Qu’est ce qui peut faire croire à Sassou Nguesso que Clément Mouamba a les moyens et la capacité de sortir notre pays du marasme économique dans lequel il avait plongé le pays d’autant plus que nous l’avons déjà vu à l’œuvre. Le Congo-Brazzaville manque-t-il à ce point de compétence pour toujours recycler ceux dont on connaît l’incompétence.

Le tout nouveau premier Ministre Clément Mouamba est un ancien cadre supérieur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), docteur en sciences économiques, éminence grise du Parti Congolais du Travail (PCT) en matière économique du temps du monopartisme, membre du Comité central du Parti Congolais du travail de 1984 à 1992, avant de rejoindre l’Union Panafricaine de la Démocratie Sociale (UPADS), parti créé par le professeur Président Pascal Lissouba.

Clément Mouamba a travaillé pendant longtemps à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) comme cadre supérieur avant de succéder à Monsieur Ange Edouard Poungui au poste de conseiller économique et financier du président du comité central du Parti Congolais du Travail, président de la République, chef du gouvernement de 1984 à 1992 monsieur Denis Sassou Nguesso, il remplace Ange Edouard Poungui à la tête de la Banque Commerciale Congolaise (BCC). A l’époque la BCC était la plus grande banque du Congo.

Clément Mouamba succède donc Ange Edouard Poungui comme conseiller économique et financier, mais aussi comme directeur général de la Banque Commerciale Congolaise (BCC), banque qu’il conduit à la faillite avant d’être nommé Ministre des Finances, de l’économie, du plan et de la prospective dans le premier gouvernement de Stéphane Maurice Bongho Nouara sous l’empire du pouvoir de Pascal Lissouba.

Clément Mouamba étant très introduit dans les milieux financiers internationaux, il aiderait le président élu en 1992, Pascal Lissouba dans le montage financier d’Oxy en gageant le pétrole Congolais à vil prix en vue de payer les salaires des fonctionnaires avant le premier tour des élections législatives anticipées de 1993. C’était un contrat pétrole contre salaire.

Clément Mouamba est discret, il possède un carnet d’adresse rempli, tutoyant les anciens Directeurs du Fonds Monétaire International Jacques Larosère, Michel Candessus, Jean Claude Trichet l’ancien Directeur du Trésor français, Gouverneur de la Banque de France et de la Banque Centrale Européenne, Christian Noyer l’ancien Gouverneur de la Banque de France, bref, il fréquente tous les grands financiers du Monde.

Cependant, en tant que conseiller économique et Financier du président du comité central du Parti Congolais du travail de 1984 à1992, l’histoire retiendra, qu’il a été au cœur des mauvais choix opérés à compter de 1984 sous le règne de monsieur Denis Sassou Nguesso, car c’est en 1985 que le Congo-Brazzaville appellera à la rescousse le Fonds Monétaire International (FMI) pour engager le premier programme d’ajustement structurel, avec Ange Edouard Poungui comme premier Ministre, Justin Lekoundzou est à l’époque ministre des Finances.

C’est ce plan qui a paralysé notre appareil productif, aggravé les handicaps et conduit à la l’effondrement des valeurs, le gel des recrutements dans la fonction publique, la réduction des bourses et les arriérés des salaires, la liquidation des entreprises d’Etat, sans compter l’augmentation des tarifs de l’électricité, l’arrêt des subventions diverses etc…

C’est aussi avec Clément Mouamba que le Congo-Brazzaville ira jusqu’à gager le pétrole pour des décennies et empruntés les ressources financières à des taux d’intérêt prohibitifs qui ont conduit notre pays à devenir à certains moments de l’histoire le pays le plus endettés du monde.

Le nouveau premier des ministres monsieur Clément Mouamba n’est pas un Homme neuf dans ce sens qu’il n’est pas nouveau sur la scène politique congolaise et de ce fait ne peux pas incarner la rupture que les éminences grises de la nouvelle république appellent à cors et à cris, Clément Mouamba a un passé pour ne pas dire un passif. Clément Mouamba a participé depuis plusieurs décennies à l’effondrement économique, financier et matériel de notre pays en sa qualité de conseiller économique, de Directeur général de la BCC et en tant que Ministre des Finances. Il est celui, qui a conduit la plus grande Banque Congolaise à la faillite.

Nommé celui-ci à la tête d’un gouvernement qui devrait sortir notre pays de la crise multiforme, multidimensionnelle que traverse notre pays, c’est trahir le peuple.

J’avais cru comprendre que lors de son discours d’investiture Sassou Nguesso dénonçait la paresse, la gabegie, la corruption, dans une sorte d’aveu implicite puisque tous ces maux se sont développés sinon aggravés au cours de sa gouvernance chaotique.

J’avais cru comprendre que Sassou Nguesso en appelait à l’éthique, à la déontologie et à l’orthodoxie financière, des mots qui sans doute dans son esprit n’ont aucun sens, à moins qu’il ne comprenne pas ce que veulent dire ces mots.

On ne va pas à la compétence, à l’excellence, à l’éthique et à l’efficience en nommant des personnes qui sont à l’origine de la faillite des structures financières du pays, des personnes qui ont bradé le pétrole à vil prix, théorisé l’ajustement structurel, mis des milliers de travailleurs du secteur étatique et para étatique dans la rue, des personnes qui ont contribué au chômage massif des jeunes.

Les hommes changent certes, et on ne peut juger un maçon qu’au pied du mur nous dirons certains. Juste une question. Vous feriez vous opérer par un chirurgien qui a à son actif plusieurs opérations qui ont conduit à des décès ?

Dans la nouvelle République qui a déjà fait couler tant de sang des innocents et pour laquelle on a suspendu les droits élémentaires et fondamentaux des congolais, il est malheureux de constater qu’on ne cesse de recycler les « ancienne gloires » pour perpétuer des logiques qui ont conduit notre pays plus d’une fois dans le chaos économique, financier, social, culturel, scientifique et technique. Sassou Nguesso oublie qu’il est l’auteur principal de la débâcle de notre appareil productif qui décroche et décline jour après jour.

Patrick Eric Mampouya