Quand la police multiplie les abus, la république dérive

Voilà plusieurs mois que nous interpellons le gouvernement congolais sur les multiples exactions commises par les policiers sans être inquiétés le moins du monde. Voici un exemple de ce qui ralentisse l’effort de modernisation de la police dans notre pays. Il s’agit d’un cas emblématique d’abus policier. Celui qui s’exerce à l’abri des regards, et dont l’éventuelle dénonciation finit rarement devant un juge.

Nous avons réceptionné cette vidéo montrant un traitement inhumain et dégradant, un manque d’objectivité et de professionnalisme de la part des forces de l’ordre du Congo-Brazzaville. Nous découvrons avec stupeur le laxisme et le laisser-aller au sein des forces de Police du Congo.

L’absence de professionnalisme des policiers du Congo altère le fonctionnement de l’État et la protection des droits humains

S’estimant certainement à l’abri des poursuites et autres condamnations inhérentes à de tels actes, un des policiers en cause aurait eu la brillante idée pour ne pas dire lamentable de filmer la scène. La dite scène, d’une effroyable intensité déshumanisante met en lumière des policiers abusant de leurs droits sur deux femmes qu’ils auraient arrêtées. Des femmes déshumanisées, apparemment des prostituées faisant le trottoir près d’une station-service à Talangaï et Poto-Poto, des quartiers de Brazzaville.

Mais voyons, mais de quels droits les policiers véreux et indignes deviennent-ils « les RAMBO » prétextant nettoyer les rues congolaises, bafouant toutes règles déontologiques en vigueur. L’affaire est désormais connue, une copie de cette vidéo circule même sur le net suscitant le dégout et une grosse colère des congolais.

Tout de même pour permettre de faire la lumière sur cette ignoble affaire nous devons nous poser une série de question. A quand remontent-ils ces faits incriminés ? Pourquoi les policiers, pourtant qui ne s’en cachent pas ne sont-ils pas inquiétés voire sanctionnés par la hiérarchie jusqu’aujourd’hui ? (1)

Est-ce le fait de l’impunité qui règne au sein des forces de police du Congo? La réponse à ces questions nous amène à se demander si la crédibilité de la police congolaise n’est-elle pas engagée si le cautionnement de tels actes se confirmait ? D’aucuns nous répondraient sans ambages que lorsque des contingents de policiers recrutés dans notre police n’auraient aucune formation, aucune notion de valeur humaine et d’éthique, il est envident qu’ils répercutent des comportements immoraux et indignes sur la société congolaise. C’est ce qui se passe lorsque l’inexemplarité serait récompensée au sommet de l’ Etat. Ces faits sont révélateurs de l’absence de professionnalisme et du civisme des policiers congolais qui ne sont que des caïds.

Cette barbarie policière prouve l’absence, l’inexistence voire l’insuffisance de formation des policiers congolais et le non respect des lois et règlements de la République; En plus cette barbarie ne rassure personne sur la protection des populations civiles.

Quelles sont l’éthique et la déontologie professionnelles des policiers au Congo-Brazzaville ?

Comment les congolais qui aspirent à la paix et la sécurité peuvent-ils être rassurés si leur sécurité est entre les mains des bandes de violeurs, des caïds portant l’uniforme et qui seraient sous les ordres certainement de NDENGUET, le premier policier du pays. Celui dont on dit qu’il voit tout et sait tout. Pourquoi serait-il subitement devenu aveugle ? On croirait qu’une police irréprochable ne serait bonne que pour les nantis, les politiques mais pas pour les sans voix, le peuple d’en bas.

