Le Révérend Pasteur Frédéric Ntumi Bintsamou est fini, le CNR est un parti phagocyté par le PCT et arrimé à la remorque de SASSOU. Telles sont les propos parmi tant d’autres que l’on peut entendre des observateurs et acteurs de la vie politique congolaise.

Bien que le Secrétaire général du CNR, C. A. Walembaud, de passage à Lyon, a eu à lever le doute sur certaines informations comme quoi le CNR aurait signé des accords secrets avec le pouvoir en place. « C’est complètement ridicule, grotesque et diffamatoire ! Les seuls signatures sont ceux stipulés dans le cadre des accords de paix dans lesquels notre Président a été nommé au poste du Délégué général chargé de la promotion des valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerre … » C A W.

Le CNR, un parti qui tient à jouer son rôle de partisan de paix et son ancrage dans l’opposition.

Nous nous sommes rapprochés du Président du CNR, le Révérend Pasteur Frédéric Ntumi Bintsamou qui a bien voulu nous livrer ses impressions et sa vision du Congo et sur l’avenir des « ninjas » ou plus exactement des ex combattants qui sont encore autour de lui.

Dac Presse : Révérend Bonjour, Merci de votre confiance en nous accordant cet entretien et surtout de répondre aux questions que beaucoup de congolais se posent. Pourriez-vous repréciser votre rôle au sein de cette institution chargé de la promotion des valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerre et surtout le flou de votre rôle au sein de cette institution ?

Révérend Pasteur Frédéric Ntumi Bintsamou :

Merci de m’accorder aussi votre confiance et surtout le privilège de m’adresser à la diaspora et aux congolais de l’intérieur par ce canal. Avant tout, je voudrais insister sur le fait que notre pays a connu des périodes sombres et difficiles par le passé, notre peuple a payé le prix le plus fort et les séquelles sont encore présentes aujourd’hui pour en minimiser la situation dramatique qu’a connu le pays par le passé. Notre parti a pris ses responsabilités en prônant la voie de la réconciliation et de la paix. C’est cette volonté de rassemblement du peuple dans la paix qui nous a conduits à promouvoir les valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerre auprès du Président de la république. Acte que nous avons posé depuis le 29 Décembre 2009.

Ainsi, moi et mes amis, nous nous efforçons tant bien que mal à rendre opérationnelle et efficace cette mission qui a nous été confiée. Nous avons effectué un premier travail consistant à répertorier les séquelles de guerre, regarder les valeurs de promotion de la paix et aider au ramassage des armes détenues illégalement. Enfin nous avons également posé le problème de la réinsertion des « combattants ». Notre mission sur le terrain est terminée depuis et un rapport détaillé a été transmis au Chef de l’Etat. Il appartient au Président de rendre exécutoire les recommandations de la mission de la promotion des valeurs de paix et la réparation des séquelles de guerre.

Si flou il y a, ce n’est pas certainement du côté du CNR et de son Président qu’il faudrait se tourner. Nous avons respecté notre part du contrat et exécuté notre mission à la lettre. Tout ceci, malgré les multiples « pièges » qui ont été à maintes reprises posés sur notre chemin. Par exemple, nous n’avons jamais été reçus par le chef de l’Etat pour s’enquérir de notre mission. Notre budget de fonctionnement est revu de moitié chaque année rendant difficile l’exécution de la feuille de route qui nous était assignée.

Nous ne pouvons que constater que notre partenaire dans cette mission a une autre définition de la promotion de la paix. Comme je l’ai dit « Pour une réelle réconciliation, une paix véritable, tous les actes de la guerre civile depuis 1997, 1998, 2000, doivent être couverts par l’amnistie ». Il se trouve que cette recommandation est à géométrie variable. Beaucoup de mes camarades attendent toujours leur réinsertion comme promis dans l’armée ou dans les forces de l’ordre, jusqu’aujourd’hui cette promesse n’est pas suivie d’effet.

Dac Presse : Quel est votre vision du futur dans un contexte politico-économique aussi confus qu’électrique ou certains n’hésitent plus à dire que vous faites le jeu du PCT ?

Révérend Pasteur Frédéric Ntumi Bitsamu:

Notre parti, le CNR, s’oriente désormais à bâtir une société congolaise qui aura à transcender les querelles et les intrigues politiciennes, les provocations inutiles qui risqueraient d’embraser encore le pays, le bannissement des régimes autoritaires et le respect de la démocratie. Nous devrions apprendre à faire face à un passé enraciné dans les injustices ethniques et les antivaleurs tout en œuvrant pour les droits de l’homme et une justice équitable. Il faut dénoncer ensemble que l’absence de démocratie et l’Etat de droit au Congo-Brazzaville sont incontestablement la cause du désordre politique et institutionnel que nous traversons depuis plus d’une quinzaine d’année. Les dérapages et le non-respect des engagements ne facilitent pas non plus les choses.

