Depuis des mois, des pénuries de carburant récurrentes semblent s’éterniser à Brazzaville. De longues files d’attente prennent racines devant les rares stations approvisionnées au compte-gouttes. Dans notre pays pétrolier, le quatrième d’Afrique sub-saharienne, dont les gisements et les revenus peinent à suffire aux appétits démesurés d’un petit clan de prédateurs, on s’interroge sur quelles pourraient en être les vraies raisons ?
Brazzaville est alimenté en produits blancs (carburants et kérosène) par Kinshasa. La RDC est le premier importateur d’Afrique Centrale et elle a réussi à imposer son réseau d’approvisionnement tant au Centrafrique qu’à la République du Congo-Brazzaville pour sa capitale et sa zone Nord.
80.000 tonnes sont importées chaque mois. 15 à 20.000 sont réservées à Brazzaville. Environ 5.000 tonnes suffisent à Bangui et le solde, en constante augmentation, alimente la RDC. Les produits importés par cargo-tankers sont d’abord déchargés à Moanda-Matadi auprès de la SOCIR (sous l’assistance maintenant de Glencore-Trafigura-X-Oil) stockés puis acheminés par barges jusqu’au terminal pétrolier de Ango-Ango dans les installations de la PEP. Un pipeline long de 720 kms emmènera les précieux carburants automobile et aviation près de Kinshasa et de Njdili.
La SEP est une société d’économie mixte (capital majoritairement privé) qui assure une mission d’intérêt public dans l’approvisionnement en produits pétroliers pour l’ensemble du territoire de la RDC. Elle s’en tire plutôt bien pour la RDC qui ne subit pas les pénuries que nous connaissons de l’autre côté du fleuve. Pourtant, il ne suffit que d’un transport de moins d’une heure par barge du précieux liquide pour que la pénurie n’ait plus lieu.
Du point de vue de l’organisation, la SNPC, à qui échoit la même mission, devrait en prendre de la graine. Cette société acronyme de Sassou Nguesso Pétrole du Congo ou Parrain du Congo, est racketté dans l’Amont au travers de participations dans les permis et dans l’Aval directement dans la vente des cargaisons par des Nguesso et l’approvisionnement du pays en carburant ; ce qui est une garantie d’incompétence avérée et de pillage assuré.
L’approvisionnement juteux en produits blancs pour Brazzaville a été confié à deux opérateurs qui n’ont, prétend-on, strictement rien à voir avec Denis Christel Sassou Nguesso,(Willy Etoka), et Denis Sassou Nguesso, (Lucien Ebata). Dans les places pétrolières, principalement celle de Genève dans laquelle leur réputation est devenue grande, ces derniers achètent sans cesse d’importantes quantités de carburant et de kérosène qui très curieusement ne semblent pas atteindre Brazzaville.
Alors rien de plus simple que de faire une petite enquête de l’autre côté du Pool: à tous les niveaux les intervenants disent « n’attendre que les ordres pour que les produits raffinés effectuent la traversée… ! »
Rien de plus clair, les produits destinés au marché congolais de Brazzaville sont là, à Kinshasa en stock, presque en souffrance pourrait-on dire. Il suffirait simplement qu’un feu vert soit donné par Mpila, à ses sbires, pour que le carburant, après des milliers de kilomètres de voyage par tanker, barge et pipeline, effectue le dernier petit parcours d’une dizaine de kilomètres pour répondre aux besoins et aux attentes de la population brazzavilloise.
Alors, nous pouvons nous demander : « A quoi joue Denis Sassou Nguesso ? »
Veut-il rire toujours plus des Congolais, déjà privés d’eau et d’électricité, de les voir s’humilier pour un plein d’essence ? Ou, qu’ils doivent annuler un déplacement en avion du fait du manque de carburant ?
Ou alors, se peut-il qu’un plan plus encore machiavélique se dessine dans la raréfaction d’un produit stratégique en cas de « crise » ? Difficile de le savoir pour le moment.
Rien ne peut se faire, dans l’enfer congolais, sans l’accord du dictateur suprême, même un plein d’essence. L’humiliation permanente dans laquelle nous vivons à cause d’un petit clan d’irresponsables doit s’achever au plus vite… Il est plus que temps que les « leaders » de l’opposition accélèrent au plus vite le mouvement. Ces plaisanteries, de très mauvais goût, n’ont que trop duré !
© Rigobert OSSEBI