Par : OCDH
Pas d’autopsie, enquête bâclée : le droit à un procès juste et équitable à rude épreuve
Par L’OCDH le Vendredi, 14 Septembre 2018
Après les récentes atrocités de la guerre du Pool demeurées impunies, la force publique, en particulier la police, a encore fait des victimes collectives dans ce que l’OCDH appelle le « Massacre de Chacona ». Pendant l’enquête, nous avons interrogé une centaine de témoins pour documenter les circonstances des interpellations et de la mort de ces jeunes. Il est clair que la police a non seulement recouru aux méthodes illégales et excessives contre ces jeunes hommes, assassinant personnes, mais a également déployé des efforts considérables pour dissimuler ses crimes.
Les 21 et 23 juillet dernier, la police congolaise a déployé officiellement 93 éléments pour « traquer les bandits » dans les quartiers nord de Brazzaville. Au mépris de la législation encadrant les interpellations, elle a procédé à une campagne d’arrestation sans fondement et de manière arbitraire. Plusieurs jeunes hommes ont été interpellés et placés en garde à vue.
En voulant maquiller le massacre survenu au poste de police de Chacona, les autorités congolaises ont indiqué que les 13 personnes décédées à Chacona appartenaient à deux bandes de bandits, appelées communément « les bébés noirs ». Ces décès seraient survenus suite à une rixe épouvantable.
Dans un communiqué du parquet de la République près le tribunal de grande instance de Brazzaville, le Procureur indiquait : «…j’informe l’opinion nationale et internationale que dans la nuit du 22 au 23 juillet 2018 deux groupes de bandits appelés bébés noirs appartenant aux écuries « américains » et « arabes » se sont affrontés avec toutes sortes d’armes. Cet affrontement a entraîné mort d’hommes. En ma qualité de garant de l’ordre public, j’ordonne dès cet instant l’ouverture d’une enquête aux fins d’élucider les causes et les circonstances de ce drame ».
Les enquêtes menées par notre organisation ont montré que les jeunes tués n’avaient vraisemblablement rien avoir avec les gangs des bébés noirs. Nous avons enquêté auprès d’une centaine des témoins. Aucune des personnes décédées n’a présenté un profil de délinquant pendant nos recherches sur le terrain.
CONCLUSION : La situation des droits humains au Congo-Brazzaville se dégrade davantage, les violations deviennent de plus massives et la communauté internationale reste indifférente.
A tout temps, les violations des droits humains sont considérées comme moins graves au Congo parce que la limite serait poussée très en avant et la situation devient habituelle. Cela crée un précédent et amène les autorités congolaises à s’habituer avec les violations massives des droits humains.
Finalement, quel est le poids des violations des droits de l’Homme qu’il faille atteindre au Congo-Brazzaville pour que les pays qui promeuvent les droits fondamentaux et les valeurs de l’Etat de droit reconsidèrent leur soutien à la République du Congo ? Combien de tragédies du Pool, Chacona etc. les congolais attendent pour sortir de leur attitude fataliste face aux nombreuses violations de leurs droits fondamentaux ?
Regrettablement, un précédent d’impunité a été admis. Les autorités congolaises doivent accepter une remise en cause et adopter une politique nationale cohérente de promotion et de protection des droits humains.
OCDH