Quel est le motif de l’emprisonnement du journaliste Fortuné Dombe Mbemba ?
Par : Murielle Ossié
Emprisonné depuis une année: Quel est le motif de l’emprisonnement du journaliste Fortuné Dombe Mbemba ?
La question a produit beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux après la publication de l’information signalant que le journaliste Fortuné Dombe Mbemba, directeur du journal TALASSA ne sera pas libéré parmi les prisonniers proches du Pasteur N’toumi et ceux arrêtés suite aux évènements liés à l’affaire du Pool. Cette information rendue par Jean Gustave Tondo représentant spécial du Pasteur N’toumi, membre de la commission mixte signataire de l’accord de paix au Pool publiée par le journal La Griffe a poussé certaines personnes à la réaction. « C’est regrettable que les autorités ne se soient pas prononcées depuis l’incarcération du journaliste Fourtuné Dombe Mbemba. Elles ont attendu une année pour dire que le journaliste est poursuivi pour un cas à part. C’est regrettable de vivre avec une telle justice et avec des telles autorités dans notre pays. C’est au Congo que nous voyons des gens arrêtés pour un motif qui change dans le cours de leur emprisonnement. » a dit sous anonymat un ancien lecteur du journal TALASSA. En effet, à l’arrestation du journaliste Fortuné Dombe Mbemba directeur du journal TALASSA en 2017, le motif retenu était la publication du message de Frédéric Bintsamou dit « Pasteur N’toumi », taxé de « terroriste », traqué par l’Armée à l’époque suite aux évènements survenus à Brazzaville le 4 avril 2016. Aujourd’hui, à la faveur de la signature de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités, près d’une cinquantaine de personnes vont être libérées en respect de cet accord. Malheureusement le nom de Fortuné Dombe Mbembe n’est pas sur la liste «…Les prisonniers qui sont pris en compte sont des gens arrêtés du point de vue de cette affaire du Pool. Pour le cas de Fortuné Dombe Mbemba, nous avons mis son nom sur la liste. Mais ils nous ont conseillé de l’enlever et nous ont fait comprendre que c’était un cas à part. Ce cas allait être réglé. Ils nous ont fait comprendre que Fortuné Dombe Mbemba n’était pas arrêté par rapport à l’affaire du Pool…» a dit Jean Gustave TONDO.
Un proche de Fortuné Dombe Mbemba s’est indigné du fait que le motif d’incarcération de son parent soit changé une année après son incarcération. « J’ai lu votre journal dont l’information m’a indigné. Comment, quelqu’un qui a purgé près d’une année d’emprisonnement pour avoir publié, semble t-il, un message du Pasteur N’toumi ne soit plus poursuivi pour ce même motif ? C’est incompréhensible. Il est donc emprisonné pour quoi ? »
La question restera sans réponse qu’autant plus que ni Jean Gustave Tondo, ni les parents de Fortuné Dombe Mbemba ne connaissent plus le pourquoi de l’emprisonnement du directeur du journal TALASSA. Reste à savoir si les magistrats en charge de ce dossier diront le motif réel de la prolongation de l’emprisonnement de Fortuné Dombe Mbemba. Signalons que c’est quarante-huit heures après son interpellation que le journaliste Ghys Fortuné Dombé Bemba, directeur de publication du journal Talassa, était entendu par le procureur le 13 janvier 2017 qui l’avait inculpé pour « complicité d’atteinte à la sûreté intérieure » puis incarcéré à la maison d’arrêt de Brazzaville.
L’interpellation était partie d’un article publié dans l’édition du 9 janvier qui relayait des vœux à la Nation signé non pas du chef de l’Etat comme le veut la tradition, mais du Pasteur Ntumi, à l’époque traqué par l’Armée pour sa responsabilité présumée dans l’attaque du 4 avril 2016.
Selon son avocat, le procureur avait expliqué qu’il voyait dans cette publication la preuve d’une complicité entre le journaliste et le Pasteur. « Faux », répondait Me Blaise Nzouzi, puisque le message en question circulait, disait-il, sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours. Son client s’était donc contenté de le reproduire mais cela n’indiquerait pas pour autant qu’il soit en contact direct avec son auteur.
Après l’audience, Fortuné Dombé Bemba était conduit en prison. Quant à son journal Talassa, il était « définitivement interdit » par le Conseil supérieur de la liberté de communication, l’organe de régulation des médias au Congo pour un autre article jugé « injurieux » vis-à-vis du chef de l’Etat et contraire au code de déontologie. Mais selon le président du Conseil supérieur de la liberté de communication, il n’y avait aucun lien entre les deux affaires.
Seulement, dans un autre son de cloche, il était entendu que Fortuné Dombe Mbemba ne se portait pas bien. Il était malade depuis sa cellule. Chaque fois, il se rendait dans une clinique sous escorte policière pour se faire soigner. Ses avocats auraient bataillé fort pour avoir cette autorisation.
L’information a été corroborée par le site Zenga-mambu qui a écrit le 26 janvier dernier que, « Le journaliste, Directeur du journal Talassa, a enfin été admis à la clinique COGEMO de Brazzaville depuis quatre jours. Les autorités judiciaires ont donc accédé à sa pressante demande.
Dans cette clinique dotée d’un plateau technique haut de gamme, le journaliste « bénéficie des soins sur plusieurs pathologies », aurait fait savoir un médecin, sans signifier de quoi il souffre réellement. D’après des témoignages de ceux qui l’ont vu, il serait très amaigri et très faible. En un mot, son état de santé est très critique…
Dans cette clinique, la garde du journaliste-prisonnier serait assurée par des gendarmes. Comme il est, semble t-il, en soins intensifs. Ce qui est sûr c’est que si la clinique COGEMO ne parvient pas à rétablir sa santé, la dernière option serait l’évacuation sanitaire vers un pays où la médecine est très développée.
L’état de santé du patron de Talassa qui ne fait que se dégrader au jour le jour est dû aux conditions de détention, du régime alimentaire, etc. »
Affaire à suivre
Murielle Ossié
Source: La griffeinfos Journal