Faut-il croiser les bras sur ce fait avéré de barbarie policière qui n’honore pas le Congo? Allons-nous consommer les dérives d’une police  » des caïds », qui, depuis plus d’une décennie (pour être réaliste) s’oriente vers la barbarie, le proxénétisme, le trafic de drogue, vers le racket des citoyens, la corruption, vers une désorganisation au bénéfice des hommes politiques au pouvoir ou d’un directeur général de la police devenu impotent (Jean François Ndenguet), vers une perversité de certains policiers toujours pressés d’aller frapper des manifestants sans mesurer le danger que cela pourrait générer au niveau de ces Congolais toujours réprimer et oubliés par des dirigeants véreux ? Faut-il se taire, et ne pas penser à mettre sur la place publique un débat objectif vis-à-vis de la sécurité intérieure et la protection du peuple Congolais ?

Ce comportement décrié par tous conduit à s’interroger sur la qualité, le contenu de la formation des policiers au Congo. Des actes immoraux commis par des policiers sont légions dans notre pays. Ayant pris la mauvaise habitude de recruter au sein de la Police des éléments qui n’adhèrent pas aux valeurs républicaines de ce corps de métier, le haut commandement de la Police a une responsabilité à travers les faits dénoncés.

Nous pouvons encore rêver de penser que ces ministres qui viennent nous donner des leçons d’éthique pourraient agir pour redorer l’image cette police nauséabonde.

Le peuple attend des réponses dignes. Mais avant nous avons alertés tous les médias, les ONG des droits de l’homme pour que les auteurs répondent de leurs actes.

Pour que cesse la barbarie faite aux femmes, aidez –nous à faire la lumière sur cette affaire. Écrivez-nous à :  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

Vous pouvez  consulter  la vidéo  en suivant le lien ci après:

Âmes sensibles s’abstenir. Les folies de la police de Sassou (images interdites aux moins de 18 ans)

Jean-Claude BERI

(1) – Jusqu’à quel point pousserons-nous l’impunité au Congo ?Jusqu’à quel niveau tolèrerons-nous la criminalité au Congo ?Jusqu’où devrions devrions-nous être humiliés pour qu’enfin nous puissions nous réveiller, nous lever, et dire « Halte, ça suffit ! »Les hommes congolais sont-ils fiers de leurs femmes ?Les femmes congolaises sont-elles fières de leurs hommes,Les mères et sœurs congolaises sont-elles fières de leurs fils et frères ?Et les pères et frères congolais, qu’en pensent et qu’en disent-ils ?Nous avons, dans la vidéo suivante, deux jeunes femmes congolaises humiliées jusqu’à leur intimité profonde parce qu’elles ont cherché de quoi manger.S’il leur avait été accordé la chance de pouvoir gagner leur vie autrement, l’opportunité de pouvoir subvenir à leurs besoins de manière digne, se seraient-elles retrouvées dans cette situation ?Dans une société où il n’est plus permis à tout citoyen de rêver, ces deux jeunes femmes sont-elles réellement à blâmer ? Méritent-elles de se faire déshumaniser de la sorte ? Cette humiliation, ce châtiment, de la part des mêmes hommes qui les poussent à la rue, est-ce humain ?

Ces hommes doivent-ils continuer à porter l’uniforme de la république ? A représenter les lois de la république ?

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RÉPUBLIQUE DU CONGO: Une vidéo témoigne des abus sexuels commis par des policiers à Brazzaville

Un des policiers devant les corps dénudés des deux jeunes filles. Capture d’écran de la vidéo.

Depuis dimanche, une vidéo montrant un groupe de policiers en train d’abuser sexuellement deux femmes à Brazzaville suscite un tollé au Congo et met en lumière une pratique qui, selon notre Observateur, est courante dans le pays.

