Il ne se passe plus un seul jour sans que les Congolais ne se réveillent avec une nouvelle qui les plonge un peu plus dans l’abîme de l’incertitude de leur lendemain. Aussi, au-delà des angoisses liées à leur survie au quotidien, on est porté à croire que, désormais, tous les leviers d’un retour en puissance de l’Etat policier de triste mémoire, que l’on a connu sous le régime Lissouba, sont en marche.
Certains ne s’embarrassent plus de dire que la police politique est de retour avec une férocité aveugle et même, peut-être, jamais atteinte depuis 1991. Et la Convention pour l’action, la démocratie et le développement (CADD) d’André Okombi Salissa vient d’en faire la douloureuse expérience. En effet, Mme clémentine Mantina Moukietou, présidente nationale de son Comité Féminin, a passé, le vendredi 04 avril 2014 plus de quatre heures dans les locaux de la Direction Générale des renseignements Généraux à Brazzaville. Selon nos informations, il serait reproché à Mme Mantina Moukietou d’avoir déclaré dans son discours du samedi 29 mars 2014, à l’occasion de la commémoration de la journée de la femme de la CADD, que le pouvoir serait en train d’acquérir des armes pour semer la peur dans l’opinion, dans la perspective de 2016. En réalité, ce qui devrait être une interpellation de routine par l’un des services spéciaux de la République n’aurait pas pris une tournure singulière si le général Jean-François Ndengué, Directeur général de la police, comme un cheveu dans la soupe, n’était pas venu transformer la scène en véritable ring avec André Okombi Salissa, ancien ministre de Sassou, député PCT en séjour à Paris. Les témoins ont même parlé de duel Ndengué – Okombi par défaut. Dans tous les cas, au commencement était la présidente du Comité féminin de la CADD qui avait reçu le même vendredi 04 avril à 7h à son domicile une convocation l’invitant à se présenter à la Direction général des renseignements Généraux, le même jour à 11h00. L’intéressé s’est présentée promptement aux services des renseignements généraux où elle a été reçue puis interrogé par le colonel Bakala Mayinga, patron de cette branche des spéciaux. C’est là que Clémentine Mantina Moukietou a découvert qu’il lui était reproché d’avoir prétendument tenu des propos malveillants contre le pouvoir, aurait accusé le 29 mars 2014 ce pouvoir d’acquérir des armes de guerre, dans son discours d’ouverture de la journée de la femme de la CADD. Ce que la protégée d’Okombi Salissa a balayé d’un revers de la main en mettant sur la table du colonel le discours qu’elle avait publiquement lu. Malgré cette preuve accablante, l’infortunée a été emmenée dans le bureau du général Bouity où avait surgi en tempêtant le généralissime Jean-François Ndengué. Là, tout le monde a retenu son souffle comme si la République était en danger. Quelques sous-officiers qui ont vu arriver le général ont pensé tout de suite à un premier coup d’Etat perpétré dans notre pays par une femme. Et le DGP de lancer : «Ah ! c’est elle ? Alors, vous voulez la guerre ? Si vous voulez la guerre, eh bien, vous l’aurez chez vous à la maison (…) Tu es téké stoïque, la présidente du Comité Féminin de la CADD répond : «Non, je suis du district de Yamba». Décidé à passer au vif du sujet, le premier flic du Congo poursuit : «Dis à ton chef Okombi, dis-le lui, que c’est moi qui t’ai dit de le lui dire. Qu’est-ce qu’il attend pour rentrer ? Qu’il rentre ! Après Ntsourou, c’est lui : où est Ntsourou aujourd’hui ? » Pour mieux traumatiser la pauvre, dame, le général Ndengué, droit dans ses bottes, fait exploser le pic de son courroux : «Tu es là, tu as vu le rapport de force entre vous et le pouvoir ? » Seulement, après cette tempête, plus de peur que de mal, le DGP quitte le bureau du général Bouity, laissant derrière lui des effluves de colère. Et, sans gravité, la présidente du Comité féminin de la CADD, Clémentine Mantina Moukietou, quitte définitivement les locaux de la police, saine et sauve, sinon imperturbable. Toutefois, certains observateurs s’interrogent sur les propos sortis des tripes du général Ndengué et qui ne laissent planer aucun doute sur ses rapports avec Okombi Salissa mais aussi sur la nature des rapports actuels du pouvoir avec le député de Lékana. Cependant, quel pourrait être le sens du rapprochement fait sciemment entre Okombi, Ntsourou et l’ethnie Téké ? N’est-ce pas une pièce du fameux plan OMEGA dont nous parlons souvent ? Cette interpellation qui a fini avec un arrière-goût de deuxième round Ndengué – Okombi est perçue dans certains milieux comme étant la suite logique du premier round intervenu en 2012 sur le tarmac de l’aéroport de Maya-Maya entre le général et l’ancien ministre devant les regards ahuris des corps constitués nationaux et diplomatiques. Personne, cependant, n’est dupe pour comprendre que la haine manifestée sans retenue, sans réserve, par le tout puissant gardien de la Police National est la face visible de ce qui se dit et se trame quelque part dans le noir. Au-delà de cette épopée CADD, l’opinion se posera longtemps la question de l’avenir des libertés fondamentales dans notre pays d’ici à la présidentielle de 2016 puisque le général Ndengué aurait lâché, au plus fort de son exaspération, dans le bureau du général Bouity que : «ça sera comme ça jusqu’en 2016».
Alors, attendez-vous à vivre la pluie et le beau le temps de la police politique dans notre pays avant de connaître le dirigeant qui présidera aux destinées du Congo. Le général Ndengué ne peut pas interdire une personne de rentrer au bercail. De retour en France après un séjour au Etats Unis d’Amérique, Okombi Salissa a confirmé son arrivé à Brazzaville dans quelques jours.
Par: O.T