant la transition. Ce n’est donc que le 25 octobre 1997 qu’a commencé mon exil à Kinshasa où je m’étais réfugié, 10 jours après le début de la guerre- coup d’État- éclaté le 5 juin qui a ramené Sassou Nguesso et sa tyrannie aux affaires.

Parler de mon action dans la défense de la démocratie congolaise, c’est vous informer ou peut être vous rappeler que :

1- Le 28 octobre 1992, à l’hôtel Mbamou Palace, j’étais le 1er, une fois de plus, à dénoncer l’alliance URD-PCT que j’avais qualifié de DANGER POUR LA RÉPUBLIQUE avec comme slogan NE TOUCHER PAS À MA RÉPUBLIQUE.

2- Le 2 décembre 1992, face à ce danger qui s’était illustré par la Motion de censure anticonstitutionnelle de l’URD-PCT&alliés votée le 31 octobre et,  la dissolution le 7 novembre de l’Assemblée par le Président de la République Lissouba Pascal, c’est encore moi qui avait arrêté les ardeurs de l’Armée qui avait, permettez-moi le mot, arrêter tous les chefs politiques à l’exception de Monsieur Sassou Nguesso : en proposant une solution à la crise au général jean Marie Michel Mokoko la formation d’un gouvernement qui allait nous réorganiser des élections législatives anticipées. C’est ce qui nous a conduit à la signature du Protocole d’Accords Cadres du 3 décembre 1992 avec son fameux gouvernement 60/40.

3- Le « Moi » étant parait-il haïssable, mais, la vérité est têtue et mérite d’être dite. C’est ainsi  qu’en novembre 1993, contre le pouvoir bipolaire de la Mouvance Présidentielle et l’alliance URD-PCT&alliés qui s’étaient lancées dans la guerre civile qui avait plus exposé les Nibolek aux ressortissants du Pool : j’avais initié aux côtés des amis et camarades jeunes comme Marcel Makomé du PLC, Jean Valère Mabiala Mapa du Centre démocratique, (feu) Blaise Kololo du MCDDI, (feu) Déngamoué et Pierre Ngolo du PCT et UJSC, le Forum National de la jeunesse qui avait malheureusement été récupéré par Tamba Tamba et Tchibambéléla qui en avaient fait leur réconciliation des députés des pays du Niari et du Pool.

Bref, je ne me suis jamais laissé au découragement car, j’ai participé à tout règlement politique des conflits dans notre pays, en ma qualité de Président du RPR et du CPI. Mon dernier apport à la défense de la démocratie avant le déclenchement de la guerre-coup d’État éclaté le 5 juin était ma signature à l’Accord cadre du 31 mai 1996, pour ne pas citer celui du 31 mai 1997 en présence de Fédérico Myor, qui n’a servi à rien.

En plein exil à Kinshasa, je ne suis pas resté les mains croisées, si c’était le cas, Sassou Nguesso ne nous aurait pas fait arrêter et, chercher à négocier avec nous en prison où nous étions : j’avais dit non, d’autres avaient accepté le poison qui a fini de les emporter ou d’aller le servir pour des miettes.

L’opposition congolaise (de l’intérieur comme de l’extérieur) est multiple, multiforme et complexe mais surtout au discours parfois contradictoire, c’est si difficile que ça pour l’opposition congolaise de parler d’une seule voix ?

– N’est pas homme politique qui le veut ou avoir été ministre ou assumer des responsabilités dans une institution de fait pas de vous un politicien. Faire de la politique, c’est un sacerdoce basé sur un idéal et un programme à réaliser pour le peuple, une fois aux affaires. De même, n’est pas opposant qui le veut. C’est pas parce que l’on a perdu ou l’on voudrait avoir un poste qui arrangerait ses arrières que l’on se proclame opposant, non. Être opposant à Sassou Nguesso avec son système n’est donc pas une opportunité, c’est un engagement basé sur un Idéal pour un But à atteindre.

