Monsieur Pigasse, vos éditoriaux sur A. Mabanckou nous agacent !

pigasse-300x157-2943350Par  Philippe MOUKOKO et Cedric MPINDY

« La Force des Idées »

Monsieur Pigasse, vos éditoriaux sur A. Mabanckou nous agacent !

« AM (Alain Mabanckou) = BHL (Bernard-Henri Lévy)» (23/10/2017), « Pauvre Alain ! » (19/09/2018), « Et Flop ! » (25/09/2018) : tels sont les titres de vos éditoriaux aux Dépêches de Brazzaville dans lesquels vous faites respectivement état de « l’inclinaison meurtrière » d’Alain Mabanckou, de ses « insultes » contre votre beau Congo et de votre jouissance de voir désormais son roman « Les Cigognes sont immortelles » « rétrogradé » de la 2e à la 18e place du classement des « meilleures ventes de la FNAC ».

En tant que lecteurs des Dépêches de Brazzaville, vos éditoriaux sur ce grand écrivain nous interrogent aujourd’hui sur l’objectivité de votre travail de journaliste.

D’abord, vous semblez avoir une conception « soviétique » de l’intellectuel. Ce dernier doit, selon vous, chanter son pays, ses dirigeants et ses réalisations ( Sic!)

Quid de la liberté d’opinion et qui est plus est celle de l’écrivain ? Cet homme censé être un miroir dans lequel, chaque homme et surtout le politique doit se mirer pour son plus grand bien et celui de ses actions.

Toute société, qui s’offusque de la moindre critique, en faisant monter au créneau ses cerbères, défendre un prétendu pouvoir, n’est hélas qu’un régime tordu sur les pentes abruptes de la honteuse dictature.

Pourtant, vous vivez dans un Congo présenté comme démocratique, à ce qu’il parait, et vous partagez les principes issus de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Un intellectuel n’est-il pas un citoyen et un Homme libre ? N’a-t-il pas le droit d’exprimer ses opinions politiques dans des médias, comme vous le faites dans vos éditoriaux aux Dépêches ?

Ensuite, vous êtes gratuitement excessif. Affirmer : « Nous sommes face à un régime qui est en train de voir devant lui les signes cabalistiques de sa destruction » ou dire « la francophonie […] est la continuation de la politique étrangère de la France par une voie détournée » ne révèle, à nos yeux, ni une « dérive intellectuelle » ni un appel au meurtre de la part de l’écrivain. Avez-vous regardé la définition du « meurtre » dans un des dictionnaires de la douce France ?

D’une part, dire, que vous êtes très méchant dans vos éditoriaux, n’est en rien une insulte à vos grades et qualités, mais un constat qui laisse toutefois pantois.

D’autre part, que constitue un succès de librairie à vos yeux ? En principe, un livre vendu à 3.000 exemplaires, constitue déjà un succes de librairie. Or le livre d’Alain Mabanckou a été tiré à plus de 50.000 exemplaires et vendu à plus de 10.000 exemplaires. Alors, en quoi ce livre constitue t-il un « flop »?

Eh ben ! À supposer même que cela soit vrai, puisque cela semble vous procurer une cynique satisfaction, comment peut-on se réjouir de l’insuccès du dernier roman de notre Mabanckou national, inciter son éditeur à ne plus le publier et présager son licenciement de l’université de Californie ?

Êtes-vous devenu à Brazzaville un apprenti sorcier blanc, un jeteur de mauvais sort, un manipulateur de boules de cristal ou un Raspoutine tropical ?

Enfin, comme le dit un proverbe bantou, le temps est venu pour vous de « dormir au lieu de gêner les mouches », car à La Ballade des Idées, nous considérons comme Alexandre Gefen, que  » la littérature est l’arme ultime de la liberté humaine ».

Pour la ballade des Idées

Philippe Moukoko
Cedric Mpindy