Musique : il y a trois ans déjà, Rapha Boundzeki tirait sa révérence

Le 10 mai 2008 disparaissait Rapha Boundzeki. Son œuvre immense composée de chansons éducatives et moralisatrices continue de résonner aux oreilles de ses fans disséminés à travers le monde.

Rapha Boundzeki est mort à l’âge de 47 ans. Musicien atypique et prolifique, les thèmes de ses chansons, son look inimitable, son sourire permanent, sa disponibilité légendaire, sa danse singulière le distinguaient des autres.

Il a fait la gloire des Sapeurs au point de créer un mouvement, la Sapologie, qui fait aujourd’hui la renommée du pays à l’extérieur à travers les adeptes de la célèbre Société des ambianceurs et personnes élégantes (Sape).

Grand défenseur de la culture du terroir, Rapha Boundzeki, dit « le Sage », a longtemps puisé son inspiration dans notre histoire, citant dans plusieurs de ses chansons les héros et martyrs du Congo, la Nation et les Kongos. À chacune de ses prestations, il ne manquait pas de citer ses ancêtres, prouvant son attachement à un mysticisme et un fétichisme purement africains, que la culture occidentale ne put déraciner.

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Rapha Boundzeki doit sa renommée à son abondante œuvre musicale : quatorze albums solo, un record au Congo. De Parisien refoulé à Louzolo en passant par Christianisé, Mateya, Résultat du dimanche, Le Départ pour l’école, Ma Bouesso, Retour à la Sape, Bebegi tia Nzenzé, Régime sans sel, La Misère du chauffeur…, ses chansons sont encore dans la mémoire de tous les Congolais de 7 à 77 ans, séduits par ses chansons instructives où la profondeur du texte, la richesse des paroles se mariaient à merveille avec le timbre vocal atypique de l’artiste.

En dépit de ce tableau élogieux, Rapha est malheureusement mort dans une misère qui contrastait avec son talent. Victime de producteurs véreux qui se sont enrichis sur son dos, des gestionnaires de ses droits d’auteurs en passant par des opérateurs culturels cupides et malhonnêtes, il fut sa vie durant réduit à la précarité. Des malheurs amplifiés par la perte de sa maison de Mbouono à Brazzaville et la démolition de celle du quartier de l’aéroport Agostino-Neto à Pointe-Noire.

Spolié, escroqué, expulsé, oublié, humilié, Rapha Boundzeki meurt le 10 mai 2008 à Brazzaville à la suite d’une crise d’hypertension. Sa perte a été ressentie comme un coup d’assommoir par toute la corporation des musiciens, qui attend désespérément une loi sur le statut, la protection sociale et la valorisation des artistes.

© Hervé Brice Mampouya

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