L’Idéal pour les Congolais, je crois que vous ne me contredirez pas, c’est la restauration de la démocratie dictée par la CNS que Sassou Nguesso ne veut pas, parce que ne pouvant gagner une seule élection libre et démocratique organisée avec toute transparence comme celles de 1992 et 1993.

Le but à atteindre, c’est le départ sans condition de Sassou Nguesso avec tout son système. C’est ce qui m’avait emmené à proposer aux membres du Codicord qui m’avaient reçu le 18 décembre 2009 à Paris, au Palais Bourbon, la tenue d’un Congrès des Diasporas pour unir nos forces.

Malheureusement, là encore les choses se sont déroulées comme avec le Forum de la jeunesse.

En 2012, j’ai tenté de rattraper ce que j’avais proposé à Paris, pour tenir le Congrès des Diasporas au Canada où je réside, les mêmes qui ne partagent certainement pas le même Idéal et qui n’ont pas le même sens du But à atteindre que moi : l’avaient encore boycotter.

Mais vous êtes sans l’ignorer que je ne me suis pas celui qui baisse les bras  pour autant car, ils ont été pris de court avec Genève.

En effet, lorsque le 31 décembre 2013 je lançais la pétition pour la tenue le 12 avril 2014 du Congrès des Diasporas à Genève, ceux qui sont contre le Rassemblement des membres de l’opposition, croyaient que cela se produirait de la même façon que les appels de Paris et de Québec. Mais dès qu’ils commençaient à sentir que c’était cette fois du sérieux avec l’inscription de plus d’une cinquantaine et surtout avec une réunion de concertation et d’explications le 29 mars 2014 à Paris, 10 jours avant le Congrès : c’est là que les choses ont commencé à bouger en France.

En route pour Genève, j’ai donc rencontré à leur demande, les sept organisateurs des Assises de Paris et les responsables du MCDDI-Paris, après la réunion de concertation du 29 mars 2014 de la Téranga, dans le 17ème arrondissement. Les premiers, solidaires avec la tenue de Genève s’étaient excusés de ne pouvoir tous s’y rendre préférant se faire représenter par deux de leurs supporters et, attendaient de voir les conclusions de Genève et celles de leurs assises à venir pour décider comment assembler les deux trains et, les deuxièmes ont pris part active au Congrès jusqu’à la finition du Mémorandum signé le 24 mai à Paris. Depuis, on continue toujours d’attendre le signal et à appeler au rassemblement de toutes les franges de l’opposition pour définir le changement et non le partage du pouvoir.

Il y a en ce moment une effervescence de meetings (Lyon, Paris …), on ne vous voit pas y prendre parti, pourquoi ?

– Hypocrisie ou que vous faites exprès? Lyon, Paris, c’est la France où je vais pratiquement 1 fois si c’est pas 2 fois par an sans que l’on me parle de réunion et là, je viens de vous faire la démonstration que c’est Genève qui a été le détonateur de tous ces mouvements où la plus grande diaspora de l’opposition congolaise n’arrive pas à se rassembler : moi je les appelle depuis 2009, 2012 et tout dernièrement le 12 avril 2014 à Genève, au Rassemblement de toutes les franges, sans penser au pouvoir que nous n’avons pas encore conquis, pourquoi ne viennent-ils pas ou encore n’appellent-ils pas le Congrès ou les états généraux de l’opposition? Sans polémiques, je vous apprends que pour le 15 août, nous avions appelé depuis le mois de mai à tenir un Meeting de Rassemblement en salle avec pour thème le DÉPART SANS CONDITION DE SASSOU NGUESSO AVEC TOUT SON SYSTÈME, le meeting allait se tenir au 4, rue Olivier Metra Paris XXè , malheureusement cela n’a pu aboutir pour des raisons que je vous laisse le soin d’interpréter comme vous le voulez. Toutefois, je tiens à saluer le Meeting en salle appelé par le Lion de Makanda et autres même si ce n’était pas encore le Rassemblement souhaité, mais c’est déjà ça jusqu’au Rassemblement de la définition du changement.

