petrole-congolais-300x155-6800656Par :  Rigobert OSSEBI  

Il en a fallu du temps pour que la conscience nationale s’interroge sur la question pétrolière, que les interpellations fusent, que les accusations soient lancées. Il est plaisant de voir au centre des débats, si tardivement, le docile Pascal Tsaty-Mabiala s’émouvoir des dommages causés par la corruption et, tout en ignorant le lampiste Jean-Marc Tchikaya, jeter un petit caillou contre Denis Christel Sassou Nguesso ; en se gardant bien de citer le père Dénis, leur maître à tous les trois… Querelle de cour de récréation plus que de courtisans… ! Ces derniers ont pris leurs quartiers d’été depuis longtemps à Paris, comme Parfait Kolélas qui y séjourne depuis la mi-juillet et se garde bien d’entrer dans ce débat ; à l’image d’un Clément Mouamba caution morale des prédateurs de son gouvernement qui jurera tout ignorer de ce qui se sera passé.

Congo-Liberty depuis sa création n’a eu de cesse de produire des éléments de preuve des fraudes, des vols, des détournements en prédisant longtemps avant l’heure la catastrophe que tout le monde connait maintenant. Un homme politique congolais ne saurait être crédible sans qu’il n’exige, comme c’est le cas de la voisine Guinée Equatoriale (toutes les dictatures ne se ressemblent pas), que la production quotidienne de chaque puits soit déclarée officiellement, tout comme les enlèvements par tanker, au terminal de Djeno ou pas, soient publiés et connus de tous. Il est vrai qu’Obiang ne connait pas le bonheur d’avoir TOTAL et ENI comme opérateurs de ses champs pétroliers… Ni même un PERENCO !

Actuellement la production congolaise est à son plus haut et personne ne sait, à dix millions de barils près, à combien elle se chiffre. Longtemps la production congolaise était déclarée en millions de tonnes pour mieux brouiller les pistes… Les informations partielles fuitent cependant et il semblerait bien que tous les deux jours un VLCC (Very large crude carrier) quitte les eaux congolaises emportant environ 920.000 barils de pétrole ; ce qui équivaut à une production de 450.000 barils/jour.

Ainsi, pour le mois de juillet 2018 au terminal de Djeno, les chargements suivants, entre autres, ont été effectués :

Du 1er au 2, Chevron 880.000 barils

Du 5 au 6, Total 920.000 barils

Du 8 au 9, ENI 880.000 barils

Du 13 au 14 Total 920.000 barils

Du 17 au 18 Republic of Congo

Du 20 au 21 Chevron 920.000 barils (encore !!!)

Du 25 au 26 Non identifié 920.000 barils

Curieusement, une seule cargaison « République du Congo » nous a été communiquée, alors que l’on devrait en compter 4 ou 5 cumulées avec celles de la SNPC. Ces enlèvements au Terminal de Djeno correspondent-ils pour certains opérateurs à des remboursements d’avances financières accordées pour soutenir le régime durant la dernière période de vaches maigres ? Sans aucun doute ! Répondre présent lorsque le tyran est en difficulté est un devoir sacré chez les pétroliers !

Une autre curiosité, le 21/22 août ENI chargera 950.000 barils de Nkossa dont l’Italien est très friand et qui bénéficie d’une surcote de 2 ou 3 dollars par barils sur le cours du Brent. Fini le temps béni où le brut congolais subissait une décote, instaurée par ELF et acceptée par nos mêmes gouvernants, de 25% sur le même Brent. ENI, qui n’a pas de participation dans Nkossa, intervient sur cette cargaison comme un trader, un vulgaire Glencore ou Trafigura ; à quelles fins exactement ??? Seul le voleur Kiki, pourrait nous le dire !

Mais sans conteste, le chargement du 16 au 17 juillet 2018 sera celui qui devrait attirer toutes les attentions d’un FMI souvent malvoyant et malentendant : les 880.000 barils du LANDBRIDGE PROSPERITY un tanker immatriculé à Hong Kong et affrété par GLENCORE. Ce navire construit en 2016 avait quitté le port de Lanshan en Chine, le 1erjuin 2018, et depuis nulle indication de son parcours ni de son éventuel chargement n’est disponible. Unique indication, il accostera le 12 août prochain au port de Sungai Linggi en Malaisie, sûrement pour décharger sa cargaison.

Ainsi, contrairement à ce qu’avait demandé le FMI, c’est-à-dire la restructuration de la dette congolaise à l’égard des traders pétroliers, Trafigura et Glencore, sûrement peu ou bien avant cette date du 1er juin, un accord avait été conclu avec ces derniers ; sans jamais qu’un tribunal n’ait été saisi. Les traders, qui avaient consenti, très discrètement, plus d’un milliard de dollars de prépaiements, savent très bien quelles destinations leur argent avait pris… Le FMI n’a pas été le seul à être roulé dans la farine des négociateurs congolais, tous aux ordres de Kiki 1er : le véritable ministre des hydrocarbures ainsi que le grand pourfendeur des fraudes pétrolières, Tatsy pour les intimes, l’ont été aussi. Le pétrole, c’est Kiki ! Et il en sera toujours ainsi !

Il est clair qu’avec 400 ou 450.000 barils/jour la dictature congolaise n’a pas besoin du FMI pour se sucrer comme elle a toujours su le faire. Le seuil de partage production étant redescendu de $92 à $50 le baril, grâce à un coup de baguette magique de Washington DC, cela devrait permettre des revenus substantiels pour continuer la chasse aux jeunes congolais qui veulent échapper au triste sort de leurs aînés ; quitte à les assassiner en leur collant l’étiquette de « bébés noirs ».

Faire toute la lumière sur les flots pétroliers qui s’évacuent directement des plates-formes de production offshore (FPSO) ou du Terminal de Djeno montrera le vrai visage de ce pouvoir insatiable. Ses supporters nationaux, pour la plupart, avides des quelques miettes qu’ils revendiquent, finiront par se retourner un peu comme le fait Tsaty-Mabiala qui se plaint de n’avoir pas toutes les émoluments de chef fantoche de l’opposition.

Ce ne sera pas trop tôt ! A moins que cela ne soit simplement pour faire monter les enchères …

Rigobert OSSEBI

par www.congo-liberty.com