Constatant la dégradation sans précédent de l’espace environnemental congolais, l’association DÉVELOPPER AUTREMENT LE CONGO (DAC) s’est engagée dans une campagne de prévention et d’information afin de mieux sensibiliser les congolais des effets réels de l’utilisation abusive des sacs en plastique non biodégradables.
Faut-il savoir que les sacs en plastique sont facilement emportés par le vent. Ils pendent dans les arbres, les toits des maisons, sous les fils électriques rendant ainsi le paysage moins attrayant. Ils flottent dans les cours d’eau et lacs favorisant ainsi la prolifération des nids de moustiques. Ils obstruent les systèmes d’évacuation d’eau provoquant les érosions et les inondations à répétition que nos villes du pays sont aujourd’hui victimes de façon récurrente. Dans nos campagnes, les animaux les assimilent à de la nourriture et s’étouffent en essayent de les manger. Peu de sacs en plastique sont recyclés et la plupart d’entre eux nécessitent des centaines d’années pour se décomposer.
Au Congo-Brazzaville, Après plusieurs années d’atermoiement, le gouvernement vient au cours du conseil des ministres du 1er juin 2011 enfin d’interdire la production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation des sacs et sachets en plastique pour la vente d’aliments, de l’eau et de toutes autres boissons. La fabrication, l’importation et l’usage des sacs plastiques non biodégradables au Congo sont désormais interdits.
L’association DÉVELOPPER AUTREMENT LE CONGO (DAC) qui est le promoteur de cette initiative au Congo se réjouit de cette décision audacieuse qui va bousculer des vieilles et mauvaises habitudes qui sont une calamité pour l’environnement des Congolais.
Question : Comment avez-vous accueilli cette décision du gouvernement annonçant le projet de décret interdisant l’utilisation des sacs plastiques ?
Jean-Claude Beri : C’est une bonne nouvelle pour les congolais qui doivent maintenant se préparer à vivre autrement dans un environnement sans sachets. Les dégâts causés par l’utilisation des sacs plastiques dans notre environnement actuellement et pour les générations à venir sont très préjudiciables. Il fallait donc réagir.
Question : Votre association a-t-elle été consultée dans cette démarche ?
JCB : Je dirais plutôt que ce sont les membres de notre association, dans un élan patriotique, qui se sont rapprochés de certains ONG et officiels congolais pour les sensibiliser des dangers de l’utilisation abusive des sacs plastiques. Pour cela, des exemplaires du projet avaient été adressés, il y a plus deux ans à son excellence l’ambassadeur du Congo en France M. Henri LOPEZ et au cabinet du Ministre Rodolphe ADADA que nous avions rencontré, lors de son passage à Lyon pendant les journées de la Chambre de Commerce Congo-France. Certes, nous n’avions pas eu de retour direct, mais nous savions que le projet intéressait le gouvernement.
Question : C’est la Ministre Claudine Munari qui est en charge du dossier actuellement, l’avez-vous contacté ?
JCB : Pas encore, mais il serait incompréhensible pour les congolais si nous ne le faisons pas. Comment pouvez-vous vouloir le bien-être des congolais et dès lors que le gouvernement prend des initiatives dans le sens de l’amélioration des conditions environnementales de ces derniers que nous nous dérobions ? Ça ne serait pas responsable de notre part. Nous allons effectivement nous mettre en contact avec le cabinet de Madame Claudine Munari pour apporter notre contribution sur ce dossier.
Question : Pourtant vos critiques sur ce gouvernement ne sont pas toujours tendres ?
JCB : Exact, nous dénoncions les antivaleurs, les incohérences et surtout les défaillances des politiques mises en place par le gouvernement qui sont très éloignées des attentes des congolais. Au delà de nos critiques, nous faisions toujours l’effort de proposer des solutions qui peuvent êtres adaptées. Ce qui veut dire que nous souhaitions que ce gouvernement soit actif et pertinent dans le processus de résolution des problèmes auxquels les populations sont confrontées. Ne jamais être critique face aux certaines dérives constatées serait pour notre part une erreur politique que nous refusons d’assumer. Nous souhaitons développer le dialogue avec tous ceux qui le souhaitent car le Congo pour s’en sortir doit cesser de développer le spectre de la peur mais s’orienter vers une paix véritable. Nous rejetons ce semblant de « climat d’unité hypocrite » qui prévaut en ce moment. Nous pensons qu’on peut développer le Congo en réfléchissant ensemble à son avenir. Pour cela, il est souhaitable d’établir des bases saines de dialogue sans aucune influence de quelque nature que ce soit.
Question : Dans les prochaines semaines un décret va être promulgué pour interdire l’utilisation des sacs plastiques, pensez-vous que votre objectif est atteint ?
JCB : Non justement ! Bien que nous ayons franchi un premier obstacle. Pour mener à bien les opérations de dépollution de nos villes et villages, nous souhaitons vivement que le gouvernement qu’en la matière puisse appliquer le principe pollueur-payeur. Le principe pollueur-payeur est un principe d’inspiration économique qui consistera à faire payer aux commerçants importateurs et aux industriels locaux des sacs plastiques une contribution financière aux opérations de dépollution de l’environnement du pays. Il faudrait en plus un effort de conscientisation des populations pour que cette démarche soit réellement positive. Je vous invite à consulter le Communiqué du DAC (Communiqué du DAC à l’annonce du projet de décret interdisant l’utilisation des sacs plastiques).
Question : Pensez-vous que le décret interdisant l’importation, la fabrication et l’usage des sacs plastiques va-t-il résoudre l’épineuse question de l’insalubrité des villes du Congo ?
JCB : Pour citer que l’exemple de Brazzaville, Hugues Ngouélondélé, le maire de la ville reconnaît implicitement son incompétence. C’est un aveu d’échec de sa politique d’assainissement avec Pro-Brazza. Pointe-Noire également est devenue insalubre.
Nous pensons qu’il ne s’agit pas seulement de vouloir interdire la prolifération des sacs non biodégradables par un décret, mais également d’amener les populations à se saisir des objectifs suivants :
* Susciter une démarche citoyenne en fédérant un grand nombre d’acteurs de tous horizons du Congo-Brazzaville autour de cette action d’intérêt national.
* Éduquer et sensibiliser tous les Congolais aux éco-gestes, au tri sélectif, à la réduction à la source des déchets et à la durée de vie des macros déchets.
* Nettoyer les berges des déchets qui s’accumulent depuis des décennies et qui les polluent, triste reflet de notre société de consommation en suscitant la mise en place en partenariat avec le gouvernement d’une information dans les quartiers et Arrondissements.
* Faire découvrir l’importance d’un environnement sain, de la Biodiversité et la nécessité de la préserver pour la survie de la planète et de tous les Congolais.
* Informer et réfléchir sur les inconséquences de nos activités et l’impact qu’elles engendrent sur le milieu naturel.
* Inciter les Congolais à utiliser des Paniers en liane ou les sacs Cabas (en amidon ou en maïs).
* Inciter l’utilisation du COMPOST dans les foyers.
Nous, Congolais, avons beaucoup d’effort à faire pour intérioriser la lutte contre l’insalubrité de notre environnement. A ce propos, l’association DAC a des propositions à faire valoir pour le bien commun des Congolais.
Propos recueillis le 6 Juin 2011.