Nous sommes un Parti d’opposition qui défend ses idées et ses propres valeurs. Nous n’avons pas besoin de faire le jeu de qui que ce soit ou de tel autre parti pour exister. Nous présentons à chaque élection nos propres listes et nos militants n’ont jamais eu records aux alliances de façades pour gagner une élection. Nous croyons fortement en la force de notre peuple pour lequel le CNR mène aujourd’hui le combat pour lutter contre la pauvreté et la misère. Ce peuple ne se laisse pas bercer ni encore moins berner par les signaux à vent couverts du moment. Il est conscient qu’il y règne dans notre pays un déficit énorme de gestion de la chose publique. Et nous ne cessons de le dire que les hommes politiques doivent travailler ensemble, mandater les gens dans un souci d’intérêt général lorsqu’il est question de conduire les missions républicaines.

Ce gouvernement peut-il encore utiliser l’excuse des troubles dans le pool (imputé injustement à nos camarades) pour justifier les lacunes criardes d’avancée économique dans la région ? C’est le CNR qui empêche le gouvernement de travailler ensemble avec les autres partis dans un processus de dialogue constructif ?

Je ne pense pas non plus qu’on puisse demain attribuer l’échec de ce gouvernement pour éradiquer le chômage, l’emploi des jeunes au CNR. Cela reste du ressort du gouvernement et le parti majoritaire seuls décideurs et responsables de grandes décisions qui impliquent la nation entière. Prétendre que le CNR fait le jeu du PCT est un non-sens, une hérésie.

Dac Presse : Quel est l’avenir des ninjas

Révérend Pasteur Frédéric Ntumi Bintsamou : Depuis 1998 nous avions signés des accords qui devaient assurer l’insertion de ces jeunes qui dans l’armée, qui dans la fonction publique. Ces accords remontent à plus d’une décennie et n’ont jamais été suivis d’effets. Jusqu’à ce jour, ces jeunes qui pour la grande majorité sont devenus des pères de familles, n’ont aucune source de revenus ni aucune prise en charge, en plus de cela, ils craignent toujours pour leurs vies, leur sécurité n’étant pas assurée.

Alors que les accords prévoient bien la prise en charge de ces jeunes et la garantie de leur sécurité, on constate qu’il n’y a aucun respect des engagements pris.

Pour essayer de faire face à cette situation, nous avons mis en place, avec la coopération d’un collectif d’associations, des moyens qui permettent de mener des actions susceptibles de sortir ces jeunes du désœuvrement dans lequel ils se trouvent jusqu’à ce jour. Et des petites structures de formation sont aussi créées pour leur permettre d’acquérir un métier.

Dac Presse : Votre projection pour 2016

Révérend Pasteur Frédéric Ntumi : Pour l’heure je ne peux pas encore me prononcer, tout dépendra des opportunités qui vont se présenter et du climat qui va présager. Ce qui est sûr la situation de notre nation et du peuple sont à placer au premier plan contre notre intérêt personnel.

Dac Presse : Quel message avez-vous à transmettre aux congolais

Révérend Pasteur Frédéric Ntumi Bintsamou :

Le seul message que je voudrais transmettre à notre peuple est celui de l’amour et de la paix. Nous devons nous rassembler pour construire un avenir à tous les enfants de la république. Nous avons souvent tendance à l’oublier que l’avenir de toute nation est entre les mains de nos enfants. Assurons-nous de faire tout ce qui est possible pour leur fournir une éducation et une instruction qui seront les armes nécessaires pour affronter le monde complexe de demain. Pour ce faire le CNR, malgré ses revenus modestes, a construit des bâtiments abritant vingt-quatre salles de classe, un internat, un réfectoire…. Nous allons également fournir les tenues scolaires aux enfants des anciens combattants. Ces bâtiments sont construits dans la région du POOL, district de MAYAMA. D’autres projets de même type sont à l’étude dans d’autres régions du Congo. Ce qui doit nous animer en cette période d’incertitude est avant tout le devoir d’œuvrer pour l’intérêt général. En tout cas c’est la priorité du CNR.

Merci à l’équipe DAC PRESSE d’être venu jusqu’ici (Brazzaville) pour nous rencontrer.

Président du CNR, le Révérend Pasteur Frédéric Ntumi Bintsamou

Interview réalisée par DAC PRESSE