Rendez aux africaines leur dignité

Dans le livre « Rendez aux Africaines leur dignité » publié en mai dernier par les éditions L’Harmattan, Ghislaine Nelly Huguette Sathoud* dénonce l’utilisation du viol comme arme de guerre dans une Afrique déchirée par des guerres ethniques et des conflits de toutes.

« Au-delà des pertes matérielles causées par les conflits, les populations s’attaquent mutuellement, s’excluent réciproquement pour des croyances irrationnelles », et ce sont les femmes qui endurent les discriminations les plus grandes tant dans la sphère privée que publique. La république démocratique du Congo en est la terrible et triste illustration.

Pour sortir de cette spirale de violence envers les femmes, Ghislaine Sathoud lance un appel à la solidarité internationale en s’appuyant sur la Marche Mondiale des Femmes. Ce mouvement international de lutte contre toutes les formes d’inégalités et discriminations vécues par les femmes a organisé en octobre 2010 son troisième rassemblement à Bukavu dans l’est de la RDC afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les violences sexuelles dont sont victimes les congolaises. Parmi les autres pistes qu’elle poursuit, G. Sathoud entend briser la loi du silence et cherche à redonner aux femmes le pouvoir, afin que celles-ci prennent en main leur destinée. Son combat cadre avec les objectifs du millénaire pour le Développement(OMD) fixés par l’ONU pour 2015, qui accordent une place primordiale à la lutte contre les violences faites aux femmes.

Un rapport de l’ONU fait état de 16 000 viols par an en RDC. De son côté la revue américaine The Americain journal of public Health estime à 400000 le nombre de victimes annuelles, soit 1100 par jour, et souligne une forte hausse ces dernières années. Pour Margot Wallstrôm, la représentante spéciale de l’ONU sur place, qui reconnaît que le nombre de viols et d’agressions sexuelles varient en fonction de méthodes de collectes qui ne peuvent être qu’empiriques, « la violence sexuelle liée au conflit est l’un des principaux obstacles à la paix en RDC ».

*Née au Congo-Brazzaville, Ghislaine Nelly Huguette Sathoud vit au Canada. Chez l’Harmattan, elle a publié Les femmes d’Afrique centrale au Québec, le combat des femmes au Congo-Brazzaville, l’Art de la maternité chez les Lumbu du Congo. Membre de l’Institut de recherches et d’études féministes de l’université du Québec à Montréal, elle est aussi porte-parole du programme Vivre au-delà du refuge de l’organisme YWCA Canada.

Anne Collet – copyright Slate