La vidéo a été publiée sur YouTube le 31 mars, mais d’après les témoignages de nos Observateurs à Brazzaville les images circulaient depuis quelques jours sur Facebook avant que le réseau social ne décide de les supprimer. La séquence montre deux femmes complètement nues allongées à l’arrière d’un pick-up et entourées de policiers. L’un d’eux apparaît à visage découvert et s’adonne à des attouchements sur les parties intimes des deux jeunes femmes, complètement hagardes. Les hommes s’expriment en lingala, le dialecte local. Celui qui apparaît sur les images intime l’ordre aux filles de ne pas se cacher et dit face caméra : « Regardez-les, regardez-les ! »

D’après Rico, un policier qui a accepté sous couvert de l’anonymat de s’exprimer pour FRANCE 24, les images ont été tournées « courant février » car elles transitent de portable en portable de policiers depuis cette période. « À Brazzaville, toute notre corporation est au courant de cette histoire depuis déjà un mois et demi. En ce qui me concerne, c’est un collègue qui m’a envoyé la vidéo », explique l’agent. Selon ce dernier, la scène a été tournée dans une station-essence située dans le quartier de Talangaï à Brazzaville à une « heure tardive » car les interpellations des forces de l’ordre ont souvent lieu au moment où « les débits de boisson ferment », à partir de minuit. Pour lui, « il s’agit d’un banal contrôle de routine qui a dérapé ». « Ce genre de comportement est exceptionnel dans la police, je n’avais auparavant jamais entendu parler d’un tel fait divers », glisse-t-il.

Joint par FRANCE 24, le porte-parole de la police congolaise Jean-Yves Alakoua a précisé que trois hommes ont été placés en détention préventive à la maison d’arrêt de Brazzaville pour atteinte et outrage public à la pudeur. Ils seront présentés devant un conseil de discipline et encourent la radiation à vie.

FRANCE 24 a délibérément décidé de couper certaines séquences et de flouter certains passages jugés trop choquants.

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 » Au Congo, les maltraitances policières font partie de la routine »

Roch Euloge Nzobo est directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH). Il vit à Brazzaville.

Si ces images ont choqué l’opinion publique, elles font malheureusement partie du quotidien au Congo. Brazzaville et Pointe-Noire [capitale économique du pays] sont régulièrement le théâtre d’exactions perpétrées par les forces de l’ordre.

Il est très probable que les deux femmes soient des prostitués [information non confirmée, NDLR], cibles de choix pour les policiers qui font des patrouilles en ville la nuit. Ils profitent de leur vulnérabilité car elles sont souvent originaires de République démocratique du Congo ou d’autres pays voisins et en situation irrégulière. Elles fréquentent les bars et les boîtes de nuit, les patrouilleurs savent donc où les trouver. Quand les voitures de police font irruption dans les quartiers animés le soir, il n’est pas rare de les voir courir dans tous les sens pour se cacher. Elles vivent en permanence avec la peur au ventre.

« Il ne serait pas étonnant que les auteurs de la vidéo recommencent leurs basses œuvres quand l’agitation sera retombée »

À mon avis, les jeunes filles que l’on voit sur la vidéo n’ont même pas fait de déposition [Rico, notre policier anonyme, assure qu’elles ont été placées dans un lieu tenu secret jusqu’au procès pour éviter toute agression ou intimidation, NDLR]. Leur sort ne risque pas d’émouvoir la justice de notre pays car ici les maltraitances policières font partie de la routine.

L’OCDH a publié, le 31 octobre, un rapport qui révèle ainsi les actes de torture sont une réalité quotidienne au Congo. Cette étude a été menée entre 2010 et 2012 dans six des douze départements du Congo et a bénéficié de l’appui financier de l’Union européenne. On y constate notamment que la majorité de ces forfaits sont commis dans les lieux de détention officiels, notamment dans les maisons d’arrêt, les commissariats de police et les brigades de gendarmerie.

Selon moi, il existe deux hypothèses pour expliquer le fait que cette scène ait pu être filmée : soit l’homme qui tient la caméra a voulu dénoncer les horreurs commises par ses collègues policiers, soit – et c’est plus probable – il était persuadé que ce crime resterait impuni. Quand il y a bavure, les forces de l’ordre ne sont jamais embêtées. D’ailleurs, il ne serait pas surprenant que les auteurs de la vidéo recommencent leurs basses œuvres quand l’agitation sera retombée.