Tout cela montre que nous n’avons pas tous, le même Idéal et le même But à atteindre. Personnellement, je participerai à toute réunion appelant au rassemblement de toutes les franges de l’opposition pour définir le changement sur la base du Départ sans condition de Sassou Nguesso avec tout son système et la Restauration de  la Démocratie dictée par la CNS. En dehors de ça, je ne m’y reconnais pas

Le bruit court que toute cette agitation politique augure simplement la bataille des politiciens « dits d’opposition » qui ont avalisés en coulisses le référendum pour la modification de la constitution et ainsi fait partie du nouveau gouvernement d’union nationale, pouvez-vous nous éclairer la dessus ?

– Le seul éclairage que je peux vous donner, c’est que :

1- Le départ sans condition de Sassou Nguesso avec tout son système est pour moi non négociable;

2- Le Non ou le Oui à modification ou au changement de la constitution du 20 janvier 2002 est un gros piège qui ne favoriserait que Sassou Nguesso et son clan qui se retrouvent dans la même position qu’avant et pendant la Conférence Nationale Souveraine.

3- Les États généraux de la Nation ne sont que les frères jumeaux du Nom ou du Oui à la modification ou changement de la constitution du 20 janvier 2002.

Pensez-vous que la responsabilité du mal Congolais incombe seule au gouvernement qui annihile les efforts de démocratisation du pays où elle sera l’œuvre de la désunion de l’opposition toute tendance confondue qui multiple les opérations de sabotage interne?

Le mal Congolais n’a pour origine que Sassou Nguesso qui vient d’ailleurs de confesser ses crimes sans réelle contrition avec tout son système et l’opposition du ventre ou de contribution qui ne veut pas parler de son départ sans condition rien que pour des postes.

C’est si difficile que ça de taire nos égos et de ne privilégier que l’intérêt du Congo en s’unissant autour d’un FRONT UNI contre le pouvoir en place et parler d’une seule voix ?

– Où est la difficulté si nous avons tous le même Idéal, c’est à dire la restauration de la démocratie tué par Sassou Nguesso mais qui est toujours vivante pour nous et, si nous avons le même But, c’est à dire le départ sans condition de Sassou Nguesso avec son système. Poser la question aux membres de l’opposition de se prononcer là dessus, vous verrez qui est qui.

Pour finir, quelles seraient, selon vous, les réponses possibles à apporter à cette crise multiforme congolaise ?

– Il n’y a que deux réponses pour régler la crise congolaise :

1- Le départ sans condition de Sassou Nguesso avec tout son système pour consolider la réconciliation de toutes les filles et fils du Congo,

2- La restauration de la démocratie issue de la CNS seule garantie de la gestion du pouvoir et de l’unité nationale.

Votre mot de fin.

– Je renouvelle une fois de plus mon appel au Rassemblement de toutes les franges de l’opposition qui sont pour le départ sans condition de Sassou Nguesso avec son système pour définir le changement, cet appel concerne aussi les compatriotes séparatistes qui si et seulement si Sassou Nguesso est le principal danger du pays.

Enfin, des femmes et des hommes de tous les âges et de toutes les régions de notre pays attendent patiemment ce départ spécial de Sassou Nguesso avec tout son système et, le Rassemblement de l’opposition pour leur avenir. Aujourd’hui, si vous vous sentez concerner à défendre et libérer le Congo : retrouvons-nous pour unir nos forces et définir réellement le changement les 28, 29 et 30 novembre 2014

Au peuple Congolais, je leur demande encore un peu de courage, il n’en a plus pour longtemps.

Nous vous remercions Monsieur MBIKI De NANITELAMIO de nous avoir accordé cette interview et d’avoir bien voulu apporter votre éclairage aux multiples interrogations qui se posent les congolais et particulièrement les lecteurs de DAC PRESSE. Les internautes qui vous suivent à travers notre site vous remercient. Nous vous souhaitons de passer de très bonnes vacances.

Interview réalisée par DAC PRESSE, ce 17 Août 2014.

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