Nul besoin de revenir sur le terrible drame du Pool que nous impose le Prince d’Edou, et que nous portons au fond de nos entrailles depuis maintenant 09 mois.
Cette douleur nous marquera à jamais au fer rouge. Seul le temps fera son devoir d’oubli, mais sans les réparations morale, juridique et matérielle des victimes. Nous autres, fils et filles du Pool, avions perdu notre âme faute de ne pas avoir secouru les nôtres. C’est une croix que nous porterons fort longtemps. Mais qu’aurions-nous pu faire face à la barbarie d’un pouvoir sans pitié qui tient malgré l’évidence à se maintenir coûte que coûte aux affaires nonobstant le désaveu populaire.
Tout homme est complexe. Ainsi, en l‘Homme peut coexister des sentiments de bonté et de méchanceté. A la veille de Noël et des fêtes de fin d’année, il est temps que Sassou retrouve un peu d’humanité en acceptant la trêve des confiseurs. Cette période pendant laquelle les armes doivent se taire pour permettre aux plus démunis et aux enfants de retrouver le sourire, la joie de vivre, et de croire au père Noël. Les séquelles psychiques de ce conflit sont énormes, incommensurables, et nous allons en payer le prix.
Ce n’est pas seulement le moral des troupes de ce qui reste de l’armée congolaise et des mercenaires qui est au plus bas. C’est toute une nation qui assiste médusée, tétanisée à une guerre sans raison après le saccage de son économie. La haine du tyran contre une partie de son peuple est si viscérale qu’elle lui éjecte les yeux de ses globes oculaires. Triste visage.
Sassou doit entendre raison car une armée aussi puissante soit-elle n’a jamais pu contenir un peuple en furie. Qu’il médite le sort de Mobutu, Idi Amin Dada, Pinochet, Compaoré, Samuel Doe, et il comprendra que les dictateurs finissent toujours mal. Échappera-t-il à la règle, rien n’est moins sûr. A-t-il pensé à son patronyme dur à porter qu’il léguera à ses rejetons tant il est devenu tristement célèbre et voué aux gémonies.
Il est temps de se recentrer sur les vrais problèmes de la nation au lieu de nous divertir avec la traque et l’emprisonnement des opposants congolais. Tout individu sur cette terre a droit à une vie décente. Il est de notre devoir nous qui sommes en charge de la communauté d’y veiller. En ces périodes de fêtes, la sagesse commande l’arrêt des hostilités car nul doute que personne n’a la tête à faire la fête tant nos problèmes ne sont pas réglés et nous tournons en rond. L’année 2016 a été une Annus horribilis.
Malgré son sacrifice humanitaire des populations du Pool, l’économie congolaise n’est guère reluisante. Il est temps de retrouver la raison et comprendre que la société congolaise hétérogène dans son ensemble aspire à vivre dans la sérénité, la quiétude. L’homme des masses populaires a vécu et il est temps qu’il s’en aille. Adieu les tam-tams, le folklore, le carnaval, la mascarade, pour laisser place à ceux qui ont le sens de l’état et de l’intérêt général.
Nul ne doute qu’à Mpila et Oyo, le champagne teinté du sang de nos victimes coulera à flot en cette fin d’année. Mais, vivons-nous tous sur la même planète ?
Cet homme ne laissera aucune trace dans l’histoire du Congo, sinon son goût immodéré pour le pouvoir quand bien même que la baraka l’a quittée et le peuple l’a désavoué. Tel un rat pris dans un piège, il ne peut plus s’échapper, alors que son sort ne fait plus aucun doute. Tout système a une fin et il serait dérisoire de vouloir jouer les prolongations. En ces temps des fêtes, qu’il nous surprenne un instant à la « Yahya Jammeh » en arrêtant sa foutue guerre civile. Après, il pourra retomber dans ses travers lui qui n’a jamais dans sa vie respecté aucun engagement ni serment.
C’est Jonathan Swift qui écrivait : “Je ne m’étonne jamais de voir des hommes mauvais, mais je m’étonne souvent de ne les point voir honteux.” S’amendera-t-il ?
Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA