Circulation bloquée pendant presque toute l’après-midi, des pneus brûlés durant de longues heures : le quartier de Nkouikou, au nord de la ville congolaise de Pointe-Noire, a été bien secoué ce dimanche. Des jeunes militants de l’opposition ont manifesté leur colère après avoir appris l’interdiction faite à leurs leaders de quitter la capitale économique du Congo-Brazzaville pour un meeting à Dolisie. La situation est rentrée dans l’ordre après que cette interdiction a finalement été levée.
Après avoir été empêché par les éléments de l’armée et de la police de se rendre à Dolisie, le cortège, d’au moins une trentaine de véhicules transportant les opposants congolais, s’est immobilisé au quartier Nkouikou. Cette zone située au nord de Pointe-Noire a ensuite vécu une ambiance inhabituelle. Des jeunes militants pris de colère ont bloqué la circulation et brûlé des pneus pendant l’après-midi. Un climat de peur a gagné une grande partie de la ville, où des commerces sont restés fermés.
Les opposants, qui se sont vu notifier l’interdiction judiciaire de sortir de Pointe-Noire pour des besoins d’enquête, après les incidents survenus lors de leur meeting de samedi, sont plutôt convaincus que cette mesure était inappropriée, comme l’explique André Okombi Salissa, l’un des leaders de l’Initiative pour la démocratie au Congo :
« Nous avons le droit avec nous, nous avons le peuple avec nous, donc nous savons que nous sommes sur la bonne voie. Nous ne nous inquiétons même pas. La raison est de notre côté. Et puis Mao Zedong (fondateur de la République populaire de Chine, NDLR) disait que quand ça bouge, si ça bouge, c’est que vous êtes dans la bonne direction. Comme ça bouge partout, ça veut dire que nous sommes dans la bonne direction. »
En fin de journée, le calme est revenu et l’interdiction a été finalement levée. Presque tous les opposants ont repris l’avion pour Brazzaville, où ils doivent organiser un grand rassemblement le 20 octobre.
■ Des militants réclament le retour du général Mokoko
Ce week-end à Pointe-Noire, plusieurs personnes ont donc été blessées en marge d’un meeting de l’opposition contre une réforme constitutionnelle qui pourrait permettre au président Sassou-Nguesso de briguer un troisième mandat. Parmi les banderoles déployées par les manifestants, certaines appelaient le général Mokoko à « renter au pays sauver une démocratie à la dérive ».(1)
Le général Mokoko était chef d’état-major des armées au moment de la conférence nationale de 1991, qui a ouvert le Congo au multipartisme. Il est aujourd’hui représentant spécial de la présidente de l’Union africaine, chef de mission pour la Centrafrique et l’Afrique centrale. Préoccupé par la radicalisation des partisans et opposants au référendum, dit-il, il lance un appel à la responsabilité et à l’apaisement.
« Je pense que tous les Congolais aspirent à la paix et que s’ils ont à exercer ce qu’ils considèrent comme étant leur liberté constitutionnelle, qu’ils le fassent dans la paix, sans chercher des violences inutiles qui peuvent faire que les acquis que le pays connaît aujourd’hui soient remises en cause ». Général Mokoko Chef de mission pour la Centrafrique et l’Afrique centrale à l’UA.
Par Laura Martel
RFI
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(1) – APPEL DE LA PLATEFORME LYONNAISE DE RESISTANCE CONTRE LE CHANGEMENT DE LA CONSTITUTION